Interview écrite

9 mars 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Nicole Bastin, auteure de «Moi Timothée»

Dans quelle région habitez-vous ?
Alors, Clément (Picon, l’illustrateur du livre) et moi-même, nous sommes tous les deux
originaires de la région Parisienne. J’habite personnellement à Clamart, avec mon mari,
nos 3 enfants (2 garçons à nous + ma grande belle-fille) et nos 3 chats! Vous verrez, c’est
important pour la suite.

Présentez-nous votre ouvrage ?
Il s’agit du journal intime d’un petit garçon prénommé Timothée. Il rentre en CM2, il est
petit, plutôt timide, il a horreur de se mettre en avant. Il adore son chat et son grand-père.
C’est aussi un amoureux des livres, de la nature et un incurable optimiste.
Avec un humour bien à lui, Timothée nous parle de sa grande demi-soeur, de son petit
frère qui est une vraie tornade, de ses mésaventures à l’école, de ses copains, du monde
qui l’entoure. C’est à la fois tendre et drôle.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
En fait, tout a commencé lorsque j’ai perdu mon premier chat. Il a disparu pendant très
longtemps, j’en étais malade. Et quand il est revenu après 4 mois d’absence, je ne sais
pas pourquoi, j’ai imaginé ce qu’il pourrait se passer dans la tête d’un enfant qui perd son
chat et comment en le retrouvant, il aurait grandi et le chat aussi.
C’est comme ça que Timothée est né.
À lui tout seul, il est un patchwork de ma famille recomposée. Timothée a l’âge de ma
belle-fille et le vécu de mon grand garçon, en revanche, ce sont mes émotions qu’il
éprouve.
Après, je tenais absolument à ce que des images viennent ponctuer ses écrits donc j’ai
contacté Clément, un ami graphiste dont j’adore le travail et on a bien besogné. Il nous a
fallu 6 mois en tout pour créer l’univers, tous les personnages et bien sûr Timothée, lui même.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Sans hésiter, je dirais de 7 à 77 ans. Moi Timothée illustre à la fois le décalage mais aussi
les ponts entre les générations. C’est donc un livre idéal pour une lecture familiale car
chacun y trouvera son compte, les adultes comme les plus jeunes.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Avec Clément, nous voulions insister sur la frontière entre l’enfance et l’adolescence et
souligner à quel point elle est ténue. On voulait aussi dire que, lorsque l’on grandit, on a
absolument besoin de nos aînés mais aussi de s’en détacher pour mieux se trouver soimême
et que l’on ne peut pas être toujours le spectateur de sa propre vie. Les
événements se bousculent autour de Timothée pour l’ancrer dans la réalité et ce n’est pas
facile pour un rêveur et un hypersensible comme lui.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Alors là, pas besoin d’aller chercher bien loin, mes enfants sont une source inépuisable
d’inspiration ! Leur fraîcheur, leur candeur et leur façon de se comporter sans détour…
Mais, avec Clément, on a aussi mélangé nos souvenirs de nos grands-parents pour créer
le personnage de Papily, par exemple.
Pour Hermione, bien sûr, on s’est servi de nos chats. Clément en a un, lui aussi, donc à
nous deux, cela faisait 4 spécimens félins à observer et tout autant de bêtises à savourer.
Et puis, je dois avouer que ma propre maladresse, également, a donné lieu à bien des
textes…
Sinon, visuellement, pour les illustrations, je citerais 3 références, principalement.
Pour les teintes souvent très chaudes, le traitement quasi pictural de l’illustration, la
simplicité des traits et, en même temps, la profondeur du propos: Oliver Jeffers.
Pour le lien entre les générations, la douceur des sentiments et le grain de folie
ambiant: Là-Haut (Pixar) mais aussi l’ensemble de la filmographie de Wes Anderson.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
En ce qui me concerne, pour l’instant, je travaille beaucoup pour mon site Mi-kids Mi-raisin
où j’évoque les tabous et les messages cachés dans les programmes pour enfants
et la littérature jeunesse. C’est un peu du journalisme d’investigation à la maison!
J’aimerais aussi écrire la suite d’une nouvelle que j’ai publiée l’année dernière.
Mais sinon, avec Clément, on a surtout hâte de s’attaquer aux prochaines aventures de
Timothée!

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Alors, déjà, je tiens à dire qu’une histoire vraie se cache derrière chaque histoire de
Timothée. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les péripéties de sa maman.
Donc, lorsqu’elle se retrouve coincée sous un meuble ou débordée par des petits vers, ne
pensez pas que j’ai une imagination débordante, c’est simplement du vécu !
Sinon, pour revenir à des sujets plus sérieux, je pense que l’enfance est une période
fragile et délicate et que nous vivons dans un monde faussement libéré. En réalité, nous
évoluons, pour la plupart d’entre nous, dans des sociétés extrêmement rigides, où l’on
passe son temps à mettre des étiquettes et des pressions à la fois sur les filles et sur les
garçons. On leur dit ce qu’ils doivent faire, penser, comment ils doivent s’habiller, quelles
activités ils doivent aimer… C’est un immense gâchis. Non seulement parce que cela nuit
à leur bien-être (un enfant a besoin de structure, pas d’oeillère ni de camisole), mais
également parce que cela appauvrit, de fait, la créativité et la richesse de l’ensemble de
nos cultures.
Alors, sans aller jusqu’à dire, comme Loulou le Pou que « Le fouillis, c’est la vie« , je pense
qu’il y a tout de même quelques barrières que l’on pourrait faire tomber.
Voilà. Sur ce, j’espère vous avoir donné envie, je vous remercie d’avoir lu cette petite
interview et je vous souhaite une très bonne lecture !