Interview écrite

14 novembre 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Hervé Outil, auteur de « Éden et Samsara »

Hervé_Outil_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage
Il s’agit d’un recueil de poèmes qui regroupe les trois autres déjà publiés : « Philtres et élixirs. », « La vie sans élan » et « Poèmes d’Eve ». Le premier, ce sont des réminiscences de ma jeunesse en Bretagne puis celles de mes années passées à Paris et de mon amour soudain pour les femmes guadeloupéennes. Le deuxième comprend trois parties bien distinctes. La colère de Dieu parle de la Bretagne mais aussi de la mort et de la perte de toute dignité humaine. Amour perdu exprime l’incapacité à se comprendre. En effet, il s’agit à chaque fois d’amour afro-caribéen d’une sensualité extrême où rien ne s’inscrit dans la durée. Tout au contraire. Le poète finit d’ailleurs par s’y perdre et à sombrer dans la dépression. De la vie à la mort, c’est du Cioran quand il dit que chacun de nous « cherche à quitter la catastrophe de sa naissance ». Chaque acte conduit irrémédiablement à sa finalité : le décès. Ceux qui ont ici de grandes qualités finissent irrémédiablement par mourir. Mais il en est ainsi pour chacun d’entre nous. Ça se termine par l’anniversaire d’un enfant disparu pour toujours aux yeux du narrateur puis maman qui donne naissance à un futur être humain. Il se réincarnera en autre chose et à nouveau s’évanouira. Le dernier est un recueil de poèmes écrit à partir de séries de peinture sur Eve créées par mon frère Patrick Outil et que j’ai voulu illustrer en poésie.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
J’ai écrit les deux premiers ouvrages comme une espèce de purgation pour moi-même. Ça a été un élixir de jouvence qui m’a aidé à vivre à l’opposé de ce qu’il décrit. Je n’avais pas de but en dehors de celui de me perdre, d’oublier que rien ne fonctionnait dans ma vie. Je n’avais alors aucun équilibre. Ceci a donc servi à me stabiliser puis à trouver l’âme sœur avec qui je suis encore aujourd’hui. Pour le dernier, il me semblait intéressant d’interpréter des peintures par la poésie. J’aimerais aussi créer des poèmes sur des photographies artistiques. Je le ferais plus tard.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Ce livre s’adresse à tout le monde, car, comme moi, la plupart des jeunes adultes se sont perdus dans les méandres de leur existence un moment dissolue. Certains n’y voient aucun intérêt à vivre pleinement leurs passions parce qu’ils n’ont pas encore trouvé quelqu’un avec qui partager un bonheur entier. Il appelle aussi tous ceux qui pensent qu’il est possible de construire un soi stable et durable. Ce livre s’adresse à tous les amoureux de la poésie. Il est écrit en prose, en vers, en octosyllabe, en décasyllabe et en alexandrin. Autant dire qu’il pourra plaire à tous ceux qui s’intéressent à la poésie dans son ensemble.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Pour les deux premiers, le message principal est justement de ne jamais perdre espoir. Les rites initiatiques et de passage dans la vie sont divers et nombreux. On est confronté à beaucoup d’épreuves et le malheur surpasse très souvent le bonheur. Mais ce qu’on considère comme la calamité absolue n’est en définitive qu’une affliction de plus dans la longue traversée du désert auquel on est tous confrontés sans exceptions. Les moments d’eudémonisme sont succincts. Ce qui compte c’est notre liberté d’esprit, notre admission à la vie. Pour le dernier, le mythe d’Eve est intéressant. Le paradis est-il un enfermement ? Eve s’est-elle libérée par le seul plaisir qu’elle a pris à manger la pomme ? La chute a-t-elle été violente ? Et notre propre malheur sur terre est-il dû à cette faute ? Il est quelque part une réponse aux deux autres. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait été écrit en dernier.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Pour les deux premiers mon inspiration a été puisée dans les obstacles auquel j’ai été confronté et qui me semblaient insurmontables parce qu’ils se répétaient sans jamais se résoudre. Mais aussi dans les lectures divergentes qui m’ont inspiré, dans mes discussions avec les autres et dans mes études universitaires sur les différences culturelles (ethnologie). Pour le dernier, comme je l’ai déjà dit, exclusivement sur les peintures de Patrick Outil. Je me suis mis en posture de méditation comme on se met face à Bouddha, mais là c’était des œuvres picturales, puis j’ai écrit.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Mes projets d’écriture en poésie sont des poèmes sur les caraïbes en vers mais aussi d’autres en prose. Je veux aussi en inventer des irréguliers, des originaux mais équilibrés et qui intègreront en eux une mélodie, car, encore une fois, pour moi, la poésie est tout d’abord une musique (muse), un rythme et des sonorités. Tout ce qui est instable en ce domaine n’est pas bon. Je compte aussi comme je l’ai déjà dit m’inspirer de photographies de paysages en noir et blanc et peut-être aussi en couleur ou d’autres tableaux. Ce qui m’inspirera au moment où je le verrai et si l’artiste l’accepte bien entendu.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Le lecteur doit savoir qu’à mon goût la poésie est une symphonie qu’on écoute confortablement installé dans un fauteuil. On se laisse imprégner par les mots, leur sonorité, leur déliquescence ou la fluidité d’ensemble doit être parfaite. On doit sortir d’une lecture de poésie comme après une méditation : calme, serein et heureux ou totalement bouleversé mais satisfait malgré tout. Pour apprécier ce livre, le lecteur doit être un véritable amoureux de la poésie, de la solitude, de la musique et du rythme.