Interview écrite

20 septembre 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Elie Mucciante, auteur de « La Vierge noire qui donnait son sein au Diable »

Elie_Mucciante_EdilivreOù habitez-vous ?
Isère, en Rhône-Alpes, 30 km au sud de Lyon. Vienne, précisément.

Présentez-nous votre ouvrage
Tout part d’un fait réel qui défia la chronique en 2003 : une affiche présentant le nouveau festival « Jazz à Vienne » où apparaissait un diablotin tétant le sein d’une Vierge noire. Il s’agissait d’un rapprochement – un peu provocateur – entre la statue de la Vierge Marie (construite en pierre de lave) qui surplombe l’amphithéâtre où se déroule chaque année le festival de musique et, le jazz, souvent évoqué comme la musique du diable. L’affiche fut aussitôt qualifiée de « blasphématoire » par les instances catholiques locales et toutes les subventions (environ 60.000 euros) votées par le frileux Conseil régional au bénéfice de Jazz à Vienne furent en conséquence gelées. Ce retour à l’ordre moral qui se manifeste aujourd’hui de toutes parts était donc déjà engagé, et cela m’interpella.
En enquêtant en qualité de journaliste autour de cette statue édifiée en 1860 sur les hauteurs de Vienne pour rendre hommage à l’Apparition (septembre 1846) de Notre-Dame-de-la-Salette, j’ai découvert qu’elle traînait derrière elle tout un lot d’histoires parfois proches de la malédiction, comme cette catastrophe survenue le jour même de son inauguration. Ce qui est étrange, c’est que dans son Secret délivré aux deux bergers isérois qui l’ont vue apparaître, la Vierge avait en quelque sorte « anticipé » cette affiche. J’ai voulu aller au-delà du simple reportage en construisant autour de ce fait réel une fiction policière mêlant un jeune pigiste, un trafic d’eau bénite, un commissaire véreux et, bien entendu, une love story.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Je me l’étais tout simplement promis et j’avais assez d’éléments pour le faire. Mais je succombais comme beaucoup à la procrastination. Un jour, en écoutant une émission de France Inter où Marguerite Duras était l’invitée, cette dernière expliquait à l’adresse de gens comme moi désireux de franchir le pas sans jamais le faire : « Ne cherchez pas d’excuses ! Quand on n’écrit pas, on n’écrit pas ! » Ça m’a fâché et j’ai commencé à m’y mettre dès mon retour chez moi, sur un coin de bureau. J’ai aussi très vite compris combien cela demandait de temps, de courage et de rigueur, bien des éléments dont j’étais dépourvu.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Je pense modestement qu’il s’adresse à tous.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Il faut accepter toutes les religions, mais chacun reste son propre dieu.

Où puisez-vous votre inspiration ?
De tout ce que je vois, entend ou lis ! Dans mon entourage, aussi ! J’aime bien regarder les gens vivre. L’inspiration vient sans que je l’attende. J’ai pris l’habitude d’avoir toujours avec moi un carnet et un stylo. Une relation très perverse car quand je les ai, elle ne vient pas toujours, et quand je les oublie, elle en profite pour me taquiner.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Je suis actuellement sur l’écriture d’un deuxième roman, une fiction qui tourne autour de l’assassinat d’un député par un maire manipulateur pervers narcissique. J’aurai achevé son écriture juste avant les prochaines élections présidentielle et législative. Il arrivera à point nommé. Je me lance également dans l’écriture d’une première pièce (Journal d’un homme fidèle) et dans le dictionnaire « amoureux » de ma ville. Mon problème, c’est de faire le ménage dans tout ça.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Je ne sais plus ou j’ai lu ça, mais c’est tellement vrai : « N’attendez pas que les artistes soient morts pour acheter leurs oeuvres. C’est souvent plus cher et ça ne leur sert à rien ».