Interview écrite

22 septembre 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Darius Anzi, auteur de « Vie privée »

Darius_Anzi_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage
Composé de 150 pages, Vie privée est un beau petit livre qui présente cinq histoires fort délectables et soigneusement écrites, et dont la thématique fait l’objet d’une méditation profonde. Ce sont ces caractéristiques qui lui valent le nom de Recueil de nouvelles.

Pourquoi avez-vous opté cette fois pour un recueil de nouvelles?
On ne peut pas dire que je ne l’ai pas écrit non sans ambition. Certes au départ, c’était loin de m’être un dessein que de publier un livre un jour, puisque cela sortait carrément de mon champ de vision périphérique. Je n’avais nul autre souci que d’écrire pour moi-même. Et  Vie privée  est aujourd’hui une rigoureuse sélection de textes que j’ai produits au Lycée à Tiassalé et  en première année à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Il s’agit là de textes qui en ont ébloui plus d’un et les publier ce jour répond d’abord à un motif d’obéissance, parce que de précieuses personnes comme Jean Marc Adjoumani, Hervé Kouassi, Franck Diéa et bien d’autres, m’ont dissuadé de mon opinion d’antan avant de me persuader que la condition d’un auteur en autarcie est loin d’envisager la perspective d’une carrière d’écrivain épanouissante. Ensuite, le second motif c’est que Darius Anzi se veut Ecrivain et  non romancier, poète ou dramaturge, non, mais Ecrivain, c’est-à-dire celui qui touchera à tout. Ce recueil me permet donc de franchir une autre petite étape des multiples cadres génériques que regorge l’univers de la littérature.

Vous insistez bien des fois sur la qualité de l’écriture ; est-ce ce qui ferait la particularité de Darius Anzi?
On n’est pas écrivain parce qu’on aime écrire ; on n’est pas non plus écrivain parce qu’on peut écrire. On n’est écrivain que parce qu’on sait écrire. J’entends par là bien d’autres choses car, c’est proprement ennuyer le lecteur que d’étaler toute une hermétique lexicologie insondable dans un livre. La diégèse ne nourrit pas gracieusement son maître qui est le lecteur. C’est ici que Hugo disait : « Le vrai fond, c’est la forme. » Voyez combien il est un régal que de lire Camus, Hampâté Bâ…
Ce que j’aime dans un livre, c’est l’écriture, la flexibilité des « mots nus de tous les jours », selon Senghor ; cette sensibilité des phrases qui polluent toute l’atmosphère livresque d’une poéticité purement musicale, voilà le trésor d’une valeur inestimable qui purifie l’âme du lecteur.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage?
C’est un livre, et tout livre, livre quelque chose qui doit être à la portée de tous si du moins l’on en fait un de bonne foi. Vie privée est un livre de bonne foi, comme ces centaines d’autres que j’ai eu la grâce de dévorer.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers Vie privée?
La vie n’appartient pas à l’homme ; c’est l’homme qui appartient à la vie. La faiblesse de l’homme se révèle en ce sens qu’il est dépourvu de tout et cela demeure aussi longtemps qu’il pensera être pourvu de tout. Celui qui ne comprend pas sa faiblesse s’enorgueillit et se voit humilier par les vicissitudes de la vie. Seuls les humbles réalisent que tout est fragile et abordent la vie avec lucidité. C’est ce que j’appelle comprendre la vie, et comprendre la vie c’est prendre la vie, c’est-à-dire, l’arracher pour s’immortaliser. A part les animaux, tous les hommes ne sont pas mortels. Et la mort humaine n’est nullement la fin de tout, mais la fin d’une rubrique de l’existence. Il ne faut pas négliger sa faiblesse, il faut la connaître, il faut la dompter. Non moins qu’une réflexion introspective résout la question. Mais l’ignorer, c’est ingurgiter volontiers toute une avalanche d’imprécations de la vie qui conduisent l’irrésolu humain à se prélasser inexorablement dans l’idolâtrie de ces innombrables carences, ce qui est facteur de tout dysfonctionnement sociétal.
Vie privée donc, parle au cœur de l’homme qui réside à l’intérieur de l’Etre, et lui révèle que sa faiblesse constitue la quiddité même de son être en tant qu’humain.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Il y en a plusieurs qui puisent leur inspiration de la nature, de la musique, de la tristesse, ou même de la gent féminine. Malheureusement je n’ai pas eu la grâce d’être de ceux-là. Mon inspiration, je ne la puise de nulle part. En vérité, tout travail remarquable que l’on fait sur Terre provient de trois sources : le travail par appel ou vocation, le travail par don ou passion et le travail par choix ou résolution. Je ne suis pas né pour écrire comme Molière, je n’ai pas choisi d’écrire comme Victor Hugo. J’ai compris qu’écrire pour moi est un don que le Dieu d’Israël que j’adore m’a fait comme il en a fait pour Baudelaire. Je ne prétends pas me comparer aux grands, non, je veux dire que nous sommes tous identiques en potentiels si du moins nous sommes prêts à détecter et à développer la fortune qui nous est échue en partage ! « L’homme est une multitude de virtualités », disait Blaise Pascal.

Quels sont vos projets pour l’avenir?
A part mon sauveur Jésus, en tout cas pour l’heure, j’aime plus le travail plus que tout au monde. Je n’appelle pas travail une quelconque activité pécuniaire, non ! Travailler, c’est mettre en valeur tout ce que l’on a de meilleur à l’intérieur. Je suis donc au travail, et les ambitions sont grandes. Voilà tout.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
C’est à la France que j’adresse mes remerciements pour l’accueil, puis à monsieur David Stut et à  toute l’équipe d’Edilivre qui a fait de moi un jeune petit écrivain. Merci à tous ces lecteurs courageux du Lycée La Bourdonnais de Curepipe, en Ile Maurice, qui m’ont fait de très belles critiques. J’en ai reçu de même ici. L’on m’encourage des U.S.A, et partout dans la sous région ouest-africaine, c’est énorme ! Je voudrais encourager chacun à écrire. Oui, écrivons car c’est alors que nous parviendrons à nourrir ensemble les racines de notre héritage commun qu’est la bienheureuse Littérature. Merci !