Interview écrite

2 juillet 2012
Posté par
Marie

Rencontre avec…Hélène Magnan

Hélène Magnan, avec votre ouvrage Contre toute attente vous rejoignez le cercle des auteurs Edilivre. Pouvez-vous nous plonger dans l’intrigue de l’histoire ? Ce roman prend pour cadre le monde hospitalier et c’est sur cette toile de fond qu’est peinte toute une galerie de personnages. Nous les découvrons à travers leurs pensées par un jeu d’alternance des points de vue. Or ces individualités qui se croisent vont, contre toute attente, interférer les unes avec les autres : des rencontres décisives se produisent et bouleversent cette attente à laquelle chacun se résout un peu trop facilement. L’enjeu pour les personnages sera dès lors de quitter ce monde figé qui les entoure et les protège aussi pour d’accéder à la vie, la vraie, celle qui existe hors des murs de l’hôpital notamment.

Qu’est ce qui vous a poussé à écrire sur ce sujet ? Le vrai sujet de ce roman, ce n’est pas l’univers hospitalier. Ce thème-là n’est qu’un prétexte, un cadre que j’ai eu plaisir à peindre par petites touches précises et réalistes afin que tout lecteur puisse se dire « je connais cet endroit, j’ai vécu cette situation, on m’a tenu les mêmes propos »… Le vrai sujet de ce roman, sans aucune prétention ou ambition philosophique,  est encore plus universel que ne l’est le cadre de l’histoire : c’est le bonheur. J’ai voulu aborder ce thème pour le désacraliser ; la citation de Romain Gary placée en exergue résume assez bien la conception que j’ai voulu en donner : « Il ne faut pas avoir peur du bonheur. C’est seulement un bon moment à passer ». Le bonheur existe, mais il n’est pas une fin, un objectif ;  il peut être une récompense, un accélérateur de vie à un moment donné, mais quoi qu’il en soit il n’est qu’éphémère. Ce n’est pas grand-chose…

Pouvez-vous nous décrire Nathalie, le personnage principal de l’histoire ?
Nathalie est d’abord spectatrice de ce qui lui arrive et de son hospitalisation en l’occurrence. Son regard sur les autres et sur sa propre situation donne au roman un ton humoristique qu’on ne lui supposerait pas d’emblée.
La rencontre de Nathalie avec une vieille dame, Léopoldine, va pousser la première à réagir, à sortir de cette latence contemplative, quitte à enfreindre le règlement de l’hôpital. Nathalie, à travers les propos nébuleux de sa nouvelle amie -tantôt très lucide tantôt trompée par une mémoire vacillante-, doit comprendre que la vie oscille entre de pesantes déceptions et de petits ou grands bonheurs qui, somme toute, poussent à l’optimisme.  Il lui faut, quoi qu’il advienne, lutter contre l’attente.

Si vous deviez choisir un passage de votre ouvrage, lequel partageriez-vous avec vos lecteurs ? A mi-parcours de lecture, on retrouve Léopoldine, dans sa chambre, commentant le patinage artistique à la télévision sous les yeux éberlués de l’aide soignante qui met les propos de la vieille dame sur le compte de la sénilité : « Vous verrez, Mademoiselle, croyez-en une grande patineuse : un j’avance, deux et trois je recule. C’est le rythme. Pour sûr, maintenant j’ai passé l’âge des variantes type salto ou triple je ne sais quoi. J’en suis au salut final où le grand bond sera cette fois une conclusion ». Ce passage donne une des clés de lecture du roman : il dévoile à la fois la conception que Léopoldine se fait de la vie – un saut vers le bonheur, puis une succession de déceptions- mais il justifie aussi la façon dont les chapitres s’enchainent dans l’œuvre ; en effet la progression n’est pas chronologique – rythme 1,2,3 – mais repose sur un jeu de retours en arrière – rythme 3,1,2 – ce qui permet de confronter a posteriori les points de vue de plusieurs personnages sur une même situation.

Comment définiriez-vous votre style d’écriture ? Je m’en remets à mes premiers lecteurs pour vous répondre. Ils m’ont dit avoir lu le roman « d’une traite » – ce qui est bon signe… – car le style est « vif, entraînant ». Je reconnais en effet privilégier les phrases courtes afin de rendre les impressions des personnages. Mes préférences de ton vont à l’humour, à l’ironie et surtout à l’autodérision que le personnage principal pratique volontiers. Pour autant, le roman comporte aussi des passages plus émouvants, mais là encore une place est toujours faite au sourire car j’exclus totalement de sombrer dans le pathétique ; ce  serait un piège d’y recourir en ayant pris pour cadre l’hôpital : les lecteurs n’ont nul besoin qu’on leur rappelle qu’il n’est jamais gai d’y aller. La lecture doit rester pour moi un moment agréable, un divertissement.

Avez-vous d’autres travaux littéraires en préparation ? Je travaille actuellement à la rédaction de nouvelles à chute. L’idée est d’engager tout d’abord le lecteur sur une fausse piste, puis de le confronter à une révélation inattendue et de l’inciter enfin à reprendre sa lecture au point de départ pour en lever tous les pièges cette fois-ci.
Après, qui sait, on peut aussi imaginer un jour retrouver Nathalie, Léopoldine, Arnaud, Mathias et les autres hors des murs de l’hôpital…