Interview écrite

31 octobre 2012
Posté par
Flora

Rencontre avec Huguette Nganga Massanga, auteur de « Rêve d’ailleurs ! »

Huguette Nganga Massanga , vous avez publié Rêve d’ailleurs !, quel message souhaitez-vous faire passer à travers ce roman ?
J’imagine une sorte de regard croisé entre deux aventures humaines, celle d’un jeune noir africain et d’une jeune européenne. Les deux sont liées par le mariage et une envie folle de partir de leur pays parce que fasciné(e) par celui de l’autre. Je traite de la délicate question de l’immigration, du désir de migrer pour trouver une vie meilleure ailleurs.


Rêve d’ailleurs !
est une manière de quitter les idées reçues sur l’obsession au départ qui serait propre à des peuples en quête de bonheur matériel. Ce roman veut prendre le temps de s’arrêter et de comprendre qu’au très profond de l’être humain habite ce désir de quitter les situations qui le font tourner en rond, la routine, l’ennui.

Comment en êtes-vous venue à l’écriture ?
J’ai pratiqué le théâtre au lycée et la troupe dans laquelle je jouais n’interprétait que les textes écrits par les acteurs. C’est ainsi que comme les autres, j’ai été amenée à écrire des pièces de théâtre. Je n’ai pas réussi à faire jouer une de mes pièces, à l’époque, mais c’est grâce à cet exercice que plus tard j’ai travaillé et publié mon premier roman chez Edilivre, L’envers du décor.

Le thème du voyage est central dans ce roman. Pourquoi ?
Parce c’est un thème qui me tient à cœur et m’interpelle. Je suis très touchée de voir comment des personnes très déterminées sont capables de tout perdre afin de gagner une parcelle de vie ailleurs, quelque part, parfois sans y connaître personne. Des jeunes et moins jeunes prennent le risque d’aller vers l’inconnu juste avec des rêves qu’ils s’obstinent à vouloir faire devenir des réalités. La peur dans le ventre, mais forts de leurs rêves ils y vont sans regarder derrière. Je suis aussi marquée par mes voyages personnels, des histoires que j’ai visitées, des témoignages que j’ai reçus. Des histoires heureuses de solidarité face à la douleur, l’exil, l’adversité. Des histoires malheureuses de ces personnes qui perdent leur vie à cause de ces départs. Ces personnes qui renient leur identité dans l’espoir de ne plus susciter la curiosité dans leur terre d’accueil. Des histoires de métissage qui se déroulent avec les hauts et les bas.

Vous avez reçu le prix Tchikounda de meilleur écrivain en 2010 pour votre premier roman L’envers du décor. Que vous a apporté cette reconnaissance ?
La joie d’être reçue chez moi comme une enfant, une femme de mon terroir. C’est une reconnaissance par les miens de mon appartenance à la culture de mon pays. Ce prix est symbolique de la communion avec nos ancêtres, puisque le grelot nommé, tchikounda, qu’on reçoit est un instrument réservé aux initiés. Il permet de communier avec nos ancêtres. C’est pour moi une bénédiction et un cadeau de bien(re)venue chez moi. Puisque j’ai reçu ce prix quelques temps après mon retour dans mon pays, alors que je venais de passer plus d’une dizaine d’années à l’extérieur et j’avais décidé d’y revenir définitivement. Ce prix m’a aussi permis de faire la connaissance d’un monde culturel que je ne connaissais pas et dans lequel j’ai été reçue comme une amie, une consoeur.

Quel serait le plus beau compliment qu’un lecteur pourrait vous faire ?
De me demander si l’histoire racontée dans un de mes romans est mon histoire (vécue).

Avez-vous d’autres projets littéraires ?
Oui, bien sûr. Je voudrais revenir au théâtre. Je travaille actuellement dans un projet panafricain d’écriture dramatique des femmes.