Autour du livre

12 mars 2017
Posté par
AA Victoria

Les animaux célèbres dans la littérature

Il arrive parfois, au milieu des hordes d’animaux qui parcourent les livres, que certains se démarquent de leurs congénères, occupent le premier plan d’un roman ou se rendent suffisamment inoubliables pour marquer durablement les esprits. Retour sur ces bêtes consacrées par la littérature.

Des siècles de présence
Très présents dans les contes et légendes, les animaux apparaissent très tôt dans l’univers littéraire. Ils sont souvent stéréotypés et volontairement anthropomorphisés (on leur prête des comportements humains, notamment la parole). La palette d’animaux est alors restreinte et laisse peu de place à l’exotisme.

Les_animaux_marquants_de_la_littérature_EdilivreUn des premiers exemples est Le Roman de Renart, prototype de la littérature bourgeoise ayant court au XIIème siècle, et constitué essentiellement de courts récits à prétention satirique. On y retrouve souvent le goupil Renart et le loup Ysengrin, auquel le renard se plaît à jouer les plus mauvais tours.

Des siècles plus tard, cette situation a considérablement évolué et d’autres animaux, bien différents des bestiaires du Moyen-Âge, ont fait leur apparition dans les livres. A titre de comparaison, Les Fourmis (1991) de Bernard Werber, permet aux lecteurs de découvrir de l’intérieur la vie d’une colonie de fourmis, leurs us et coutumes et leurs comportements. Werber parvient à « humaniser » les insectes, rendant leur intimité absolument passionnante.

Des personnages hauts en couleurs
Entre le milieu du XIXème et le début du XXème siècle, les animaux s’octroient une place de choix dans une littérature plus axée sur le conte et le fantastique. Ces romans sont une nouvelle fois l’occasion de donner corps aux bêtes, de les faire parler, leur faire exprimer des sentiments. En somme, de leur donner une « âme ».

Les_animaux_marquants_de_la_littérature_EdilivreDans Alice aux Pays des Merveilles (1865), Lewis Carroll donne vie à une pléthore de personnages tous plus fantasques les uns que les autres. Pourtant, trois retiennent encore aujourd’hui l’attention : le lapin blanc, qui conduira Alice au Pays des Merveilles, l’inquiétant chat de Cheshire au sourire figé et l’excentrique lièvre de Mars. Chez la Comtesse de Ségur, très sensible au traitement des animaux ; Cadichon, l’âne savant, raconte dans Les Mémoires d’un âne (1860) ses aventures. Quand il crée Peter Pan (1911), James M. Barrie invente le Capitaine Crochet, terrifiant chef des pirates, obsédé par sa revanche contre le jeune garçon qui lui a un jour tranché la main et l’a jeté en pâture à un énorme crocodile. Depuis, le reptile suit le pirate comme son ombre, et sa venue est annoncée par le réveil qu’il a un jour avalé. Tic-tac, tic-tac…

Autre exemple avec le timide et terriblement attachant Monsieur Taupe, qui apparaît dans le sublime roman de Kenneth Grahame, Le vent dans les saules (1908). Accompagné de ses amis, Blaireau, Rat et l’extravagant Crapaud, ils vont vivre des aventures extraordinaires, les mettant notamment aux prises avec des fouines. Mais la littérature consacrée aux animaux n’est pas que douceur et bonhomie. Bien au contraire.

Les témoins des époques
Certains animaux sont devenus des incontournables, qu’ils soient héroïques, monstrueux, cruels, inquiétants ou attachants. C’est le cas par exemple de Shere Kan, le tigre boiteux qui considère le jeune Mowgli comme sa proie, dans Le Livre de la Jungle de Rudyard Kipling (1894). L’auteur s’est inspiré des six ans où il a séjourné en Inde. Ou bien encore de Croc-Blanc, le chien loup, né sous la plume de Jack London (1906). L’auteur adopte le point de vue de l’animal, s’inspirant de son expérience du Grand Nord canadien et de la ruée vers l’or du Klondike pour offrir une analyse brutale et cinglante de l’époque.

Les_animaux_marquants_de_la_littérature_EdilivreCréation d’Herman Melville, le redoutable cachalot blanc Moby Dick apparaît dans le roman éponyme en 1851. Inspirée du cachalot mâle Mocha Dick qui attaquait les baleiniers au large du Chili dans les années 1830 et au cœur de l’âge d’or de la chasse à la baleine, le cétacé de Melville est devenu l’un des animaux les plus célèbres de la littérature alors que le roman est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants de la littérature américaine.

Autre temps et autre roman, La Ferme des Animaux de George Orwell (1945) s’assimile à un véritable pamphlet contre l’URSS. Menés par Sage l’Ancien (Lénine), les cochons mènent une révolution dans leur ferme, proclamant un état de droit avant que les choses ne dégénèrent et que Napoléon (Staline) ne fasse assassiner son partenaire Boule de Neige (Trotsky). Cruel et sournois, Napoléon est un des personnages phares du livre, symbole terrifiant de la dérive totalitaire de Staline.

Que pensez-vous de la place accordée aux animaux dans la littérature ? Quels ouvrages mettant en scène nos amis les bêtes vous ont particulièrement marqué ?