Interview écrite

Rencontre avec MATTHIEU ALEXANDRE, auteur de « Fleur de Pâques » 
12 septembre 2017
Posté par
Flora

Rencontre avec MATTHIEU ALEXANDRE, auteur de « Fleur de Pâques » 

ALEXANDRE, MatthieuPrésentez-nous votre ouvrage

Fleur de Pâques est une fiction inspirée d’un fait d’actualité. Le format de type « nouvelle » renoue avec les short stories à l’américaine : une unité de lieu et d’action et deux personnages. La narration est à deux voix, l’histoire est vue de deux points de vue. L’intrigue est révélée dès les premières lignes comme dans un feuilleton des enquêtes du Lieutenant Colombo ou comme dans un scénario d’Alfred Hitchcock, autrement dit, c’est d’avantage le traitement de l’histoire qui porte le lecteur que le dénouement, même si celui-ci réserve quelques surprises.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Journaliste, reporter-photographe, je prends des notes sur tous mes reportages. Et parfois ces notes se transforment en articles, et ici, avec ce récit j’ai pris quelques libertés avec le style journalistique tout comme avec l’objectivité des faits, je me suis laissé porter par l’écriture et ce récit, devenu une fiction, a pris la forme d’une nouvelle. Cette histoire date de 2009; J’ai retrouvé ces notes dans un de mes carnets et j’ai décidé de tenter l’aventure de l’édition littéraire.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?

Les deux protagonistes de ce récit, un couple de jeunes amoureux, sont en quête de liberté. Aussi, j’aime à penser que ce récit s’adresse à tous les lecteurs qui se posent la question de la liberté : la trouve-t-on dans les actes ou en soi ? La liberté est-elle émancipatrice ou mortelle ? Ce récit à deux voix en offre, d’une certaine manière, deux réponses.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?

Natasha, un des personnages de cette nouvelle, a tout juste 18 ans, elle dit n’avoir connus que des hivers et un seul jour de printemps : aujourd’hui. “Et même si je sais maintenant que ce jour tant espéré ne connaitra jamais de lendemain” dit-elle; “Je ne regrette pourtant rien, pas même d’être entrée dans ce bâtiment où j’ai perdu la vie en croyant toucher mes rêves”. Sous un vernis dramatique, ce récit est un hymne à la vie et invite le lecteur à une réflexion sur la vie et la mort. L’allégorie de la fleur renvoie à la jeunesse de Natasha et Pâques, selon son sens étymologique se rapporte à la notion de passage : de la vie à la mort mais aussi de la mort à la vie. Natasha, qui n’a, dit-elle, connu que des hivers, prend-t-elle vie finalement le jour de sa mort, telle une fleur qui éclot au printemps ?

Où puisez-vous votre inspiration ?

A l’origine de cette histoire, une photographie : Au lendemain des élections législatives en Moldavie, une république de l’Europe de l’Est, enclavée entre l’Ukraine et la Roumanie, une jeune fille, une pâquerette dans les cheveux, défie un policier en uniforme alors que des manifestants qui contestent le résultat du scrutin s’apprêtent à forcer les portes du Parlement et à y mettre le feu. Je fais la photo de cette jeune fille qui s’oppose à un policier ainsi que des photos du Parlement en flammes. Le lendemain dans le journal Le Monde je lie qu’une victime, une femme, est morte dans l’incendie du Parlement. Cette nouvelle m’a bouleversé et comme souvent dans mon travail de photographe, j’ai été amené à me questionner : la victime pourrait-elle être cette jeune fille à la pâquerette sur ma photo ? L’écriture est venue de là. J’ai écris cette histoire d’une traite. L’information du journal sera finalement infirmée quelques jours plus tard. Des flammes ne sortira heureusement aucune victime, seulement ce livre.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

J’ai rédigé cette nouvelle il y a 8 ans, depuis j’ai également écris le scénario d’une bande dessinée qui paraitra aux Editions Casterman en juin 2018. J’ai cinq autres manuscrits que je suis occupé à retravailler. Quatre d’entre eux pourraient faire l’objet d’une série de nouvelles : avec un personnage commun aux quatre volumes qui guide le lecteur d’un pays à un autre, d’une aventure à une autre. Cette série est également inspirée de faits réels et de personnages rencontrés lors de mes reportages, même si une fois de plus je prends des libertés avec la forme du récit qui n’est pas journalistique mais qui porte le lecteur au coeur d’une fiction qui se déroule il y a un demi-siècle à la recherche d’un trésor. Le cinquième manuscrit est quant à lui une fiction complète inspirée d’un personnage dont on ne sait s’il est issu de l’histoire ou d’une légende, peut-être bien des deux.

Un dernier mot pour les lecteurs ?

La vie est faite de bonnes et de mauvaises nouvelles, nous dirons de celle-ci qu’elle est courte.  Bonne lecture !