Interview écrite

Rencontre avec Marie-Josèphe Guers, auteur de « Des nouvelles d’Arthur ? »
12 novembre 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Marie-Josèphe Guers, auteur de « Des nouvelles d’Arthur ? »

Marie-Josèphe_Guers_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
 » Des nouvelles d’Arthur ?  » raconte les avatars d’un couple, qui, ayant vendu une maison trop lourde se retrouve sans toit pendant un an, dans l’obligation d’errer à la recherche du havre. Si elles deviennent cocasses considérées avec le recul, ces aventures sur le moment ébranlent la belle union de Lolef et Arthur. Que leur aura appris cette expérience inédite ? Vous le saurez en les suivant dans leur périple.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
On prétend qu’écrire un ouvrage tient de la thérapie. ce n’est pas faux, ce n’est jamais tout à fait cela non plus. En écrivant, on métamorphose, on transforme, Surtout on s’adresse à quelqu’un. On écrit pour rencontrer, au delà des mots, une écoute. En outre je voulais apporter un témoignage sur notre société, ses modes, ses façons de penser, sur des personnalités multiples, sur des régions de France, leurs climats, leurs saveurs. Ce roman est aussi un voyage. Si l’on se contente de vivre le présent on laisse filer des pans entiers de notre vie, qui ne font que s’accumuler comme des strates avant de sombrer dans l’oubli. C’est ce défi que relève tout artiste : laisser des traces.

Vous inspirez-vous de votre propre expérience pour dépeindre de façon si réelle les relations humaines ? 
 » Madame Bovary c’est moi  » répondait Flaubert. Est-ce votre histoire ? C’est la question la plus fréquente que l’on pose à un écrivain. Étrange cette volonté de rattacher une oeuvre d’art au réel, alors que la mission de l’oeuvre est de créer un univers unique, qui ne ressemble à aucun autre. Le miel n’est pas un concentré des saveurs de fleurs que butine l’abeille, il est le pur produit de l’abeille, son oeuvre, qui ne ressemble à nulle autre. Chaque écrivain a son propre univers, même s’il est réceptif à tout ce qui vit, ce qu’il voit, devine, entend, respire, le nourrit. Puis, à force de distanciation avec la réalité, qu’implique écriture, construction, musique du texte, naît son oeuvre, qui reflétera plus ou moins la réalité, ou pas du tout. Il se trouve que nous avons vécu, mon mari et moi la rude expérience de SDF, sans toit pendant une année. Notre aventure inconfortable n’a en rien ressemblé à celle, cocasse, d’Arthur et sa compagne, d’où la phrase que je cite :  » toute situation considérée avec recul contient un élément de comique ravageur  »

Vous êtes également peintre, trouvez-vous qu’il existe un lien entre peinture et écriture ?
 » Les parfums, les couleurs et les sons se répondent « . Cela est vrai de tous les arts. Consciemment ou non, des échos de mon intérêt pour l’art de peindre et l’art de décrire se retrouvent dans mon oeuvre. Je suis également sensible aux parfums, aux odeurs, mes images le reflètent également. Tous les arts sont en étroite relation dans toute oeuvre d’art authentique.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Pour  » Des nouvelles d’Arthur?  » le public est illimité : tous nous avons vécu, ou vivrons une aventure ou mésaventure, liée à la vente, l’achat ou la location d’un bien immobilier. Même si le cas de mes héros est poussé à l’extrême, chacun y trouvera un reflet de qu’il a connu, une réponse pour ce qu’il s’apprête à vivre. Ce roman  » comique  » ne s’adresse pas pour autant qu’à des lecteurs avides de distraction, le fond du roman est plus grave et touche au drame parfois puisque cette aventure menace l’amour que se portent mes héros, puisqu’il est une satire sociale de notre époque et de nos comportements. Puisqu’il évolue vers l’absurde et remet en question bon nombre de nos croyances et certitudes.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?
Il n’est pas nécessaire d’avoir un message à transmettre pour créer. Il arrive d’ailleurs souvent que le message livré dépasse son créateur, il n’a parfois pas conscience de la portée de ce dont il témoigne. J’ai voulu raconter, en la métamorphosant pour la rendre exemplaire, une aventure inhabituelle. J’ai voulu amuser mes lecteurs en me libérant des tensions qu’avait générées en moi une période difficile de ma vie. J’ai peut-être voulu prouver qu’un écrivain ne doit pas être cantonné dans un genre, j’ai écrit sur Paul Claudel, Camille Claudel, sur la mort de l’être aimé dans « la Femme inachevée » etc. Pourquoi n’aurai-je pas le droit d’user du genre comique pour écrire ? Que ce soit chez Molière, Shakespeare, Proust, Claudel, tout est mêlé, cosmique et comique, tragique et familier. J’ai voulu montrer également que, quelle que soit l’épreuve que vous présente l’existence, elle peut, selon la manière dont on l’assume, devenir une chance, un atout. L’épreuve n’est jamais une injustice, elle est une nécessité, inévitable quoi qu’on fasse. Il est souhaitable de vivre des épreuves pour grandir, se développer, et devenir soi-même pleinement.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Ces jours-ci Edilivre vient d’accepter de publier prochainement un autre de mes romans :  » Rupture « , histoire d’un envoûtement amoureux dont se délivre dans la douleur mon héroïne. C’est un roman d’un ton grave, mais les situations cocasses ou burlesques n’y manquent pas. Des projets d’écriture j’en ai d’autres : peaufiner un texte insolite dont l’inspiration est légère et dont le titre est  » Petite coquine « . Un autre de mes projets concerne le théâtre, l’art du présent par excellence. Enfin, le grand projet qui me tient à cœur mais ne concernera peut-être que quelques intimes, est d’écrire sur ma mère, que je chérie et qui a disparu. L’entreprise sera douloureuse, mais je lui dois cet hommage.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
C’est la première fois que je te tente une aventure avec un éditeur original comme Edilivre. Ayant eu la chance de compter dans ma carrière littéraire des éditeurs divers, d’avoir été éditrice moi-même, je souffre de voir à quoi se réduit l’édition dite  » traditionnelle  » : manque d’accompagnement, de sérieux, de curiosité, conduisant des éditeurs français à préférer les auteurs étrangers plutôt que d’avoir le courage d’éditer des auteurs français, ce qui est la mission de tout éditeur français en France. J’ai pour « Des nouvelles d’Arthur ? » choisi Edilivre dont l’esprit m’a semblé plus ouvert. L’avenir me dira si j’ai réussi à toucher les nombreux lecteurs à qui je destine mes ouvrages, et à les séduire. Mais l’expérience est de toute façon enrichissante.