Interview écrite

Rencontre avec Joëlle Pailler, auteur de « Les Visiteurs du soi »
4 février 2015
Posté par
Flora

Rencontre avec Joëlle Pailler, auteur de « Les Visiteurs du soi »

Joëlle_Pailler_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
Si ce roman a des parfums d’aventures et d’horizons lointains, il est aussi initiatique car chaque événement, chaque rencontre ou défi sont autant d’opportunités qui obligent à se recaler pour être avec justesse dans la situation. Le ressort des Visiteurs du soi c’est l’ouverture à l’initiation, à ce qu’il faut changer en soi pour se sentir plus complet, moins carencé, plus adapté. Plus digne d’être aimé et d’aimer.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Par goût de l’introspection, celui de percer certains mystères, puis de me donner le bien-être de l’abandon après l’effort ou l’exploit, comme le vivent un peu mes personnages, mais tout cela dans une grande liberté !

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
À tout public. Les amoureux d’horizons lointains, ceux qui aiment s’enrichir de la singularité de l’autre, affiner leur psychologie et  faire preuve d’empathie quand nécessaire. Le récit s’adresse aussi aux férus de psycho-généalogie, puisqu’il y est question de secrets de famille, de ces liens transgénérationnels qui agissent comme des kystes, des nœuds ancestraux empêcheurs d’aller vers sa nature profonde, pour ceux qui en sont les héritiers.

Pourquoi choisir le genre thriller ?
C’est un mode qui convient aux temps de la vie, des saisons, à la maturation des choses. J’aime ses arrêts, ses reprises et ses replis encore. Toute démarche, scientifique, policière, psychanalytique, stratégique, ou bien même l’espoir de guérison… Tout cela est marqué par le suspense. Ce sas d’incubation silencieuse d’où naîtront bientôt les solutions, les guérisons, les musiques, les romans, et toutes les gestations du monde. Il y a peu, la planète est restée suspendue, haletante, dans le grand sas qui a suivi l’assassinat des belles figures de Charlie Hebdo, et des autres…

Quelles sont les principales qualités de votre livre ?
Je ne peux guère juger de l’habileté de mon style, de sa construction ni du reste. Je souhaite qu’il en émane une vision non-matérialiste, donc élevante des relations humaines tant sociales, familiales, qu’affectives, et ce à tous les niveaux. C’est une discipline d’autogestion émotionnelle à mettre en place, et qui devient une élégance envers l’autre. La pratique du yoga, entre autres, porte assez dans ce sens. Dans la partie « Le passager des neiges », le personnage de Gill franco-américaine, femme splendide, mariée à un homme fortuné, souffre pourtant d’une grande détresse… Jusqu’au jour où Grant, malgré sa jeunesse, l’amène à saisir les mécanismes de sa névrose emprisonnante, qu’amplifie sa vision orientée vers le luxe, la finance et le sexe. Ici, j’ai développé plusieurs formes d’amour, mais les plus satisfaisantes sont celles qui sont en interaction avec la nature et l’univers.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?
Une partie de la réponse est déjà donnée… Faire l’effort d’une vision plus détachée de nos fonctionnements ordinaires, demeurer concret dans la fluidité, éviter de se crisper sur le matériel, ses comptes en banque, l’instinct de possession à tout niveau. Enfin, même s’ils sont périlleux, se donner les moyens de ses métamorphoses, comme le fait Thomas dans la partie « Sur la route de Saona » en changeant d’identité sexuelle, seule voie de sa vérité (transgénérationnelle). Savoir toutefois que devenir soi-même est un grand défi, un immense travail, souvent athlétique.

Où puisez-vous votre inspiration ?
En regardant le monde, ceux qu’on aime et les autres, en plongeant dans le regard des animaux pour y lire leur tendresse, leur confiance et leur besoin de vous ! La nature aussi, les jardins, les grands espaces, les grandes idées. Je suis fan des bons polars, des documentaires sur la faune et la flore. Une exposition, une pièce de théâtre, un concert, une chanson… Écouter Charles Trénet, sa facilité subjuguante à marier les notes et les mots, c’est un hymne à la vie ! Cette vie, grand théâtre où le sublime côtoie la tragédie… Nous venons d’en avoir une sacrée illustration…

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Derniers Sanctuaires sortira au printemps, je pense. Une grande partie du roman se déroule en Afrique australe, au Zimbabwe, et traite de la faune sauvage, de la sauvegarde des écosystèmes, de la misère du peuple dans un pays aux richesses inouïes. Il y a aussi une partie consacrée aux amérindiens du Dakota du Sud, ce peuple rouge étonnant, quasi indestructible. Il y sera question d’amour contrarié, d’évasion, de secrets de famille, de transgression illicite, de causes à défendre sur le mode thriller, dans les splendeurs d’une nature féconde, mais dont certains points sont préoccupants. J’ai en cours un autre roman qui se déroule en Louisiane.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Qu’ils trouvent en ces destins croisés des petites clés à leurs questionnements dans le rebond de l’évasion, là où l’analyse devient fluide et inspirée par la beauté des étoiles et la force de la nature.