Autour du livre

23 octobre 2012
Posté par
Flora

Pourquoi le nouveau prix Nobel de littérature est-il tant sujet à controverse ?

Le prix Nobel de littérature 2012 décerné à Mo Yan âgé de 57 ans pour l’ensemble de son œuvre fait débat. Mo Yan, appelé aussi «celui qui ne parle pas», est le premier chinois récompensé par ce prix depuis que le concours existe. Il est considéré comme un écrivain doté d’un réel talent mais à qui l’on reproche une trop grande proximité avec le régime du parti communiste.


© J. Kolfhaus, Gymnasium Marienthal

Un lauréat discret

Mo Yan, ou de son vrai nom Guan Moye, est né dans une famille modeste à Shadong en 1955. Pendant toute son enfance, il vit dans une très grande pauvreté. En 1976, il décide de rentrer dans l’Armée Populaire de Libération et de manière logique s’inscrit au Parti communiste 3 ans plus tard. Puis, il se lance dans l’écriture à partir de 1981 et obtient un diplôme de l’Académie d’art et de littérature de l’armée en 1986. Ses écrits sont constitués de près de 80 publications.


Un évènement qui ne fait pas l’unanimité

Kafka sur le rivage, pourtant il a remporté le Nobel et la coquette somme de 930 000 euros à la surprise de tous.
La véritable controverse autour de la réussite de Mo Yan va au-delà de la littérature. Il s’agit essentiellement  de tensions politiques et diplomatiques. En Effet, Wei Jingsheng, chef de file du mouvement chinois pro-démocratie, s’interroge sur les raisons de l’attribution de ce prix à Mo Yan mais aussi sur les actions de l’écrivain lui-même. On pourrait citer entre autres le fait qu’il ait publié un ouvrage commémoratif contenant une partie du discours de Mao Zedong, fondateur et dirigeant de la République Populaire de Chine.
Il estime donc que le prix aurait été accordé à Mo Yan uniquement dans le but de faire plaisir au régime communiste, avec comme preuve symbolique, le suivi par les dirigeants chinois de la cérémonie.

Cette distinction survient dans un climat politique dégradé

D’autre part, la victoire de Mo Yan n’a pas été vue d’un très bon œil par le Japon. Particulièrement, depuis que les relations entre les deux pays sont des plus tendues. Le véritable sujet de la discorde entre la Chine et le Japon porte sur les droits de propriété des îles Senkaku et Diaoyu que chacun des deux pays revendique comme leur appartenant. En réalité, tout a commencé lorsque le Japon a racheté ces péninsules désertées de 7 km2. La valeur intrinsèque de cet archipel est faible mais il représente une zone stratégique en raison de son emplacement favorable et exclusif. De plus, ces îles seraient dotées d’une importante valeur économique car des traces du fameux or noir y aurait été détectées. Cet achat considéré comme un affront pour les chinois, a été l’élément déclencheur d’une série de provocations ressemblant de près à un jeu de bataille navale. Ce climat électrique s’est manifesté notamment par le retrait de tous les livres japonais dans les librairies chinoises, élément suffisant pour enflammer l’hystérie ambiante autour de ce sujet.

Voilà donc comment, une simple remise d’un Nobel peut aboutir à l’intensification d’une crise diplomatique.