Livre

De l'ombre à la lumière

De l'ombre à la lumière

Par Josina Godelet

Thème : Témoignage

Date de publication : 09/03/2016

Je glane ce que je peux du printemps naissant : quelques rayons de soleil osent se risquer sur mon mur, des chants lointains d'enfants au retour du parloir, une sorte de joie impalpable dans l'éclat d'un ciel bleu et uni.
L'hiver est lugubre pour l'emprisonnée, mais le beau temps accroît la sensation cruelle d'être oubliée. La pensée se porte vers tous les jardins que l'on a connus, les fleurs, les arbres. N'ayant pas supporté patiemment l'hiver dans l'attente du printemps, il est difficile de le voir arriver et de constater que rien n'a changé pour les détenues, que rien ne s'est produit. L'événement imprévisible qu'il semblait impliquer tout naturellement, finit néanmoins par emporter l'optimisme contenu dans l'air plus léger.
Ce matin, un oiseau s'est posé sur la crête du mur. Il a siffloté négligemment et m'a regardée avec curiosité : revanche de tant de cages ? Je lui ai jeté en vain des miettes de pain. Il n'a pas voulu descendre dans cet enclos suspect. L'oiseau s'est envolé, mais moi je reste là à l'envier, lui qui peut prétendre voler vers d'autres cieux.


N. B. : C'est parce qu'on se retrouve à l'intérieur de la prison qu'on se rend compte à quel point elle est injuste. Avant d'y être moi-même confrontée, l'idée ne m'avait même pas effleurée... Que dois-je faire ? Attendre, me dit-on... Demain sera meilleur. La vie recommence dans quelques mois...
Quand tu auras payé, plus légère tu seras. Je sais aujourd'hui que, malgré le boulet détaché, les marques resteront.


  • Roman (134x204)
  • 26 pages
  • ISBN : 9782332983343
8,50 €
4,99 €
Papier
Numérique

Josina Godelet

Biographie

Josina Godelet

Josina Godelet est sortie de la prison de Sequedin en avril dernier. Elle y sera restée trois mois, après avoir été condamnée pour escroquerie, faux et usage de faux. Dès son arrivée, cette femme de 41 ans décide de coucher ses impressions sur papier.
« Dans le kit qu’on nous donne, il y avait un carnet et un stylo. J’ai tout de suite commencé à écrire ce que je ressentais, raconte-t-elle. Et tous les jours jusqu’à ma sortie, je transformais mes expériences et mes sentiments en mots pour lutter contre l’isolement et le manque de mes enfants. »

Lire aussi
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Avis des lecteurs

Criant de vérité et si poetique - 09/05/2016

J'ai été charmé par sa qualité d’écriture, son sens du détail. Ses métaphores pour nous donner une idée pour nous évader à notre tour, J'étais étonné du peu de nombre de page mais je me suis senti transporté et c'en était assez car il n'en reste pas moins intense. Tout est dit pour nous faire plonger avec elle dans les abysses du monde carcéral. Avec brio tu a su nous faire réaliser comment, par un changement d'humeur, un juge sera magnanime ou pas, décrire le temps qui s’écoule comme de l'eau et le chemin parcouru qui t'a mené au succès grâce à ton premier livre . Bravo Josina. A recommander !

superbe... - 04/05/2016

Ce qui m’a le plus marqué dans ce livre par rapport au journal de bord d'une détenue, ce sont les descriptions avec des mots d'une douceur sans pareil, capable de créer une tendre émotion pour le lecteur. Surtout, lorsqu'elle construisait son cocon onirique afin de pouvoir "s'évader" à tire-d’aile de cette cage de 9 m² grâce au printemps, ses souvenirs d'enfance entre autres. Elle met aussi en évidence l'inégalité entre les détenues, en fonction de leur mode de vie, face à cette épreuve. Un phénomène déroutant vu de l'extérieur mais finalement logique.

emouvant - 31/03/2016

Dans le nouveau livre de Josina Godelet si justement intitulé De l’ombre à la lumière, l’auteur se penche une nouvelle fois sur son parcours singulier qui l’a poussé à l’écriture. Là où elle nous avait fait découvrir la froideur du monde carcéral minutes après minutes, jusqu’à faire ressentir au lecteur le vertige des privations, des angoisses et peines personnelles du détenu à qui on fait bien comprendre qu’il n’est plus que cela, dans ce nouvel opus, l’auteure revient sur ce thème de l’enfermement qui demeure même lorsqu’on est libre d’aller où bon vous semble. Une liberté, somme toute réduite au départ, puisqu’équipée d’un bracelet électronique réduisant ses sorties, l’auteure doit faire face au regard culpabilisant des gens du dehors, justifiant bien le slogan Sartrien « l’enfer, c’est les autres ». Que même sortie de prison elle se trouve toujours dedans. Alors elle se confine, s’interroge sur cet enfermement qui aurait pu la faire basculer dans le pire désespoir et son cortège de gestes irréparables, elle puise en elle-même pour chercher de nouvelles formes de fonctionnement humain qui lui permettent de se reconstruire. Elle nous explique cette Étrange vie au ralenti, sans événements ni secousses ! Il n’arrive plus rien ! Curieuse existence en veilleuse qui vous guérit de la fébrilité : désormais on mangera lentement, on n’aura plus hâte d’avoir fini ce qu’on a à peine commencé, on prolongera les rares conversations, on ne consultera plus sa montre, on découvrira les brins d’herbes et les taches du mur. C’est là la vérité distillée dans ce livre : Nous sommes tous des prisonniers de temps qui passe, qui passe toujours trop vite, surtout en lisant ce livre poignant de sincérité.