Interview écrite

Rencontre avec Frei Drang, auteur de « Life is Dead »
26 novembre 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Frei Drang, auteur de « Life is Dead »

Frei_Drang_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
Hmm, un genre de prose sombre, réaliste, s’inspirant de certains faits d’Histoire pour montrer ce qu’ici nous ne voyons pas -à trop facilement fermer les yeux sur nos propres existences. En tout cas, ce n’est pas un livre à lire si vous attendez des roses parfumées, de l’amour ou des sujets légers.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Pour des cauchemars qui ne s’arrêtent pas, pour des cris qui rendent sourds. Pour tous ceux qui se plaignent de broutilles sans même savoir faire la part des choses et se rendre compte de ce qu’ils ont, pour rappeler à ceux d’ici, que ceux de là-bas meurent. Tous les jours. Constamment. Qu’on ne sait pas ce qu’est ce genre d’horreur -même si l’on en connaît d’autres sortes ici et que pour cela, on devrait au moins ne pas oublier qu’elles existent pourtant -parfois moins loin que ce que l’on s’imagine.

Le titre de votre ouvrage est très noir, êtes-vous quelqu’un de pessimiste ?
Je ne dirais pas cela non. La vie n’est pas toujours facile -surtout lorsque l’on trouve son bonheur à faire ce que peu font et très peu réussissent 😉
Mais je me refuse á ne voir l’existence que comme un sombre gouffre.
Certes, j’ai tendance à avoir parfois du mal à remonter la pente, lorsque je me concentre trop sur ce que les êtres humains font de ce monde et sur cette société de plus en plus capitaliste, noyée par les profits immenses de riches aux incroyables fortunes, alors que s’apauvrit le reste de la population, peinant toujours plus à sortir la tête de l’eau. Et ces guerres, qui de tout temps et malgré toute évolution ne cessent, ces corps massacrés et ces enfants mutilés… Je dirais simplement qu’il faut sans doute apprendre à trouver un équilibre entre sa propre existence et sa place dans le monde -ni trop, ni trop peu.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
À tous, comme toujours. Je n’ai pas pour habitude de catégoriser mes ouvrages dans des limites d’âges. Cela peut-être tellement trompeur, le nombre d’années passées sur terre. Il existe des gamins de dix ans incroyablement matures, des gamines de vingt ans, des enfants de cinquante. Je veux simplement que les mots écrits le restent et qu’en étant lu, ils combattent l’oubli -et l’indifférence.

Quelles sont les principales qualités de votre livre ?
Ma réponse reste pour cette question toujours identique : ce n’est pas à moi de décider des principales qualités de mes ouvrages, mais bien aux lecteurs et à leur plus grande objectivité.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?
Ne jamais oublier. Ne jamais oublier l’horreur qui a permis la paix, les crimes commis qui nous ont montré les pires côtés de l’Homme. Ne jamais oublier que ces crimes existent -encore et toujours. Ne jamais oublier la chance inouïe et hasardeuse : naître au bon endroit.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Dans tout. Ce n’est rien de spécifique, c’est à la fois la vie, ma vie, celle de ceux qui m’entourent, celle de ceux que je ne connais pas. C’est aussi l’ouvrage de bien plus grands que moi, qui me mènent sur une nouvelle piste, me font penser et chercher plus loin, trouver d’autres mots pour dire ce que je ne connaissais pas même l’instant précédent. Enfin, ce sont avant tout des sentiments, quels qu’ils soient.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Une question intéressante. Je suis actuellement á attendre la correction de mon quatrième ouvrage « VIES tome 1- Chrysalide », qui doit normalement ensuite paraître chez Edilivre -sans doute début 2015. Ce dernier ouvrage est en fait le premier d’une série de quatre tomes, chacun indépendant l’un de l’autre, mais qui dans la thématique, me semblent devoir appartenir d’une certaine façon, ensemble. Le tome 1, « Chrysalide » donc, tente de transcrire l’adolescence de la meilleure façon possible, et parle aussi du processus de création chez un artiste et du statut d’artiste. Le plan du tome 2, « Naissances », est déjà prêt, de même qu’existent déjà 36 pages. Je prévois de le terminer pour fin 2014-début 2015. Il traitera de l’enfance et plus généralement de la nature humaine et permettra un regard naïf mais acéré sur le monde et la société qui nous entourent. Les tomes 3 et 4 existent lentement sous forme de notes, ils sont prévus pour 2015 et 2016 ; et parleront de l’âge adulte, des différences et ressemblances entre hommes et femmes, des décisions à prendre soi-même et à assumer pour le tome 3 et de la vieillesse, du temps qui passe, des souvenirs et de leur importance, de la mort pour le tome 4. Actuellement, je commence mon premier manuscrit écrit en allemand -puisque cette langue est devenue comme une deuxième part de moi, je trouve important et normal de me mettre à écrire aussi dans cette langue. Je laisse de plus en plus les « histoires » de côté pour me concentrer sur les propos émis et les mots utilisés, étant plus consciente de ma manière d’écrire ; et je me laisse inspirer pour ce nouvel ouvrage intitulé « STURM » ( « Tempête » ) de Goethe et ses « Souffrances du jeune Werther », de Dante et sa « Divine comédie », et de Beckett et « Fin de partie »… Le manuscrit sera terminé d’ici début novembre, je suis impatiente de voir le résultat car contrairement a ce que l’on peut s’imaginer, écrire c’est beaucoup savoir ce que l’on fait sans savoir comment ! Enfin j’ai encore quelques idées flottantes de manuscrits, de même que des projets artistiques, puisque je peins, ainsi que l’esquisse d’un grand projet de fin de vie… Une existence bien remplie donc.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
N’oubliez ni qui vous étiez ni qui vous êtes. Apprenez à vous fiez à vos instincts. Et surtout, n’arrêtez pas de rêver. Ce monde a besoin de rêveurs pour le changer et ce monde, c’est le vôtre autant que le mien.