Interview écrite

16 mai 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Raymond Delattre, auteur de « Bric-à-brac »

Où habitez-vous ?
J’habite à Liège et je suis Belge (francophone).

Présentez-nous votre ouvrage 
Je qualifie volontiers les différents textes de mon recueil de « néo-surréalistes » (car le véritable surréalisme ne saurait plus exister à une époque comme la nôtre, où la réalité dépasse très souvent la fiction). Ce sont des « petits poèmes en prose » d’une inspiration passablement impersonnelle et objective : je n’y mets donc pratiquement rien de ma propre existence. On y trouve beaucoup de fantaisie et certains passages peuvent sembler volontairement « anti-littéraires » : ma créativité prend la forme qui lui convient le mieux, en expression spontanée. Le non-sens évident de ces pseudo-récits au déroulement invraisemblable, fait qu’ils ne peuvent pas être romanesques (bien que fictifs) : il s’agit vraiment d’une écriture onirique,… donc de poésie, même si certains passages peuvent sembler parfois quelque peu dadaïstes ou d’un style trop « populaire ». L’abandon que j’y fais de la versification au profit de la prose s’explique surtout par un désir de me singulariser par rapport à une grande partie de la poésie contemporaine, souvent trop « musicale » ou même trop proche de la chanson à mon goût. Autrefois je n’écrivais pratiquement que des poèmes en vers (rimés ou blancs), d’une certaine musicalité et très subjectifs, liés presque uniquement à ma vie ou à mon expérience personnelles : je fais le contraire ici (et aussi dans mon prochain recueil, en préparation).

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
J’ai rédigé « Bric-à-brac » surtout pour m’amuser. J’écris pour le plaisir d’écrire avant tout, ce qui n’exclut pas certains efforts, des recherches patientes, une mise en forme minutieuse du texte ou le désir de bien faire. Mais pour moi la poésie ne saurait pas être un métier, une profession : ce serait la dénaturer… Plaisir d’écrire ne signifie pas absence de gravité, puisque la Société ne se porte pas très bien et qu’on est occupés à détruire toutes les ressources de la planète, notamment à cause de la surpopulation et aussi parce qu’on se crée de nouveaux besoins sans cesse plus nombreux. On est donc en train de scier la planche sur laquelle on est assis; alors qu’il n’existe plus d’échappatoire, pas de mondes nouveaux encore suffisamment « vierges » où pouvoir émigrer, comme ce fut le cas dans les siècles passés. J’insiste donc parfois sur le fait que se posent aujourd’hui à l’Humanité des problèmes qui n’ont jamais existé par le passé, même récent. Mais les personnages contemporains que je mets en scène n’en continuent pas moins à aimer la vie, comme je le fais moi aussi, et ils rêvent volontiers qu’on pourra trouver des solutions à ces problèmes.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Le style n’en est ni prétentieux ni hermétique. N’importe qui est donc susceptible de le lire. Encore faut-il pouvoir apprécier une écriture aussi particulière et personnelle que la mienne dans cette œuvre et pouvoir éprouver quelque intérêt pour les sujets que j’y aborde ainsi que pour la manière dont je les traite. D’un point de vue plus général, je sais que la poésie contemporaine attire assez peu de lecteurs, car elle n’est pas faite pour séduire ni pour amuser (contrairement au roman ou au théâtre, par exemple). Mais cette absence d’hypocrisie et de caresses dans la façon de s’adresser au public, sa sincérité fait aussi la force de la vraie poésie. Heureusement je dispose de plusieurs cordes pour mon arc et je pense que mes poèmes intéresseront encore plus de monde si je me fais aussi connaître prochainement par des écrits d’un genre très différent, comme j’en ai l’intention.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Il faut aimer la liberté et refuser de vivre dans un monde qui ne comprendrait plus que des contraintes et de l’ennui. Il faut oser choisir de faire ce que l’on veut et ce que l’on aime, même si les esprits normatifs et conventionnels essaient de vous démontrer que la voie que vous avez suivie ne vous mènera nulle part. En étant soi-même suffisamment libre, on incite les autres à aimer aussi leur propre liberté, et on peut créer ainsi un effet « boule de neige » !

Où puisez-vous votre inspiration ?
Je trouve mon inspiration sans trop de difficultés, en revisitant à ma façon (très particulière) de vieilles légendes, ou en mettant en scène des anti-héros uniquement occupés à poursuivre leur chimère personnelle (car la société qui les entoure ne présente guère d’intérêt pour eux) ou des cosmonautes paumés dans un Espace sans vie ou des poètes et des chanteurs contemporains pour qui la création n’est bientôt plus un plaisir et devient même un calvaire… Je dispose donc d’une gamme assez étendue de thèmes, mais je les traite tous de manière tout-à-fait personnelle.
Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Je prépare actuellement un second recueil de poèmes en prose nommé «Des étoiles de poussière incandescente ». Dans un domaine très différent, ethno-historique celui-là, je revois des notes anciennes, je les complète et les mets à jour pour publier un essai sur les « Langues et origines des peuples de l’Europe antique; influences sur les langues actuelles ». Je termine aussi un « Atlas historique mondial des peuples depuis 2000 avant notre ère jusqu’à l’an 2000 », avec des centaines de cartes géographiques et en plusieurs volumes.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Bonne lecture !