Rencontre avec...

20 janvier 2012
Posté par
Marie

Rencontre avec… Monique Minvielle

 

Monique MINVIELLE, vous avez déjà à votre compte trois ouvrages publiés chez Edilivre. Paysages et états d’âme dans le Grand Meaulnes, Le Château de Morte Colombe et L’Alouette et le rat dégoût et autres nouvelles.

– Existe-t-il un trait commun entre ces trois ouvrages ?

Dans mes trois ouvrages, de genre littéraire pourtant différent, on retrouve les thèmes lyriques et la tonalité élégiaque du Romantisme : nostalgie d’un paradis perdu, sentiment de vivre toujours avec un vide, une absence, attachement à l’intimisme, correspondance entre la nature et les états d’âme, rêve, quête obstinée de l’Amour, idéalisme, goût pour l’analyse des sentiments, prédilection pour la mélancolie, les brumes, le mode mineur.

-Quels sont les thèmes qui vous inspirent le plus ?
– Deux thèmes sont dominants dans mon œuvre romanesque: l’abandon et le double.
Les nouvelles et le Château de Morte Colombe sont une illustration et une analyse des conséquences d’un abandon vécu dans l’enfance: sentiment d’être étrangère, manque de confiance en soi, méfiance systématique, somatisation, risque d’addiction, difficulté, voire impossibilité de croire en l’amour, pessimisme et mélancolie.
Mes deux ouvrages sont une variation sur ce thème. Dans les nouvelles, écrites en premier, je me sers du conte, des mythes, des métaphores.
Dans le château de Morte Colombe, je privilégie l’écriture analytique.

Le deuxième thème est celui du double. Tous mes personnages féminins ont deux visages. L’une incarne une vision tragique, pessimiste de la vie. Mélancolie est son paysage.
L’autre est plus solaire, toujours en marche. C’est une hédoniste, une résistante, une résiliente qui veut garder l’espoir, qui ne veut pas renoncer à l’amour ou tout au moins qui est curieuse de savoir ce qu’elle va trouver au bout de son voyage.

-Quels sont vos secrets pour trouver l’inspiration ?
-Mon vécu et mes lectures sont mes principales sources d’inspiration.
La lecture nourrit mon écriture. Sans ma rencontre avec ces âmes-sœurs rencontrées dans les livres, je n’aurais sans doute jamais écrit.
Il arrive parfois qu’un événement, un rêve, une rencontre, une réflexion me donnent le désir d’écrire une histoire. Je ne cherche pas l’inspiration. Ecrire obéit plutôt à une impulsion. Quand elle est née, elle ne me quitte plus. La marche favorise ce processus d’élaboration. L’ouvrage mûrit jour après jour et quand il est parvenu à maturité, je commence le travail d’écriture. Je sais toujours comment le récit se terminera. Ainsi, j’ai d’abord écrit le dernier chapitre du Château de Morte Colombe car je savais où je voulais amener Augustine au bout de son long voyage intérieur.

-Que cherchez-vous dans l’écriture ?
-J’écris pour fixer ce que j’ai compris, dénoué, pour ne plus jamais l’oublier. Ecrire pour ne plus ressasser les mêmes questionnements. Ecrire pour passer à autre chose.
L’écriture, pour moi, n’est pas une thérapie. Il faut, au contraire, que je sois sortie de la souffrance pour pouvoir écrire.
Ecrire un livre, c’est aussi laisser, après sa mort, une trace de son passage.

-Selon vous, quelle est la fonction première d’un livre ?
-Une invitation à un voyage intérieur vers plus de lucidité. Il révèle ce qui était caché derrière les non-dits, les mensonges, les silences, les niaiseries de langage, les formatages familiaux et sociaux. Il livre ce qui reste quand toutes les illusions sont tombées, que les voiles et les masques sont levés.

Avez-vous un prochain livre en cours ?
Des pistes mais pas d’ouvrage parvenu encore à maturité…