Tous les 2e mercredi du mois

S’essayer à l’essai.


Si votre esprit, telle une marmite en surchauffe, bouillonne d’idées originales et de tournures ingénieuses, que la fiction ne peut toutefois exprimer, alors l’essai est pour vous (non, non, rangez votre ballon ovale !). Ce genre à part permet à tout un chacun de faire l’exercice périlleux, mais passionnant de coucher sa pensée sur le papier.

Nul besoin d’être expert, philosophe, académicien et encore moins énarque pour se lancer dans cette aventure. Eh oui, la pensée est universelle ! Le lecteur ne se laissera donc certainement pas impressionner par votre éventuel pedigree gros comme le portefeuille d’un banquier suisse, mais sera plutôt intéressé par le sujet que vous abordez et qui suscite en lui tant de curiosité. L’essai est un genre très souple, très libre, où le lecteur cherche surtout à faire une rencontre avec un esprit (vivant, celui-là, puisque le vôtre !).

Pour que le rendez-vous avec votre lectorat se passe dans les meilleures conditions qui soient, il vous faudra tracer clairement le cheminement de votre pensée afin de ne pas le perdre dès la première intersection embouteillée par une nuée d’idées indisciplinées. Votre réflexion peut aller où elle veut, comme elle veut, mais votre plume, elle, tel un tire-fil, doit pouvoir guider le lecteur dans cette zone de turbulences.

Intense reflexion
 
Trouvez le fond de votre pensée
Organiser ses idées

1) Documentez-vous auparavant.
Il vaut mieux vous munir d’arguments solides et sérieux pour ne pas être pris pour un farfelu. Ce n’est pas nécessaire d’être un spécialiste (j’insiste !), mais il est important de naviguer avec aisance parmi les concepts, tel le capitaine d’un brise-glace dans un champ d’icebergs, si l’on ne veut pas faire le remake du Titanic en sombrant dans un tumulte d’hypothèses scabreuses. Petite parenthèse philosophique pour vous aider : pour développer une pensée personnelle il est bon de se positionner face à celle des autres.

2) Explicitez votre point de vue :
Vous auriez pu vous aventurer dans une tirade sur les instructions que la NASA vous a remises après l’achat de votre nouveau micro-ondes high-tech, ou la rédaction d’un traité sur la défense des nains de jardin laissés l’hiver sous la neige, mais voilà, vous avez opté pour un essai qui vous amène à engager votre subjectivité. Et là, vous n’avez plus le choix : le lecteur attend de vous que vous leviez le masque de l’anonymat et que vous partagiez ouvertement votre raisonnement tel un guerrier face à la divergence d’opinions. Ainsi, il saura ce qui vous anime et sera tenté de vous suivre.

Tracez le chemin de votre reflexion

L’essai est un texte vivant, où évolueront vos idées au fur et à mesure que vous les écrirez. Cependant, même si la spontanéité et la digression sont autorisées (voire bienvenues !), n’oubliez pas que vos lecteurs tentent de vous suivre dans des conjectures que vous ne pourrez plus contrôler si vous ne mettez pas un peu d’ordre dans vos pensées, mais aussi et surtout dans leur présentation.
Il va falloir que vous domptiez votre plume entraînée par le raz-de-marée d’idées que provoque votre cerveau hypervitaminé. Alors, faites un plan, sans nécessairement créer trois parties, autant de sous-parties et de sous-sous-parties… Euh, quoique, si ça peut aider à la compréhension…

Bon, il faudrait tout de même envisager de calmer ce flux de pensées afin de donner par petites touches les informations que le lecteur est en droit d’attendre ! Pour cela, évitez de rendre un passage trop complexe par des phrases alambiquées et si longues que l’on arrive à oublier l’idée première ; ainsi, le lecteur pourra suivre le fil de votre réflexion sans l’aide d’un paracétamol.

Si vous avez mis en suspens vos idées après une page et demie d’écriture pour ouvrir la porte à votre voisine du dessus qui vient vous tailler une bavette, un petit conseil : relisez votre passage, car sa dernière leçon de claquettes a dû sérieusement piétiner le cours de votre pensée.

Lisez Montaigne
Lisez Montaigne

En livre de chevet, il y a pire ! Avant de partir à la conquête du sommeil, lisez un passage en choisissant le sujet qui vous intéresse. L’écriture de ce grand auteur est fraîche, drôle et pleine de sagesse ; elle vous inspirera certainement pour exprimer ce torrent de pensées qui vous submerge et vous éloigne depuis trop longtemps de l’ami de vos nuits, Morphée.
« Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non ma colère ; je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit. La cause de la vérité devrait être la cause commune à l’un et à l’autre. »
Montaigne

Alors, prêt à transformer l’essai ?

Je vous attends le mois prochain pour aborder un nouveau sujet, mais je n’en dirai pas plus…



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