Autour du livre

L’impact du 11 janvier sur le monde de l’édition
2 juin 2015
Posté par
Flora

L’impact du 11 janvier sur le monde de l’édition

Les manifestations des 10 et 11 janvier 2015 en réaction aux attentats djihadistes des 7, 8 et 9 janvier, avec l’attaque contre la rédaction du journal Charlie Hebdo et la prise d’otages dans un supermarché casher, ont marqué la France. Mais tous ces événements ont également touché le monde de l’édition. Nous allons ici vous présenter dans quelle mesure ces événements l’ont impacté.

L_impact_du_11_janvier_sur_le_monde_de_l_édition_EdilivreDes auteurs qui ouvrent le débat
Ces attentats ont poussé de nombreux auteurs à s’exprimer sur le sujet. Beaucoup étaient choqués et souhaitaient partager leurs émotions. Les questions de laïcité, de tolérance, d’identité et de religion sont devenues des thèmes récurrents dans les librairies. Toutefois, le démographe Emmanuel Todd dénonce lui,  « l’imposture » de cette France du 11 janvier qui s’est déplacée en masse pour défendre la liberté d’expression, dans son dernier ouvrage « Qui est Charlie ? ». C’est le 1er auteur à critiquer aussi ouvertement l’esprit post-Charlie, relançant ainsi le débat sur les questions politiques, religieuses et identitaires.

Des lecteurs qui cherchent la réflexion plutôt que l’évasion
Les lecteurs auraient pu chercher à oublier ces attentats en achetant des ouvrages destinés à se détendre, du style polar ou romance. Or, après les attentats il n’y a pas eu de réaction de fuite de la part des lecteurs. Au contraire, il y a eu une vraie demande de compréhension de ce phénomène. Les lecteurs cherchent maintenant des livres de réflexions, pertinents et bien documentés.

Les livres concernant le 11 janvier pullulent L_impact_du_11_janvier_sur_le_monde_de_l_édition_Edilivre
Plusieurs mois après les attentats de Paris et les manifestations qui ont rassemblées près de 4 millions de personnes dans les rues, les livres sur l’après-Charlie se multiplient dans les librairies. En tout, ce sont une quinzaine de livres liés directement ou indirectement au 11 janvier qui se trouvent dans les rayons. Mais pas seulement, car les libraires ont su réagir vite. Dès le lendemain des attentats, on retrouvait en vitrine toutes sortes d’ouvrages sur l’Islam, la tolérance ou des traductions du Coran, alors qu’avant ces livres traînaient au fond du magasin. Le 11 janvier est devenu un prétexte pour faire des ventes. Cependant, tout le monde n’a pas l’expertise nécessaire pour débattre sur ces questions.

Des ouvrages qui cartonnent
Toutes les maisons d’édition interrogées le reconnaissent, les livres liés aux événements font partie des meilleures ventes actuellement. C’est le cas par exemple, de celui d’Edgar Morin et de Patrick Singaïny, « Avant, pendant, après le 11 janvier ». Cet essai a été vendu à 4 500 exemplaires à ce jour et ils espèrent en vendre 10 000. Un bon chiffre donc, car aujourd’hui quand un essai se vend à 1 500 ou 3 000 exemplaires c’est déjà un exploit. C’est donc une opportunité pour les maisons d’édition qui comptent bien en profiter.

L_impact_du_11_janvier_sur_le_monde_de_l_édition_EdilivreDes maisons d’édition impliquées dans le mouvement
Certains ouvrages publiés suite au 11 janvier rencontrent plus de succès que d’autres. Cela s’explique en partie par la rapidité avec laquelle certaines maisons d’édition ont décidé de publier un ouvrage sur le sujet. On peut prendre l’exemple de Livre de poche qui a décidé dès le lendemain des attentats de publier un recueil intitulé « Nous sommes Charlie » paru le 5 février. Mais chaque maison d’édition à sa propre politique, certaines ont préféré ne pas sur-réagir au traumatisme des événements, préférant rééditer d’anciens ouvrages sur l’Islam ou la question identitaire.

Un monde de l’édition en pleine évolution
Des ouvrages mythiques ont refait leur apparition dans les librairies suite à ces événements tragiques. En effet, « Le Traité de la tolérance » de Voltaire a été vendu à plus de 90 000 exemplaires depuis janvier. La volonté de comprendre ces événements a une incidence sur le reste du marché du livre. Par conséquent, la littérature « haut de gamme » et le roman n’ont pas connu un très bon 1er trimestre. Selon Jean Viard, des éditions de l’Aube : « On n’a jamais vu une aussi forte volonté de débat. Le 11 janvier n’est pas une date, mais une ouverture de période, le champ intellectuel va être passionnant ».

Selon vous, quel impact le 11 janvier a-t-il eu sur le marché de l’édition ? Quels ouvrages avez-vous acheté sur ce thème ? Qu’en avez-vous pensé ?

Article écrit avec la participation de Marine.

L_impact_du_11_janvier_sur_le_monde_de_l_édition_Edilivre