DQ, Don Quichotte de l'encre rouge

Alex, quinquagénaire, rentier en marge de son village berrichon et du monde moderne, décide de se mettre à l'écriture. Son roman achevé, obnubilé par sa valeur, il s'octroie un nouveau rôle : celui de l'écrivain combattant ! Tel le célèbre chevalier incompris auquel fait référence le titre du roman, Ce doux dingue comme le surnomme ses voisins, part, son manuscrit sur le ventre, défendre son texte à la capitale et combattre la littérature molle ! A la conquête de Trébizonde, nom secret du pays des princes de l'édition, il va vivre des aventures titanesques en compagnie de son ami d'enfance. Tous les obstacles rencontrés sont prétextes à des combats contre une armée d'agresseurs ou face à des éclaireurs de l'armée du Découragement ! Ce ne sont pas les soirées littéraires chez le fameux éditeur Mougnaton ni son effrayante salle des manuscrits, véritable océan de papier où croupissent les manuscrits rejetés ; ni ses exploits à la Sorbonne qui lui feront reprendre pied dans la réalité. Notre avis : A travers le personnage excentrique d'Alex, Eric Lebreton nous offre une bien jolie satire du monde littéraire, monde hermétiquement clos s'il en est : le règne tout puissant de la cooptation et des artifices, relègue au second plan le véritable talent littéraire. On décèle qu'en filigrane, Alex est l'humble transposition des idées de Voltaire ou de Malraux pour qui l'action est l'aboutissement de l'écriture. Un roman admirablement bien construit dont on appréciera le séduisant parallèle avec le héros de Cervantès, grâce à des scènes épiques telle la veillée funéraire d'un critique littéraire, la découverte de la Mer Morte des manuscrits non lus, la révolte estudiantine ou encore le tournoi littéraire berrichon de Freston… Emilie Barreau, responsable éditoriale de la collection coup de coeur