Interview écrite

Rencontre avec Simon Ngono, auteur de « Les Débats télévisés dans l’espace public au Cameroun »
11 octobre 2017
Posté par
Flora

Rencontre avec Simon Ngono, auteur de « Les Débats télévisés dans l’espace public au Cameroun »

Simon Ngono (3)Présentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?

L’ouvrage s’intéresse à la question des débats télévisés dans le contexte socio-politique camerounais marqué par une apparente « libéralisation » et des rémanences d’autoritarisme. Plusieurs questions y sont abordées : comment la parole médiatique s’est-elle libérée au Cameroun ? Peut-on parler d’espace public, au regard de la démultiplication des émissions de débats dans les chaînes de télévision au Cameroun ? Si oui, quelle est la nature de cet espace public ? Qui sont les acteurs qui y opèrent ? Quelles sont les logiques médiatiques qui concourent aux invitations de ces acteurs ? Pour avoir des réponses à toutes ces questions, nous avons réalisé de nombreux entretiens semi-directifs auprès des acteurs (animateurs de débats, journalistes, universitaires, hommes politiques, membres de la société civile, etc.) qui opèrent dans les débats télévisés au Cameroun. L’ouvrage, en lui-même, s’articule autour d’un tritype où la première partie est un aperçu historique du concept d’espace public au Cameroun depuis l’indépendance, de 1960 à nos jours. La deuxième partie aborde les questions liées aux enjeux (individuels, persuasifs et référentiels) des débats télévisés au Cameroun. La troisième et dernière partie de notre ouvrage est une exploitation efficiente des données recueillies sur le terrain. Elle met en évidence les jeux entre différents acteurs et les rapports de force qui les (re)lient.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

J’ai voulu travailler sur les débats télévisés pour plusieurs raisons. La première est qu’il s’agit d’un phénomène qui tend à se généraliser dans les chaînes de télévision au Cameroun. Notre projet était de questionner cet objet en profondeur. La deuxième raison se justifie par le manque de travaux scientifiques se rapportant aux débats télévisés et à l’espace public au Cameroun. Très peu d’études s’intéressent à ce couple conceptuel. Notre contribution, somme toute modeste, apparaît comme une volonté de combler un manque mais aussi de proposer des pistes qui seront explorées et prolongées par d’autres chercheurs.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?

Le livre s’adresse à tout lecteur en quête de savoirs et curieux de comprendre l’écologie des débats télévisés camerounais, à partir de leur structuration, les ressorts et logiques d’acteurs à l’œuvre. Il est particulièrement destiné au public universitaire (étudiants, chercheurs, etc.).

Quelles sont les principales qualités de votre livre ?

Le livre est rédigé dans un style digeste. Il est donc accessible à tout lecteur. Il s’alimente d’une certaine forme de pédagogisme utile aux chercheurs et aux étudiants. À partir de son objet d’étude (les débats télévisés) qui, de notre point de vue, reste inanalysé au Cameroun, l’ouvrage apporte une plus-value heuristique dans le vaste champ des Sciences de l’Information et de la Communication au Cameroun et par ricochet en Afrique.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?

La spécificité des débats télévisés camerounais est que depuis toujours, il y a une certaine mainmise de l’État qui favorise un climat d’auto-sanction ou de silence mû en langue de bois de la part des acteurs supposés être en opposition de phase avec le discours officiel. À partir des débats télévisés, il s’en dégage le terrain parfois inavoué des castings qui président aux choix des intervenants lors de ces débats et qui est souvent influencé par l’aspect mercatique.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Je m’inspire du contexte socio-politique et médiatique camerounais. C’est ce contexte qui fait partie de l’objet privilégié de mes observations et m’amène à questionner les dynamiques émergentes, les tendances lourdes, les rapports et les enjeux des acteurs.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

Parallèlement à mes recherches doctorales, je prépare aussi un essai sur « La tolérance administrative envers les médias audiovisuels au Cameroun ». Je compte le publier au courant de l’année 2019. Par ailleurs, j’ai fini le manuscrit de mon premier roman intitulé « L’envie de partir ». Il sera publié dès que possible.

Un dernier mot pour vos lecteurs ?

Je souhaite que mes lecteurs puissent me lire, qu’ils comprennent les subtilités des pensées développées dans l’ouvrage et qu’ils fassent des critiques constructives. C’est à partir de ses dernières qu’on pourra prolonger la réflexion au sujet des débats télévisés dans le contexte camerounais.