Autour du livre

11 mars 2017
Posté par
AA Victoria

Les orphelins célèbres de la littérature

Privés de leurs parents par la force des choses, ils sont nombreux ces orphelins à trouver une place dans la littérature et à fasciner les auteurs. Certains d’entre eux se sont démarqués et sont devenus des classiques, chacun à leur manière.

L’homme est-il un monstre ou le monstre un homme ?
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Parmi les contes populaires allemands recueillis au début du XIXème par les frères Grimm (à partir de 1812), il en est un qui tire son épingle du jeu. Ces histoires courtes aux vertus parfois lourdement moralistes, mettent en scène des personnages démunis, innocents, comme c’est le cas d’Hansel et Grettel. Ces deux orphelins affamés, attirés par une maison faite de pain d’épice et de sucre d’orge, tombent aux mains d’une sorcière anthropophage.

Dans un registre bien différent, Victor Hugo, publie près de vingt ans plus tard, Notre Dame de Paris (1831). Hugo y met en scène un homme difforme, Le Bossu (ou Quasimodo), perché en haut des tours de la cathédrale et condamné à rester dans l’ombre des carillons et des cloches. Abandonné à sa naissance par sa mère, il deviendra l’un des protagonistes du drame passionnel qui se joue autour de la sulfureuse Esmeralda. Formidable hommage de l’auteur aux laissés pour comptes et véritable procès des préjugés, le roman est un chef-d’oeuvre absolu.

De formidables vagabonds
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« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal : J’allais sous le ciel, Muse ! Et j’étais ton féal ; […] » (Arthur Rimbaud, Ma Bohême, 1870). Ces quelques vers de Rimbaud pourraient à eux seuls résumer ce que nous évoque Oliver Twist, Sans famille ou encore Tom Sawyer. De jeunes orphelins, jetés sur les routes ou dans les rues des agglomérations, livrés à eux-mêmes mais toujours poussés plus loin par le goût de l’aventure. De cette période charnière de la littérature sociale, Dickens, et Twain après lui, ont créé des héros intemporels, devenus évocateurs de misère et d’innocence par la simple prononciation de leur nom. Oliver Twist (dont les aventures sont publiées entre 1837 et 1839) est le premier d’entre eux. L’enfant, né sous la plume de Charles Dickens, tombe de Charybde en Scylla avant de se retrouver dans une bande de malfrats sous les ordres du mesquin et traître Fagin. Quelques années plus tard, Dickens publiera les aventures de David Copperfield (entre 1849-1850), « l’enfant chéri » de son auteur qui n’hésite d’ailleurs pas à se mettre dans la peau de son personnage (utilisation occasionnel du « je ») et à y glisser quelques éléments autobiographiques.

Mais les deux héros de Dickens seront bientôt rejoints sur les routes par plusieurs autres, comme autant de hérauts d’une époque où il n’est pas rare de devenir prématurément orphelin. Sans doute inspiré par son prédécesseur, Mark Twain publie en 1876 Les Aventures de Tom Sawyer, un jeune rêveur qui aime chercher des trésors et flâner sur les bords du Mississippi. Avec son ami Hucleburry Finn (à qui Twain consacrera un livre en 1884), le jeune Sawyer a le don pour se mettre dans des situations embarrassantes voire dangereuses. Si le ton se veut plus léger que chez Dickens, le roman n’en est pour autant pas moins une critique acerbe d’une société américaine que l’auteur accuse d’abandonner ses enfants.
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Bien plus dramatiques sont en revanche les aventures du petit Rémi, appelé plus communément Sans famille, dans le roman du même nom d’Hector Malot (1878). Aux côtés de Vitalis, musicien ambulant à qui il a été vendu, et de ses chiens savants, l’enfant va parcourir les routes de France et connaître les malheurs d’une vie d’errance.

Il ne saurait être question des orphelins dans la littérature sans mentionner la fragile Cosette, née sous la plume de Victor Hugo et figure emblématique des Misérables (1862). Luciole martyrisée par les Tenardier, elle croisera par une nuit d’hiver la route du forçat Valjean. Hugo va faire de sa très jeune héroïne une incarnation de la douceur et de la tendresse. Non sans nous faire oublier que la violence des hommes n’épargne pas ses jeunes héros. Le fringant et juvénile Gavroche le paiera de sa vie, alors qu’il ramasse les balles sous la barricade, chantonnant  » C’est la faute à Voltaire…  » pour se donner du courage.

Un nouveau millésime d’orphelins
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Les orphelins fascinent et deviennent dès les années 90, des étendards de la jeunesse. L’orphelin devient  » sexy « , parfois même  » bankable  » (comprendre  » qui fait vendre « ). Deux séries vont s’emparer du phénomène, non sans un certain succès. Entre 1999 et 2006, sous le pseudonyme de Lemony Snicket, l’écrivain Daniel Handler publie Les Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire. Déjouant constamment les mauvais tours du Comte Olaf, personnage fantasque déterminé à mettre la main sur leur fortune après la mort de leurs parents, les trois enfants Baudelaire se sont démarqués grâce à un humour noir omniprésent et à leur vision très pessimiste de l’existence. Savoureux, mais condamné à rester dans l’ombre de l’orphelin le plus célèbre de la littérature moderne : Harry Potter.

Le sorcier a grandi avec une génération de lecteurs. Débutées en 1997, ses aventures poudlariennes l’ont conduit dans les situations les plus extrêmes, nées de l’imagination fertile de son auteure, J.K. Rowling. En permanence contraint d’échapper à son ennemi mortel, Lord Voldemort, le sorcier est devenu un phénomène de librairie puis de cinéma. La saga a déchaîné les passions, entraînant dans son sillage des millions de lecteurs. Orphelin, Harry Potter ? On peut en douter, à la vue de la grande famille que sa créatrice lui a donné tout autour du monde…

Et pour vous, quels sont les orphelins les plus célèbres de la littérature ?