Interview écrite

28 décembre 2012
Posté par
Flora

Rencontre avec Timothée Lasfargues, auteur de  » Le Berceau du Mal « 

Timothée Lasfargues,  présentez-nous votre recueil de textes Le Berceau du Mal ?
Le Berceau du Mal est un recueil comprenant une nouvelle (dont vient le titre) très sombre, un conte fantaisiste destiné plutôt aux adolescents et une quinzaine de textes à caractère poétique (je n’aime d’ailleurs pas ce mot, car il fait référence à un art que je n’ai pas l’impression d’atteindre), qui sont accessibles à tous. Ainsi, tout le monde peut se retrouver à travers ce livre, contenant 70 pages au total. La plupart des textes présentés ont été rédigés il y a quelques années (le plus récent a maintenant deux ans) ; une époque où je m’amusais à écrire tout et n’importe quoi, le plus souvent en m’inspirant du rythme de certaines chansons. Le succès de mon roman Old Tree Valley m’a poussé à faire un tri dans tout ce bazar (j’avais une bonne quarantaine de textes, dont la qualité, à mes yeux, était très inégale), à en jeter beaucoup et à ne garder que ce qui me paraissait vraiment intéressant. Ça n’a pas toujours été évident de juger par moi-même, mais je pense qu’un auteur est obligé de passer par cette étape.

Il y-a-t-il un évènement particulier qui vous a donné l’envie d’écrire ?
Pas vraiment. L’écriture est une passion que j’exerce depuis que je sais écrire. J’aime raconter des histoires, trouver les mots justes, chercher les bonnes tournures de phrase… C’est un travail vraiment passionnant et enrichissant. Et je crois avoir pris goût à l’avis du lecteur ! Ce rapport qui me lie à lui, où se mêlent à la fois l’excitation et l’angoisse, est palpitant.

Pourquoi avoir écrit le texte Le Berceau du Mal à la première personne ?
Le Berceau du Mal, titre de la nouvelle, suit l’histoire d’un pédophile dans le meurtre de sa dernière jeune victime. L’écrire à la première personne, qui plus est, du point de vue de ce bourreau, a été le moyen de relever un défi : celui d’identifier le lecteur, non pas à la petite victime, mais à son meurtrier. Je voulais présenter un type horrible, avec ses perversités, mais aussi avec ses failles, son propre vécu qui l’a conduit à être ce qu’il est. Je crois que le lecteur est surpris, peut-être même choqué, mais en même temps, il est déstabilisé car il voit tout ce qui se passe à travers les yeux d’un tueur d’enfants. Mon ambition était de marquer les esprits, je crois que c’est réussi, d’autant plus que le recueil commence par cette nouvelle. Le conte (écrit à la troisième personne), simplement nommé Un Conte Imaginaire (qui suit l’éternelle lutte du Bien contre le Mal dans un monde médiéval), et les poèmes suivants sont beaucoup moins dérangeants. Ils abordent d’autres thèmes plus universels, comme la famille, le courage et l’amitié,  la rêverie, le fantastique, l’héroïsme… Après le difficile passage de la nouvelle, leur lecture devient plus fluide, plus sereine.

Quels sont les thèmes qui vous inspirent le plus ?
Peut-être le temps qui passe, car il m’effraie. Mais aussi ce  pessimisme qui régit notre société. Je suis quelqu’un de très pessimiste, tout compte fait. Le septième art est aussi, pour le cinéphile que je suis, une très grande source d’inspiration, tout comme la musique. Je me nourris beaucoup de l’Art en général, mais un film ou une chanson peut m’inspirer un thème particulier, en fonction de mon ressenti du moment. Souvent, je pars marcher dans les rues, en quête de nouvelles idées. Je suis sensible aux décors dans lesquels je peux me retrouver. Et si une idée germe dans mon esprit et qu’elle y reste lorsque je rentre chez moi, alors j’estime que c’est une bonne idée qui mérite d’être exploitée. 

Pourquoi ce changement de registre, alternant de la nouvelle au conte fantaisiste, en passant par les poèmes ?
Je voulais varier les plaisirs, offrir quelque chose d’original au lecteur. J’aime m’essayer à de nouvelles formes d’expression, ce qui me permet de ne pas sombrer dans une certaine routine. Le recueil lui-même renferme différents styles d’écrits, puisqu’il regroupe une nouvelle, un conte et des poèmes. Les thèmes abordés eux-mêmes, tout comme le public visé, varient selon les textes. C’est très important de ne pas se condamner soi-même à un registre particulier : il faut savoir se diversifier, proposer sans cesse des choses différentes. Je préfère étonner le lecteur plutôt que de le  lasser.

Pourquoi avoir choisi d’écrire ce recueil plutôt qu’un roman ?
L’expérience du roman venait d’être faite avec Old Tree Valley. Il était temps de changer, de proposer autre chose. J’ai envie de toucher à tout, de m’essayer à différents registres littéraires. C’est ma façon de surprendre mes lecteurs, et le meilleur moyen de les surprendre est encore de me surprendre moi-même. Mais je n’abandonne pas le roman pour autant : je suis en train d’écrire la suite d’Old Tree Valley. Mais alors que celui-ci était de l’aventure fantastique, le prochain sera de l’anticipation. Le refus de la répétition est mon véritable leitmotiv.