Interview écrite

Rencontre avec Patricia Duterne, auteur de « Bulles de Vies »
10 décembre 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Patricia Duterne, auteur de « Bulles de Vies »

Patricia_Duterne_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
Elisa, depuis sa tendre enfance, vit des moments inoubliables au sein de la maison familiale de ses grands-parents. Lieudit, appelé le « Verger ». Elle se promène dans cet espace et raconte des épisodes qui ont marqué les uns et les autres. L’originalité de ce livre est le concept de « Bulles » que je peux comparer à des tableaux vivants. Les sentiments et le « ressenti» occupent la première place. Ce roman se conte sous forme de petites nouvelles s’entrecroisant. Chacun prendra la parole, que ce soit le chien Pix, Tatie Jeanne ou le « Verger ».

Les personnages de votre roman sont-ils la représentation de votre famille ?
J’ai eu la chance de passer des moments merveilleux, ou d’autres moins amusants, dans la propriété de mes grands-parents paternels. C’est elle qui a inspiré le lieu de l’histoire. J’ai souhaité rendre un petit hommage à mon grand-père maternel, Pimpon (Gaston Mersch), Colonel Bem à la force aérienne Belge. Il a été, pour moi, un personnage essentiel. Il m’a appris le sens du mot « famille ». Son enthousiasme à recevoir sa tribu, à se rendre chez l’un ou l’autre, sa curiosité du monde et des gens, sont autant de traits de sa personnalité qui m’ont toujours séduits. Pour le reste de l’histoire, je me suis inspirée en partie d’anecdotes et les ai distillées au gré des « Bulles ». Il ne s’agit en aucun cas d’un roman autobiographique ou narrant la vie de ma famille.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Ces « Bulles » s’adressent à tous ceux qui ont envie d’un peu de tendresse, de calme. Aux personnes qui croient, ou qui veulent retrouver, une valeur sûre : la famille. Ce roman plaira à tous ceux qui ont besoin d’autre chose. Pas d’hémoglobine, pas de suspense insoutenable, pas de violence. Un monde serein qui nous emporte comme une caresse.

Comment s’est déroulé le choix de votre couverture ?
J’ai eu un flash. J’ai vu Elisa lors de l’écriture. Petite, rousse, joyeuse. Je désirais donner une belle place à celle qui est à la base de ce roman. La photo devait respirer la douceur et la joie de vivre. La petite fille façonne ses bulles. Tout un symbole. Bien sûr, j’aurais pu photographier la propriété « réelle » qui accueille tous ces personnages. Un petit tour dans le village m’a emmenée devant ses grilles, seuls témoins d’une autre époque. Les souvenirs de mon enfance se sont heurtés à la modernité.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?
Nous vivons dans une époque où tout va trop vite. Les gens ne prennent plus le temps de plaisirs simples. Il n’est pas rare de trouver les membres d’une même famille, isolés, l’un avec une console, l’autre avec une tablette. Chacun perdu dans son monde ne portant plus attention à l’autre. Ici, je mets en avant l’importance de ces instants partagés, de ces échanges entre générations. Je dépose la famille au centre de la vie, des préoccupations de chaque personne. Tout n’est pas rose. Nous ne sommes pas dans un monde de Bisounours. Igor, l’un des protagonistes, est un jeune déchiré. Il a vécu une histoire douloureuse. Sa « nouvelle » famille va lui permettre de se retrouver, de s’épanouir. Loin de moi, l’idée de gommer l’existence des familles fragilisées, pour toutes sortes de raisons, brisées par la vie.

Où puisez-vous votre inspiration ?
En débutant l’écriture de ces « Bulles de Vies », j’avais bien en tête la construction de l’histoire. Les personnages se sont imposés peu à peu au gré des lignes. J’ai besoin de « voir » les personnages avant de leur donner vie. Je dois avoir le sentiment de les connaître et de les aimer. J’ignorais où ils allaient me mener. Très vite des visages se sont dessinés, des situations sont remontées du fond de ma mémoire. Certaines sont restées à l’état brut, c’est-à-dire, comme je les ai vécues, ou entendues. D’autres, au contraire, ont constitué le point de départ d’une anecdote. Je n’avais pas assez de matière pour réaliser tout un roman. J’ai donc laissé voguer mon imagination. Parfois, j’avais l’impression que mes doigts couraient tout seul sur le clavier indépendamment de mes pensées….

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Je termine l’écriture d’un deuxième roman. Le style est différent. Mais ici encore, les liens familiaux occupent une place prépondérante. Je ne désire pas encore trop en dévoiler, souhaitant, dans un premier temps, laisser mes « Bulles de Vies » prendre leurs envols.

Pour finir, quelle est votre plus belle « bulle de vie » ?
C’est une question piège ! Je pense que beaucoup de « Bulles » peuvent être belles à des titres forts différents. Celle qui m’apporte le plus de bonheur, actuellement, est sans nul doute ma « Bulle d’écriture ». C’est une aventure qui me permet de faire beaucoup de belles rencontres. J’ai vécu des moments difficiles et je pense que la sortie de mon premier roman me donne l’opportunité de me retrouver. Voici trois ans j’ai été emportée par un tourbillon fort négatif. J’ai perdu ce qui faisait mon quotidien depuis plus de vingt ans. J’ai mené un combat auquel je croyais et qui a laissé la place au vide. Quel sens redonner à ma vie ? L’écriture m’a donné une nouvelle force, m’a ouvert d’autres portes. Je souhaite qu’elle me porte encore loin. J’ai également commencé des démarches afin que mon roman soit adapté en braille et en grands caractères. Je souhaite qu’il soit accessible à un maximum de personnes.