Autour du livre

18 juin 2013
Posté par
Flora

Disparition de Maurice Nadeau, un homme de lettres par excellence

Le grand Maurice Nadeau s’est éteint le dimanche 16 juin dernier dans son appartement parisien. A la fois écrivain, éditeur, professeur et journaliste, il aura marqué à jamais la sphère littéraire par son professionnalisme et son humilité. Retour sur un parcours atypique.

Maurice_Nadeau_Edilivre

Le Révolté
Né à Paris dans les années 1910, Nadeau connaît une enfance difficile et instable. Son père, mort pour la France à Verdun ne lui laissera comme héritage qu’une bibliothèque bien garnie. De son côté, sa mère, illettrée, se débrouillera plus ou moins pour trouver des économies afin de conserver sa garde et celle de sa sœur.

Révolté par la pauvreté qui l’entoure, Nadeau voit germer en lui des convictions claires et ressent un enthousiasme qui le mène au PCF pour un petit bout de chemin. Trotskiste avéré, il est finalement exclu de ce dernier et rejoint la ligue communiste. Maurice Nadeau acquiert le titre de Professeur en 1936, prenant à cœur son travail d’instituteur qu’il juge honorable d’un point de vue humain. A cette époque, il vit dans un hôtel, considérant comme « bourgeoise » l’idée de s’installer dans un appartement. C’est par la suite, sous l’occupation allemande, que tout bascule pour lui.

L’homme de lettres polyvalent 
A la fin de la seconde guerre mondiale, Maurice Nadeau publie son premier ouvrage intitulé Histoire du Surréalisme. A partir de là, de nombreuses portes s’ouvrent à lui. Pascal Pia qui dirige le journal Combat, né pendant la résistance, l’intègre au sein de la rédaction en tant que responsable littéraire. Il en deviendra le directeur six ans plus tard… Admirateur de Kafka et de Flaubert, Nadeau s’intéresse bien vite au domaine de l’édition et se plaît à dénicher des pépites. Sa conception est simple mais pourtant opposée à celle des éditeurs traditionnels de l’époque : il se moque complètement de la conformité idéologique et lui préfère largement les procédés novateurs.

On lui doit notamment la découverte d’Henry Miller, de Roland Barthes, de Nathalie Sarraute et plus récemment de Michel Houellebecq. Les auteurs ou personnes ayant collaborés avec lui, vous diront que cet homme force le respect et fait partie d’une classe réduite de personnes dont les nombreux succès éclipsent complètement les échecs. Dernièrement, il s’occupait de sa revue bimensuelle fondée en 1966, La Quinzaine Littéraire, qu’il avait réussi à sauver in extremis de la disparition le mois dernier.
Serein et toujours actif du haut de ses 102 bougies, lui même confiait, il n’y a pas si longtemps qu’il sentait la fin approcher. C’est des souvenirs plein la tête que Maurice Nadeau a tiré sa révérence après plus d’un siècle de vie dédié à la littérature et à ses convictions.

Connaissiez-vous Maurice Nadeau ?

Article écrit avec la participation d’Alexandre