La presse en parle

27 août 2012
Posté par
Marie

Frédéric Monceau dans Homopolitique.fr

Web-interview de Frédéric Monceau auteur du roman « Le coeur entre deux chaises »

Je suis en vacances !!! Alors même si je sais que c’est la rentrée politique, un peu ras le bol de Mélenchon, Nadine Morano, Boutin et compagnie, parlons un peu d’autre chose et pourquoi pas littérature ?

A ce sujet je voulais vous faire partager cette web-interview de Frédéric Monceau, jeune auteur de 21 ans qui publie sont 1er roman « Le cœur entre deux chaises ».

L’histoire : Ethan un jeune gay amoureux est au chevet de son homme Hayden dans le comas suite à une agression homophobe et fa rencontre Hugo, un beau gosse surfeur et à la sexualité ambigüe.

e-rencontre politico-littéraire  avec l’auteur :

Le cœur entre deux chaises
Par Frédéric Monceau
Éditions Edilivre
20,50 €

Ecrire son premier roman à 21 ans et réussir à trouver un éditeur : Bravo ! Mais pour vous quel est le but de ce roman : Raconter, Dénoncer, s’Exprimer, Divertir ?

Mon roman est avant tout un support à mon expression. Je ne veux pas l’enfermer dans un but précis mais le laisser, au contraire, évoluer et prendre toutes les casquettes possibles et imaginables. D’abord, c’est une lettre ouverte à mes proches et moi-même. C’est ensuite un divertissement pour mes lecteurs qui pourront, ou non, se reconnaitre dans l’histoire d’amour que vivent Ethan et Hayden. Mais peut être que cette histoire n’est qu’un prétexte qui m’a permis de dénoncer la vision actuelle de l’homosexualité. Je n’ai pas voulu écrire un roman pour pouvoir rajouter écrivain sur mon CV. Mon écriture s’accompagne d’un message en faveur des droits homosexuels, tout en tentant au maximum d’être capable de toucher un public non concerné.

Vous qui êtes né dans « la génération Y » et accro aux réseaux sociaux, pourquoi choisir d’écrire un roman ?

Je pense sincèrement que les réseaux sociaux et toute la technologie moderne ne sont que des outils qui améliorent considérablement notre quotidien. Pour autant, même si la modernité est capable de nous offrir les plus beaux films en streaming, certains préfèreront toujours lever les yeux vers le ciel et se divertir en contemplant les étoiles. J’ai toujours aimé lire et rêvé secrètement d’écrire ma propre histoire. J’aurais pu choisir d’écrire mon histoire sur un blog ou d’utiliser Internet pour assouvir mon besoin d’écriture, mais malgré toute la facilité d’utilisation de ses moyens et leur accessibilité, rien ne vaut l’odeur chaleureuse et familière du papier qui parcourt nos voies nasales à chaque changement de pages.

Votre roman parle beaucoup, à travers le personnage d’Hugo, de la difficulté d’assumer son orientation sexuelle différente. Pensez-vous que les mentalités ont évolué au sein de la société française ?

Je pense que la société a évolué mais que les citoyens n’ont pas suivi. Il faut être prudent avec les mots qu’on utilise et être conscient de ce dont on parle. La société ne veut pas dire « les gens ». De façon individuelle, les esprits restent fermés en affichant la philosophie « ça ne me dérange pas du tout, mais pas sous mon toit ». Cependant, l’Histoire nous a montré que les changements émanaient le plus souvent du peuple et je crois que l’évolution des mentalités ne se fera que par la capacité de la communauté gay à se faire plus entendre et accepter. Les homosexuels ne doivent pas avoir honte ou peur d’être eux-mêmes. C’est leur appréhension de la vision des autres qui les enferment et freine la société dans son changement de point de vue.

Vers la fin du livre, Ethan s’engage au sein d’une association appelée « Ados Gaies ». Cette association existe-t-elle vraiment ? Êtes-vous personnellement engagée au sein d’une association ?

L’association dans laquelle Ethan s’engage est fictive et n’existe pas réellement même si elle est très inspirée de l’association « Le Refuge » qui s’occupe de recueillir des victimes d’homophobie.  Personnellement, je fais partie de l’association « 2mains Rouges » dont la vente de T-shirt est reversée à différentes associations. Mon T-shirt est en cours de réalisation et les bénéfices des ventes à venir iront, justement, à l’association « Le Refuge ».

On peut également lire au sujet de l’adoption par des couples homosexuels qu’Ethan est « en colère contre ces politiques ou ces mœurs qui stérilisent volontairement une partie de la société ». Est-ce le personnage ou l’auteur qui parle ? Et quel est l’avis de l’auteur sur la question ?

Le personnage d’Ethan est inspiré de ma propre vie. Qu’il s’agisse de sa relation avec les autres au lycée, de son coming out, ou encore de sa relation amoureuse, la vie de ce personnage est calquée sur la mienne. Par conséquent, sa façon de penser l’est aussi. Je pense en effet que la politique portant sur l’adoption stérilise volontairement une partie de la société puisque les couples gays ne peuvent pas avoir d’enfants par la voie biologique, naturelle. De plus, comme je le dis dans le livre, la politique en vigueur sur  l’adoption a une double peine. Elle empêche un couple d’avoir un enfant et elle prive l’enfant en question d’évoluer dans un cercle familial plus favorable à son développement qu’un orphelinat ou quelconque autres structures. Je pense que les débats sur le sujet sont hypocrites et que les participants se cachent sous des prétextes psychologiques tels que l’identification maternelle ou paternelle de l’enfant. Le sujet de l’adoption par un couple gay est un débat noble mais qui s’est trompé d’époque. Comment voulez vous que les politiques soient favorables à un projet de loi en faveur de l’adoption par un couple homosexuel alors que la population homosexuelle, à l’heure actuelle, n’est pas complètement acceptée de tous ?

La politique est-elle un sujet qui vous intéresse ou faites-vous partie des jeunes dégoutés qui pensent que les politiques ne changeront rien ?

J’ai toujours été intéressé par la politique car je pense qu’elle définit les bases de notre société. Les jeunes ne sont pas dégoutés de la politique mais ils ne s’y intéressent tout simplement pas. Pourquoi ? Ce n’est qu’une question de confort ! Pour la plupart, ils n’ont simplement pas conscience des impacts de telle ou telle décision, ils ne visualisent pas l’effet d’une mesure financière internationale sur leur vie de tous les jours. La majorité des gens répète bêtement ce que les médias leur mettent quotidiennement dans le crâne. Modestement, je me pense différent de cette catégorie de personne et tente d’analyser le pour et le contre. Depuis quelques années j’ai assisté à une modernisation de la politique sur le plan de la communication. Je pense simplement qu’il y a un problème de dialogue et de compréhension entre les politiques et le peuple. Cela sera peut être amené à changer à l’avenir.

En cette rentrée politique, l’actualité tourne beaucoup autour de la question du mariage et de l’adoption par tous les couples. Pensez-vous que votre livre peut être utile à faire avancer l’égalité entre homos et hétéros ?

Mon roman n’a pas la prétention de pouvoir faire avancer les choses mais je pense qu’il peut éveiller la curiosité, de laquelle découlent l’analyse et le débat. Je crois véritablement que l’animosité envers la population homosexuelle vient d’un manque de connaissance. C’est en cela, peut être, que mon livre peut changer les choses. Je me dis, peut être prétentieusement, qu’après avoir lu mon roman, une personne n’étant pas forcément au courant des mœurs gays pourra changer de point de vue et voir la communauté homosexuelle sous un meilleur jour. Après lecture, peut être que les gens comprendront qu’il s’agit d’histoires d’amour et ne resteront plus figés sur la partie « sexuel » du mot « homosexuel ». Pour ce qui est de l’égalité entre « homos » et « hétéros », je pense que la différence réside uniquement dans la partie intime de chacun et que celle-ci ne concerne, justement, personne d’autre que les personnes concernées.

L’élection de François Hollande et l’arrivée du Gouvernement Ayrault ont- elles changé quelque chose pour vous en tant que jeune gay ?

En tant que jeune gay je n’ai pas vu de changements sur mon quotidien. J’ai simplement cru entrevoir une lueur d’espoir et des sourires sur les lèvres lorsque le sujet du mariage gay a été abordé. Tant qu’aucune véritable mesure ne sera prise il n’y aura pas de véritables changements. Pour l’instant, le gouvernement en est encore à la phase des négociations et des annonces, attendons de voir des choses concrètes.

A 21 ans, on peut imaginer que « Le cœur entre deux chaises » n’est que le début de votre publication. L’homosexualité restera-t-elle votre sujet de prédilection où voulez-vous sortir de ce registre pour ne pas devenir un « auteur à pédé » ?

Je suis passionné de littérature et non d’homosexualité. Mon premier roman était une accumulation de choses que j’avais besoin de dire. A présent dites, je pense pouvoir ouvrir le débat sur d’autres sujets. Je suis actuellement en pleine rédaction de mon second roman « La tailleuse de ballet » qui porte sur l’importance des décisions dans notre existence. De plus, « Le cœur entre deux chaises » n’est pas un roman uniquement destiné à un public gay. Au contraire, c’est peut être sur le public hétérosexuel qu’il peut avoir le plus d’impact en leur faisant découvrir ma vision du monde gay. J’espère pouvoir continuer d’écrire encore beaucoup de roman et déposer ma plume sur des sujets divers et variés. Mais pour l’instant, une chose après l’autre.

 Bonne continuation !