Autour du livre

Les « mooks » : entre magazine et livre
9 juin 2017
Posté par
AA Victoria

Les « mooks » : entre magazine et livre

Mais qu’est-ce que c’est qu’un mook ? Cet article vous dévoilera tout ce qu’il y a à savoir dessus !

Le_phénomène_des_mooks_entre_magazine_et_livre_EdilivreQu’est-ce qu’un mook?
Un mook est une sorte d’hybride entre le livre et le magazine. D’ailleurs le mot mook est la contraction de «magazine» et de «book». C’est généralement une revue privilégiant les grands reportages et les enquêtes approfondies, avec textes, dessins, photos, bandes dessinées, etc. Fini la dizaine de pages de publicités que vous achetez en même temps que le reste de votre magazine, une nouvelle forme de journalisme est née. Le mook, c’est donc moins contraignant qu’un livre mais plus intéressant qu’un banal magazine.

Quand et comment est-ce apparu ?
Le phénomène du mook est apparu en 2008, lors de la sortie d’une nouvelle sorte de revue : XXI. Elle comprenait 200 pages entièrement consacrées à des enquêtes approfondies. Ses fondateurs,  ont déclaré vouloir «rassembler le meilleur du journalisme avec le meilleur de l’édition», et donner du temps à l’enquête et à l’écriture. Leur succès et la rentabilité de leur entreprise dès la première année ont inspiré d’autres groupes d’édition. D’autres magazines ont adopté un positionnement proche tels que : MuzeFeuilletonSchnockCharles et Crimes et châtiments.

Pourquoi c’est tendance ?
Malgré leurs noms à coucher dehors, oui, le mook c’est tendance ! Le_phénomène_des_mooks_entre_magazine_et_livre_EdilivreComment est-ce possible ? Déjà le mook n’existe qu’au format papier, format qui est souvent mieux considéré par la cible de ce transgenre. Aujourd’hui, le mook est un objet culturel bobo par excellence, et on sait que les «bobos» valorisent plus le côté traditionnel du papier que le modernisme du numérique. En outre, comme les auteurs s’accordent plus de temps pour travailler dessus, les mooks sont souvent plus soignés, plus réfléchis et ont un meilleur aspect visuel. Dès lors, le mook pourrait-il devenir un remède chic à la dématérialisation et à l’accélération de l’information ? À première vue, ce modèle pourrait bien être la réponse à cette question. En effet, XXI dépasse systématiquement les 30 000 exemplaires vendus. Pour vous faire une idée, le dernier numéro s’est donc mieux vendu que les essais de Max Gallo.

Trop de mook tue le mook
Certains libraires ont révélé qu’ils ne savaient plus trop quoi faire ni où ranger tous ces mooks. Il en sort de nouveaux quasiment tous les mois, plus ou moins épais, plus ou moins palpitants. Tous les genres existent déjà : les généralistes (XXI, 6 Mois, Feuilleton), les futuristes (Usbek & Rica, We demain), les thématiques (Rukh sur le monde arabe), les engagés (Ravages), les décalés (Schnock, Charles, Le Tigre), les littéraires (Alibi sur le polar) et même les inclassables. Cependant, une mise en page sophistiquée ne suffit pas à faire un bon journal et un joli visuel ne compensera pas un manque d’articles de fond.

Les mooks sont-ils viables économiquement ?
Le_phénomène_des_mooks_entre_magazine_et_livre_EdilivreBeaucoup de mooks n’ont pas survécu à leur premier ou deuxième numéro. Car sans page de publicité c’est beaucoup plus difficile d’être rentable. Ainsi, le seuil de rentabilité tourne autour des 15 000 exemplaires. Pour pouvoir comparer, sachez que Charles se vend à 5 000 exemplaires, tandis que Feuilleton, Muze ou Schnock tournent aux alentours de 10 000 exemplaires. D’après Jérôme Ruskin, fondateur du mook Usbek et Rica, «Il n’y a pas un vrai marché du mook. Pour moi, le mook XXI est un accident industriel, dans le bon sens du terme. Mais il n’y a pas de place en librairie pour 20 mooks». De plus, ces revues d’un nouveau genre sont parfois considérées comme étant trop coûteuses par les acheteurs.

Et vous, que pensez-vous de ce phénomène ? Avez-vous déjà lu un mook ? Si oui, cela vous a-t-il plu ? Pensez-vous que ce mutant de l’édition survivra ?