À soixante-quatre ans, marié de nombreuses fois, père précoce à vingt ans puis tardif, à cinquante, Manuel Saro a souvent tenté, d'actes fondateurs en engagements catégoriques, d'ancrer son existence dans le définitif et la rigueur, sans jamais pour autant cesser de vivre au brouillon.
Il a consacré son activité professionnelle aux ressources humaines, recruteur, formateur, coach. Il a vécu, sans réserve, sans retenue, sans limite, mais il peut d'autant moins dire, « si j'avais su » qu'il ne sait toujours pas grand-chose. Tout au plus, il lui semble qu'être heureux s'apprend et qu'aimer s'invente, que le bonheur est un problème de compétence et l'amour une question de talent. Il conserve, comme beaucoup, un lien très conflictuel avec son enfance. Fascination des idées et des corrections reçues, des faux témoignages, des souvenirs mythomanes, des impressions difformes, c'est une overdose d'influences pathogènes dont il est nécessaire de se désintoxiquer.
Dans sa relation avec le monde, s'il convient que l'intolérance est certainement une part d'animalité oubliée en nous par la nature, il se refuse à penser que la tolérance puisse être une part d'humanité où sommeille le diable. Il ne croit pas au bénévolat des circonstances et à la gratuité du hasard. Si votre regard s'attarde sur ces lignes, c'est que vous avez quelque chose à échanger avec lui. Une idée, une sensation, une émotion, peu importe. Vous êtes au seuil de ce livre, alors entrez !