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9 février 2017
Posté par
AA Victoria

Les Talents Edilivre n°1 : Rencontre avec Philippe Fortin, auteur de l’ouvrage Indestructible

En 2017, Edilivre met à l’honneur ses Talents. Dans cette nouvelle rubrique, vous allez découvrir des auteurs au parcours atypique. Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Philippe Fortin, écrivain à l’œil vidéaste et à la main littéraire.

Journaliste, réalisateur et auteur, Philippe Fortin est le réalisateur du documentaire 621 KM NON-STOP, gagnant du Prix du Public décerné lors du festival Objectif Aventure organisé par Terres d’Aventure au CENTQUATRE-PARIS.

621 KM NON-STOP retrace la folle aventure de Pascal Blanc filmée par Philippe Fortin.

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Bonjour Philippe. Je vous remercie de m’accorder ces quelques minutes en tant que premier #TalentsEdilivre. Pour commencer, pouvez-vous nous résumer l’histoire dIndestructible ?

Indestructible, ça commence par un coup de téléphone de mon compère Pascal Bonnefon, rédacteur en chef de la chaine Canal Grand Raid (Canal+). Il m’appelle dans le cadre de cette chaîne puisqu’il faut fournir des documentaires, des contenus et il me dit « Je viens de recevoir un texto de Pascal Blanc c’est un ultra-trailer français, il a 50 ans et il compte traverser les Alpes par le sentier du GR5 qui relie Thonon-les-Bains à Nice ». Puis, il me dit, « Il veut le faire en 6 jours et ça représente 621km ». Il me demande ce que j’en pense et je lui réponds « Il est complétement fou ! » *rires*. Au fur et à mesure de la conversation je m’imagine sa réussite en me disant que ça pourrait faire un super film ! Du coup, on part là-dessus et on tente ! On aura été les seuls à répondre à Pascal Blanc.
Le livre commence comme ça car j’y raconte mon vécu en tant que réalisateur, avec ma caméra, ma rencontre avec Pascal Blanc et tout ce qui a failli ne pas se passer. L’aventure en elle-même est assez incroyable et je la raconte à travers mon angle de témoin privilégié.

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621KM NON-STOP est votre premier film. Indestructible est votre premier livre. Deux premières fois ! Comment se sent-on après tout ça ?

On se sent extrêmement heureux puisqu’au début je ne savais pas trop dans quoi je me lançais avec ce film. Il n’aurait pu jamais se faire car, si à la moitié du parcours Pascal Blanc avait abandonné au 300ème km, on aurait peut-être pas eu de film. Ça aurait été un homme vaincu par la montagne.
Pour le livre, c’est un peu la même chose. Sur le chemin du retour, dans la voiture qui nous ramenait à Bordeaux, j’échange avec Pascal Bonnefon et je lui explique qu’un jour j’aimerais beaucoup écrire un livre mais que je ne savais pas si je trouverais un jour le sujet pour le faire. Et il me dit « Pourquoi t’écrirais pas sur ça ? Pourquoi tu ne raconterais pas l’histoire que tu viens de vivre ? » et c’est parti comme ça.

Je pense que si j’avais su ce qui m’attendait en me lançant là-dedans, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de le faire.

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621KM NON-STOP c’est le « Film de votre Vie », vous le dites souvent. Indestructible est donc le livre de votre vie ?

Pour l’instant, je n’ai ni la force, ni le sujet pour me relancer dans cette aventure. Je ne savais pas du tout ce que j’allais faire. Passer des nuits à écrire, je ne l’imaginais pas. Je pensais que ça m’aurait pris quelques semaines, que j’allais simplement coucher sur papier mes souvenirs, presque à la va-vite. Je pensais que ça sortirait tout seul, c’est sorti vite mais qu’est que c’est long mine de rien d’écrire ! Ça prend beaucoup de temps, on a envie de bien faire, on reprend des phrases… C’est là que les problèmes commencent à arriver ! *rires*. En tout, j’aurai mis 6 mois à écrire Indestructible.

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En tant normal, les livres sont réadaptés en films. Dans votre cas, c’est totalement l’inverse. Est-ce plus difficile de faire revivre l’histoire sur papier ?

Oui, tout à fait. Quelque part, le scénario du film c’était Pascal Blanc qui l’écrivait au fur et à mesure qu’il avançait dans son aventure. Moi mon rôle c’était de la restituer au plus vrai de ce que l’on avait vu. C’est un exercice totalement différent.
Pour le livre, on pourrait penser que c’est la même chose. Mais, j’ai découvert que c’était beaucoup plus complexe que ça. On a envie d’intéresser le lecteur. J’ai fait beaucoup de recherches sur les Alpes, sur les endroits par lesquels on était passé, les images en tête. Je me suis beaucoup documenté et j’ai considéré cette écriture comme un véritable travail de recherche.

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Qu’est ce que cette expérience vous a appris ? Cette aventure cinématographique avait l’air sportive pour vous également…

Ouais, tout à fait. À la base, je suis de Bordeaux et donc, la montagne c’est pas du tout mon élément. Sur un sujet a un caractère itinérant on peut jamais se dire « Je vais réserver un hôtel, dormir un peu ». C’était impossible ! Il fallait rester au contact de Pascal Blanc et de son équipe car, à tout instant, il pouvait se passer quelque chose : Pascal qui trébuche, qui abandonne… Et donc, on savait en s’engageant qu’on allait finir rincé. J’ai très souvent dormi dans des voitures en petites siestes de 30 minutes, par ci, par là, quand je pouvais grappiller un peu de temps de récupération mais cette adrénaline nous tenait. Il était en train de réaliser un exploit tellement incroyable que j’avais presque honte de vouloir dormir *rires*. Pourtant, je ne suis pas un sur-homme comme lui. Moi j’ai besoin de dormir et de manger. On s’était mis en mode « aventure ».

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Vous avez dû en apprendre beaucoup sur vous ?
Tout à fait. Je pensais détester la montagne, au final je l’adore. Je suis sorti de ma zone de confort. Quand on sort de notre petit confort, au début c’est un peu dur et au final, on en ressort avec un regard différent. Et c’est ce qui m’est arrivé.

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Le titre de votre ouvrage colle parfaitement bien avec son histoire mais aussi avec la vôtre…

Le titre est venu au fur et à mesure de l’écriture. Je crois que j’étais parti sur La grande traversée des Alpes, qui est désormais le sous-titre, pour que les lecteurs puissent situer l’histoire mais je voulais un mot parlant. Un mot qui donne une tonalité à l’ouvrage. Quand j’écrivais la phrase « Il m’apparaît indestructible », l’adjectif est devenu une évidence.

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On sent beaucoup d’admiration et de nostalgie dans l’ouvrage. Beaucoup de personne vous entourent, de la Mamée à la mascotte. Une telle expérience doit créer des liens impérissables ?

Ah mais tout à fait ! Comme je le dis souvent à Pascal, puisqu’on a gardé contact et qu’on s’est revu lors de la remise de prix Objectif Aventure à laquelle nous avons remporté le prix du public, « On est lié à jamais par cette aventure ».  Il cherchait une manière de documenter son histoire et moi, j’ai rencontré quelqu’un d’extraordinaire. Ce sont ces raisons qui m’ont poussées à écrire ce livre. Pour lui, certes, mais aussi pour toutes ces personnes qui l’ont accompagné. Pour qu’ils en gardent une trace. L’écrit est pour moi suprême.

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D’un côté, le film est porté sur Pascal Blanc et, de l’autre, l’ouvrage beaucoup plus sur vous. Le plan final de 621 KM NON-STOP, comme vous l’expliquez dans Indestructible, a une signification toute particulière pour vous. Pouvez-vous nous en dire plus ?

On revient à Nice, sur la promenade des Anglais. C’est assez fou. Beaucoup de chose se bousculent et je me revois presque 10 ans en arrière en train de fêter l’obtention de ce diplôme avec tous les autres journalistes de ma promo. C’est incroyable que pour mon premier film je revienne là, sur la terre qui m’a sacrée journaliste, qui a fait de moi un tout jeune journaliste. Je me dis qu’il n’y a pas de hasard.

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Mollat

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Dernière question. Quels sont vos projets pour la suite ? Votre activité de journaliste forcément, la réalisation de documentaires long format ?

Oui, si l’occasion se présente évidemment. Aujourd’hui, je suis un réalisateur indépendant. Je collabore énormément avec Grand Angle Production. Une société qui me fait confiance et avec laquelle j’ai beaucoup de projets. Maintenant que je l’ai fait une fois, je me dis que je peux le refaire. On se sent vivant lorsqu’on vit ce genre de chose.