Article décalé de la semaine

Article décalé de la semaine
24 décembre 2015
Posté par
Guillaume

Article décalé de la semaine

LES NUAGES

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Le voile de l’imaginaire

On appelle paréidolie la tendance instinctive à associer une image claire et définie à un stimulus visuel informe et désordonné. Quel rapport avec les nuages, me direz-vous ? Imaginez-vous être allongé dans l’herbe, le vent caressant délicatement votre visage, les yeux levés vers le ciel où vous apercevez les nuages vagabonder librement. Soudain, ce ne sont plus des nuages qui passent devant vous mais une multitude de formes ressemblant ici à un animal, là à une maison délabrée, et là encore… mais oui, c’est la grosse tête de Pépé. Cette illusion d’optique porte un autre nom : l’imagination.

Article_décalé_dela_demaine_EdilivreLes nuages sont probablement la matière la plus malléable qui soit. Tel un boulanger travaillant la pâte, l’enfant rêveur pétrit la forme des nuages pour leur donner l’apparence de ses fantasmes les plus fous. De sorte que le ciel devienne un océan d’absurdités où se mêlent les êtres et les pensées, la réalité et l’imaginaire, la raison et la folie. Chacun est libre d’apporter sa propre touche à cette toile infinie, la plus démocratique de toutes les œuvres d’art. Une sorte de cadavre exquis universel et intemporel.

Soyons fous. Osons penser que le ciel est un être vivant doué – si ce n’est de raison – au moins de réflexion. Les idées qui naissent en nous, qui changent de forme et se dissipent, ne vous rappellent-elles rien ? Pour reprendre les mots de Jules Renard, « les nuages sont comme les pensées, les rêveries, les cauchemars du ciel », ils nous indiquent ce que la voûte céleste ressent à chaque instant. Pauvres de nous qui ne voyons dans ces êtres fumeux que le présage d’une matinée pluvieuse.

Les nuages ressemblent aussi à des moutons. Il m’est arrivé de regarder le ciel et de m’endormir à force de les compter.  Ça m’apprendra à vouloir jouer au berger.

Enfin, les nuages sont passés maîtres dans l’art de la dissimulation. Jadis, ils nous cachaient des dieux de l’Olympe et de leur regard fier d’immortels. Ils étaient les gardiens des cieux et de ses mystères, qu’il s’agisse des portes de l’au-delà ou des secrets détenus par les étoiles. Aujourd’hui, peu d’entre nous considèrent encore les nuages à leur juste valeur : au mieux, ils sont un outil pour passer le temps, au pire ils ruinent une barbecue party.

Pourtant, n’est-ce pas vers ces confidents anonymes que nos regards se tournent lorsque nous tentons de fuir un cours ennuyeux, une matinée de travail  éreintante ou une panne d’inspiration ? Vive les nuages !

Article écrit par Nicolas

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