Interview écrite

Rencontre avec Mandy Vila, auteure de « Homophobia »
10 juin 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Mandy Vila, auteure de « Homophobia »

Mandy_Vila_EdilivrePrésentez-nous « Homophobia » en quelques mots ?
Au départ, l’ouvrage devait s’appeler « Le parfum des roses », ce n’est qu’à la fin de l’écriture que j’ai opté pour « Homophobia », qui pour moi, est un titre plus fort et plus aguicheur, sans aucune vantardise de ma part bien sûr. Cette nouvelle est en partie basée sur des faits réels, des témoignages. Elle parle d’une jeune femme harcelée sous le prétexte de son homosexualité, des gens et de leur intolérance en terme général. Cette intolérance aurait pu être montrée par le biais du racisme ou d’autre chose mais ici, c’est de l’homophobie dont il est question.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
La vie est sale, il faut se l’avouer. Être gay ou lesbienne en 2014 n’est pas une chose simple et plus d’un ne s’amuse pas à crier son homosexualité sur les toits. Certains en sont fiers mais certains en souffrent. Il y a la peur du regard des autres certes, mais également l’acceptation du véritable moi. J’ai lu beaucoup de témoignages dans lesquels les personnes en question avouaient avoir eu du mal à s’accepter telles qu’elles étaient réellement. L’année 2013 a été l’année du mariage gay et il y a eu plusieurs polémiques autour de toute cette histoire. Même encore aujourd’hui, on peut voir des personnes protestant contre cette loi pourtant acceptée par le gouvernement. L’écriture de la nouvelle s’est faite en été 2013, au cœur de l’actualité donc. Je me suis sentie terriblement honteuse de l’espèce humaine quand j’ai vu tout ce qu’il s’était passé. Encore aujourd’hui, j’ai pu entendre aux informations qu’un couple d’homosexuels s’est fait tomber dessus par des personnes qui ne tolèrent pas leurs identité sexuelle. Toutes ces histoires d’homophobie me révoltent. Je ne comprends pas l’intolérance. En écrivant cette nouvelle, je voulais pointer du doigt l’impact que l’attitude de certaines personnes peuvent avoir sur d’autres. Ce genre d’ « amusement » est du harcèlement. Je voulais montrer à mes lecteurs à quel point tout ceci est grave, à tel point que des personnes en viennent à se suicider. L’année dernière, avec le clip « College boy », (qui pointe du doigt le harcèlement à l’école et l’homophobie), le groupe Indochine a fait fort. Ils ont fait polémique en montrant des images fortes pour dénoncer la violence, ce qui en a fait réagir plus d’un. Donc je dirais qu’« Homophobia », c’est un peu mon « College boy » à moi.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Tout le monde peut le lire, c’est un livre tout public. Autant à des adolescents qu’à des personnes plus matures. Je le pense accessible à tous, notamment au niveau de l’écriture. Après, tout dépend des goûts de chacun. Il faut aimer ce genre de récit. Dans cette nouvelle, je pense qu’il est préférable de se tourner vers l’aspect psychique d’Annabelle que sur l’aspect aventurier, inexistant dans le livre. Ensuite, je pense qu’il faut un minimum s’intéresser à l’actualité pour savoir ce qu’il se passe. On ne peut comprendre sans savoir un minimum de choses. Sinon, le genre de lecteur importe peu tant qu’il se sent intéressé par le sujet en question, pour moi c’est le principal.

Quelles sont les principales qualités de votre livre ?
Prôner les qualités de son propre ouvrage est une tâche difficile pour tout auteur selon moi car il peut très vite tomber dans la vantardise, ce que je ne cherche pas à faire. Mais si je devais dire du bien de ma nouvelle, je dirais qu’une de ses principales qualités est qu’elle est dans l’air du temps par son sujet engagé. Mais sujet qui ne peut pas plaire à tout le monde évidemment.

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour écrire cette nouvelle ?
Comme je l’ai dit tout à l’heure, cette nouvelle a été en partie construite sur des faits réels. L’histoire d’Annabelle et de Carla sont fictives bien sûr mais pas complètement. Un mois avant avoir commencé la rédaction, un suicide a eu lieu dans mon village voisin. La fille avait 22 ans, était homosexuelle comme Annabelle mais s’appelait Anaïs. Elle s’est donnée la mort un matin du mois de juin par pendaison, tout comme l’héroïne de ma nouvelle. Quelque part, c’est sa mort qui a donné naissance à mon histoire, je voulais lui rendre hommage à travers cette nouvelle. Ensuite, la rédaction se construit sur tous les éléments lus dans les témoignages. Les lettres d’insultes, les humiliations, les œufs brisés dans la boîte aux lettres et le mot « virus » pour désigner une personne homosexuelle dont je parle dans le livre sont tirés de ces témoignages. Je n’ai rien inventé. En revanche, j’ignore si Anaïs s’est suicidée pour la même raison qu’Annabelle. C’est une pure invention de ma part ou bien je suis devin peut-être, qui sait ? En tout cas, ce suicide n’a pas été décidé au hasard, je pense que les gens ne peuvent prendre conscience de quelque chose tant qu’il n’y a pas un événement qui les frappe. Donc, peut-être que beaucoup trouveront cela exagéré et poussé à l’extrême du pathétique et du tragique mais c’est ma façon à moi de marquer quelque chose. Quelque part, je l’avoue, je me fiche des « qu’en dira-t-on ? ».

Aujourd’hui, quel serait le plus beau compliment qu’un lecteur puisse vous faire ?
Je fabule sans doute un peu, mais l’aboutissement de ma nouvelle serait qu’une personne homophobe me contacte en me disant qu’il réalise combien ses actes ont pu être honteux. Ce serait le plus beau compliment. Ensuite viennent les compliments plus classiques mais qui ont sont tout aussi agréables à entendre comme par exemple des compliments sur mon style d’écriture, sur le sujet abordé ou bien des personnes me demandant de poursuivre mes projets. Je pense que ce sont des compliments que tout auteur aime recevoir.

Vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Je suis actuellement plongée dans l’écriture de mon premier roman et cela depuis janvier 2014. Le titre provisoire est « Salinger mon amour ». En quelques mots, il parle d’un garçon fasciné par Holden Caulfield, le personnage imaginé par l’auteur Salinger dans son roman « L’attrape-cœurs ». Tim, le héros du roman est un personnage très perturbé et marginal sur les bords. Il ne souhaite qu’une chose, quitter ce monde où il se sent trop différent. Un jour, il rencontre un vagabond dans les nuages et se lie d’amitié avec lui. Mais ce garçon ne connaît rien de la vie sur terre. Il rêve de la vie qu’a Tim et Tim rêve du style de vie du vagabond. Dans ce roman, je tente de faire ressortir le mal-être qu’un adolescent peut ressentir, à ma manière. Je pense que beaucoup de jeunes adultes pourront se reconnaître dans le personnage de Tim, un ado torturé, révolté et fervent d’humour noir. Mais le roman n’étant pas encore terminé, j’ignore s’il est destiné à la publication. En revanche, une amie et moi, pensons de plus en plus à un recueil de poésie réalisé à quatre mains mêlant un univers autant mélancolique que Parisien et autant sombre qu’onirique. Nous songeons à le commencer l’été prochain.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
J’aurais aimé m’adresser aux lecteurs à la manière de Baudelaire, cependant le talent de ce maître n’est pas entre mes mains donc je voudrais simplement remercier mes lecteurs de me lire, d’apporter de l’attention à ce que je fais car après tout, mes ouvrages n’existent qu’à travers eux. J’ai déjà eu beaucoup d’avis très satisfaisants sur « Homophobia » et je me sens obligée de produire à présent quelque chose de meilleur afin de ne pas les décevoir, mais l’écriture me fascine, ce n’est pas du travail pour moi ou bien disons que c’est un travail plaisant et surtout enrichissant. Merci beaucoup de m’avoir reçue pour cette interview.
.