Interview écrite

14 mars 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Thierry Gerdolle, auteur de « Norge »

Thierry_Gerdolle_EdilivrePouvez vous introduire Norge au lecteur ?
L’homme, André Martinien, P.D.G. d’une grande société d’import-export, est gâté par la vie puisque tout lui sourit. Des enfants en bonne santé, une compagnie qui tourne bien, une femme adorable. Pourtant, il lui manque quelque chose, il ne le sait pas vraiment en montant sur ce bateau de croisière, mais il s’ennuie de cette vie ronflante. Il a envie d’action, de se faire peur, mais plus encore, un but, un défi pour ne pas s’encrouter. Le suicide de l’ado que personne ne connait va réveiller en lui le côté aventurier et fougueux.
L’adolescent, Henrick Amundsen, jeune norvégien de 17 ans aux cheveux châtain clair et aux yeux bleu nordique, est l’opposé d’André Martinien. La vie ne l’a pas épargné. Son père et sa mère sont morts dans un attentat. Il se sent seul et démuni, alors il se lance à la recherche de son frère, plus jeune que lui, disparu lors d’une fugue suite à une dispute avec ses parents. Il va fréquenter un milieu glauque lui qui voudrait retrouver une certaine sérénité et reconstruire un semblant de famille avec son jeune frère.
Les deux hommes vont se chercher, se croiser parfois, mais vont-ils finir par se trouver ? Deux enquêtes parallèles dans un monde parallèle.

Peut-on intégrer votre roman à la littérature de voyages ?
Dans le sens où ce roman vous fait voyager dans ce merveilleux pays qu’est la Norvège (Norge en norvégien) et plus encore dans les fjords pour une partie de l’histoire, alors oui pourquoi pas.
Malgré tout, ça reste une intrigue, policière, familiale, qui se déroule au beau milieu des fjords.
J’ai eu cette chance de faire cette croisière et de m’imprégner de l’atmosphère que pouvait avoir ce genre de voyage organisé.
Pendant toute l’écriture du roman, je me suis énormément documenté sur les villes et ses alentours essayant de reproduire le plus fidèlement possible par l’écriture les lieux, les ambiances.

Pourquoi avez-vous choisi le thème de la navigation ?
Avant tout, j’adore le bateau sous toutes ses formes. Qu’il soit à voile ou à moteur, je trouve que c’est un moyen de locomotion paisible, qui prend son temps, (excepté les hors-bords), qui épouse avec harmonie le lieu sur lequel il repose.
Je  peux les regarder passer ou être dessus, je ressens comme un bien-être, une béatitude que je ne m’explique pas.
Il y a aussi cette notion de courage. Etre sur une coquille de noix ou sur un gros bateau au beau milieu d’une mer en furie, il faut avoir une certaine dose de courage et d’amour pour voguer au sein de ce milieu hostile qu’est la nature sauvage, indomptée.
Alors, lorsque je suis monté sur ce paquebot magnifique, que je me suis retrouvé seul sur le pont supérieur le soir tard quand les autres passagers faisaient la fête, j’ai regardé l’océan noir, puis les ampoules scintillantes sur le pont et j’ai imaginé l’histoire de Norge.

Le sujet du voyage n’est-il pas la métaphore d’une thématique existentielle dans votre ouvrage ?
Absolument. Les deux personnages principaux inspirent à une vie différente. Pas forcement meilleure pour André Martinien, comblé par sa réussite professionnelle et familiale, mais il s’ennuie dans sa routine quotidienne. Il a besoin de « voyager », de rêver à nouveau, de construire une nouvelle vie. La question est : peut-on se créer une vie nouvelle à 60 ans ? Tout plaquer pour se réédifier à nouveau ? C’est la question que se pose André Martinien. Mais tout n’est pas aussi simple pour cet homme intelligent. Ne fait-il pas preuve d’égoïsme en pensant de la sorte par rapport à sa femme, ses enfants, ses collaborateurs ?
Pour ce qui est d’Henrick Amundsen, c’est différent. Il se sent responsable des événements. Il part à la recherche de son frère dans l’espoir de recoller les morceaux d’une famille détruite par des événements tragiques.
Tous les deux entament un nouveau voyage, mais sont-ils sur le même « bateau » ?

Votre ouvrage est-il autobiographique ?
Non, mais peut-être au plus profond de moi n’y a-t-il pas un désir de « voyage » et d’aventures ?
L’autobiographie, c’est raconter son histoire passée, je n’ai pas encore 60 ans, alors allez savoir…

Quels ouvrages vous inspirent ?
J’aurais préféré vivre et Je le ferai pour toi de Thierry Cohen sont deux romans qui m’ont énormément plu et qui m’ont inspiré cette histoire de Norge.
Les livres qui touchent sur la condition humaine sont mes thèmes préférés.

Un dernier conseil pour vos lecteurs ?
Se poser (et se pauser) dans un bon fauteuil, enfiler un gilet de laine, boire un thé vert bouillant avec un peu de miel, écouter d’une oreille distraite de la musique classique, et vous êtes prêt pour un voyage mouvementé sur un magnifique bateau de croisière dans les fjords de Norvège (Norge).
Vous pourrez peut-être aider André Martinien à résoudre cette énigme : mais pourquoi ce jeune garçon aux cheveux châtain clair qui ne portaient qu’un teeshirt bleu léger, ce genre de sweat passe-partout et peu couteux, a t-il enjambé la rambarde de bois et sauter dans l’eau glacée de l’océan ?
Ou alors, se prendre d’amitié pour ce jeune ado, Henrick Amundsen, à la recherche d’un frère, d’une famille, d’amis.
Dans tous les cas, je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt pour de nouvelles aventures !