Interview écrite

Rencontre avec Amadou SOW, auteur de « Patriacte »
1 mai 2017
Posté par
Flora

Rencontre avec Amadou SOW, auteur de « Patriacte »

Amadou_SOW_EdilivreDans quelle région habitez-vous en France ? Sinon, dans quel autre pays ?

Je réside au Sénégal.

 

Présentez-nous votre ouvrage

Mon ouvrage est une pièce de théâtre qui s’appuie sur les crises multiformes qui secouent l’Afrique. L’objectif est de montrer les rapports que celles-ci ont avec le dynamisme que connaît ce continent. Il s’agit précisément d’une mise en scène d’un groupe de jeunes soldats arrivés au pouvoir et qui ont comme ambition de redresser leur pays et de servir de locomotive à leur continent. Comme cela se passe couramment dans le monde, surtout dans les pays du tiers-monde, les dirigeants qui aspirent au véritable développement se heurtent très souvent à des résistances diverses, notamment des complots et des trahisons dont les auteurs sont difficilement identifiables. Finalement, personne ne peut dire avec précision ce qui s’est réellement passé car n’importe qui peut être celui qui a commis l’acte incriminé. Souvent, des membres du proche entourage du dirigeant sont indexés mais, en général, ils ne sont que la partie la plus visible de l’iceberg.

Ma pièce cherche à partir des ces genres de situation pour déboucher sur le présent de l’Afrique, fortement marquée par la prise en main par le peuple de son destin.

En effet, depuis ce que l’on appelle le printemps arabe, ce sont les populations qui choisissent les dirigeants et, une fois leur choix fait, elles surveillent, contrôlent et attendent des résultats. On a même vu des régimes destitués en cours de mandat, parce que le peuple considère que les dirigeants n’ont pas respecté leur promesse.

A travers certains personnages, comme le grand communicateur traditionnel Mbemba Sidiki et la figure maraboutique (Le grand Karamoko), j’ai voulu montrer que les Etats africains sont caractérisés par trois composantes qui ne fonctionnent pas de la même manière: la politique héritée de l’Occidental qui a donné naissance aux idéologies et doctrines comme le socialisme, le libéralisme, le communisme, etc., la tradition africaine avec les royaumes dont les caractéristiques fondamentales se retrouvent dans le fonctionnement des Etats africains et la religion musulmane ou chrétienne, selon les pays, qui préconise le respect des recommandations de Dieu. Le principal défi des dirigeants africains est de trouver l’équilibre entre ces trois entités.

Par ailleurs, en filigrane, des thèmes comme l’émigration clandestine, la fuite des cerveaux et le patriotisme sont abordés dans cette pièce de théâtre.

 

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

J’ai écrit ce livre pour livrer le fruit de ma réflexion sur les questions que j’ai évoquées ci-dessus. Pour moi, la littérature est une façon efficace de se prononcer sur le passé, le présent et même l’avenir en faisant des projections.

 

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?

Mon ouvrage ne s’adresse pas à une catégorie de lecteur particulier. Néanmoins, ceux qui croient en l’Afrique et qui sont véritablement préoccupés par le sort de ce contient, de quelque bord qu’ils soient, sont les destinataires privilégiés de ce livre. Bien sûr, même les « afro pessimistes » sont aussi visés (rires).

 

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?

 Le message que je veux transmettre est le suivant : contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, la mise à mort des gens qui ont eu de l’ambition pour l’Afrique (Lumumba, Sankara, etc.) n’a pas tué leurs actions. Leur immense œuvre continue toujours d’inspirer la génération actuelle. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le sous-titre de mon ouvrage : « Les esprits ne meurent pas ».

 

Où puisez-vous votre inspiration ?

Je puise mon inspiration essentiellement de mon environnement immédiat, de la sagesse africaine, de l’histoire, de la culture, etc. Je m’inspire aussi de ce qui se passe ailleurs, dans le reste du monde. Parfois, une rencontre fortuite, une conversation avec un inconnu, une discussion apparemment anodine, une émission de radio, de télévision, un article de presse, etc. peuvent m’aider à avancer dans mon écriture.

 

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

En tant qu’enseignant chercheur à l’université, je suis obligé d’écrire des productions scientifiques (articles, essais) mais je continuerai à écrire de la fiction. En dehors de Patriacte, j’ai un roman que j’ai écrit en langue peule qui est en train d’être édité à Paris.

Les projets ne manquent pas, dans le domaine de la fiction en général.

 

Un dernier mot pour les lecteurs ?

Je souhaite que mon livre soit bien accueilli par les lecteurs que je remercie par avance. Je remercie l’équipe d’Edilivre pour sa disponibilité, sa compétence et son professionnalisme.