Interview écrite

20 mai 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Saïd Belmabkhout, auteur de « Les lauriers d’Isabelle »

Présentez-nous votre ouvrage
Un roman qui réveille les souvenirs d’un indigène. Une partie de l’histoire à dévoiler, des événements durant les années du protectorat. C’était au début du vingtième siècle ; où deux pays et deux cultures devaient cohabiter durant ce temps. Une tranche d’histoire vécue, avec ses moments forts, ses sentiments et ses contacts. Contacts entre indigènes et ceux qui venaient s’installer dans un autre pays au sud. Les uns les avaient reçus à bras ouverts, d’autres étaient obligés de cohabiter avec eux durant quelque temps, alors que d’autres étaient tout à fait contre.

Le conteur est fils d’indigène, il s’appelle Rachid. Il va conter l’histoire de Zahra, la jeune épouse du soldat Fateh. Ce dernier sitôt marié, s’était engagé de plein gré pour aller défendre le pays du colon. Gustave s’installa dans une belle résidence, à côté de sa grande vaste ferme, qui était jadis des terres collectives, la terre de ceux qu’on appelait indigènes, qui depuis des siècles était leur terre.
Des années durant ; indigènes et colons se côtoyaient. Ils avaient des relations marchandes et non marchandes, bon voisinage, amitiés et même alliances parfois, mais aussi des ennemis dans certains cas. Zahra, était encore jeune, une très belle fille, mais veuve et fidèle, car elle ne voulait pas se remarier. Elle voulait rester fidèle à son amour, le combattant Fateh. Un artiste, fils de colon, allait lui léguer toute sa fortune qu’il avait héritée, en guise d’expiation. Le fils de Sidi Ali, Rachid, va raconter pas mal d’événements vécus durant son enfance au bled, mais aussi durant son parcours au pays et à l’étranger, au-delà des frontières en face d’une autre culture et avec Sylvie comme épouse.
Isabelle et Gustave faisaient un couple de colon dans une ferme à côté des indigènes. Gustave, avait un but : faire fortune dans cet exil volontaire, Isabelle, qui avait d’autres ambitions et d’autres principes le suit malgré elle.
Il parait que justice a été faite pour Zahra. La femme avait refusé carrément le projet du mariage par un autre homme, parce qu’elle aimait encore Fateh. Ce jeune homme, qui l’avait laissé seule, s’était engagé pour défendre le pays du colon.
Et cet artiste, Zahra ne savait rien de son histoire. Il lui avait légué ses biens. Sitôt rencontrées, ils n’avaient pas eu le temps de se connaitre davantage, juste une journée au bord de la rivière et quelques heures en route tous les deux.
Zahra était la dernière femme avec laquelle cet artiste avait passé des moments inoubliables. Il n’avait pas touché le corps de cette très belle femme ; mais son plaisir c’était ce tableau qu’il avait dessiné avec ses pinceaux et la peinture, et celle qui était devant lui.. Quels étranges sentiments !
Etait-ce un regret d’être fils de colon ! Afin de réparer tout ça, fallait-il faire ce qu’il avait fait ? Il se disait que cette fortune héritée était la cause de malheur à beaucoup d’indigènes, ceux qui avaient perdu leurs terres…
Je m’arrête ici pour vous laisser prendre ma place pour recueillir ce que Rachid raconte, sa vie, son enfance, son douar, ses craintes et ses espérance, sa vie entre deux pays et deux cultures enfin ses personnages.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Amateur de la littérature francophone ; avec une double culture, française et arabe ; j’essaie de partager avec les autres, par l’écriture les mots, par l’écriture en français et en arabe, par la traduction des œuvres, dans un monde où il n’y a plus de barrières, pour aller virtuellement vers les autres, du sud comme au nord de l’est à l’ouest. Je vis dans une ville ouverte à toutes les cultures depuis des siècles, et depuis ses premiers contacts avec les personnes étrangères qui arrivent en touristes à El Jadida (Mazagan) ; tout en m’accrochant à ma propre culture, je tiens à être ouvert aux autres. Ce roman raconte le parcours d’un indigène, mais en fait, il aborde le dialogue entre deux cultures…

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Ce roman s’adresse aux francophones.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Au début de ce roman j’avais cité des paroles Jalal Eddine Roumi : «Le clair de lune pénètre à la pièce à la mesure de l’ouverture, même si sa lumière se répand partout, de l’orient à l’occident ». Ce roman vise l’amour, le respect de l’autre et sa culture…

Où puisez-vous votre inspiration ?
De la vie, de la nature, la méditation et la lecture.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
En plus de l’écriture de ce roman, j’ai publié la traduction du roman « La civilisation ma mère » de Driss Chraïbi », édité par Ibdaat Alamia, Koweït, 2014. Chraïbi est écrivain née à El Jadida, ma ville. Cette traduction a connu un très grand succès, c’était une occasion pour faire connaitre ce grand écrivain aux lecteurs arabophones. J’avais traduit plusieurs œuvres en cours de publications, j’ai écrit un roman en arabe, et un recueil de nouvelles en cours…

Un dernier mot pour les lecteurs ?
«On peut fonctionner avec toutes les langues, mais à condition, il faut le bien faire », c’est ce que Khair-Eddine avait dit comme réponse à une collègue dans une émission de Bernard Pivot. Entre deux cultures, j’essaie à travers les deux langues par l’écriture, favoriser le partage de ces deux cultures… Pour tous les lecteurs passionné(e)s par la lecture, voilà un ouvrage plein de suspens, d’amour, d’humour… Je vous souhaite bonne lecture.