Interview écrite

10 juin 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Maribé, auteur de  » Ange gardien, un boulot d’enfer « 

Maribé_EdilivrePourriez-vous introduire votre ouvrage en quelques mots ?
La période de l’adolescence est un moment difficile pour les parents comme pour les ados eux-mêmes, la communication est difficile voire absente ou mal interprétée. Il n’y a pourtant jamais eu autant de possibilités pour le faire. A l’heure où chaque minute est comptée, on en oublie parfois que nos proches ne sont pas virtuels mais faits de chair et de sang, avec des émotions et des besoins réels. Brice et Aqueline vivent dans un milieu familial en crise qui les déstabilise. Ils se sentent perdus, incompris, différents des autres. Aux prises avec leur propre mal-être, ils sont solitaires et malheureux. Leur rencontre va donner à leur vie un éclairage nouveau. En compagnie d’un ange gardien un peu particulier, ils vont traverser ensemble des épreuves difficiles et tenter de rétablir une communication rompue avec leurs proches. Ce cheminement leur fera prendre conscience de l’importance d’ouvrir son cœur à l’autre et mettra en lumière de nouveaux horizons emplis d’espoir.

Quel message cherchez-vous à transmettre ?
Je ne cherche pas à transmettre de message mais si je le fais, tant mieux. Je veux avant tout offrir à mes lecteurs une pause dans leur quotidien, un moment où l’humour, la joie, les coups de gueule, la tendresse et l’espoir se côtoient, je veux leur offrir une bouffée d’oxygène, un antidote contre la grisaille.

Comment avez-vous commencé à écrire ?
Ma passion de l’écriture date de l’enfance. J’étais de nature timide, mes amis c’étaient les livres. Je m’identifiais aux personnages et devenais une héroïne invincible. Quand j’entrais dans la peau d’un de mes héros, je n’avais plus peur de rien, je me sentais forte. Parfois je n’aimais pas la fin alors je la réinventais dans ma tête. J’ai toujours écrit, un journal intime, des poèmes, de petits textes sur des sujets qui me touchaient (j’ai toujours réagi à l’injustice, donc quand un fait divers ou d’actualité me révoltait, comme je me sentais impuissante, j’écrivais ma rage), puis un premier roman à 14 ans (jamais publié). Je l’ai écrit à la main, la nuit, sous mes couvertures parfois, car ma mère n’aimait pas que je veille tard. L’écriture, c’est ma dope, mon antidépresseur. Quand j’écris, le temps s’arrête, j’oublie de boire, de manger, j’oublie le monde autour de moi, je ne fais plus qu’un avec mes personnages. Mon cœur bat au rythme du leur, je ris, je pleure, je me mets en colère, j’espère tout comme eux. Je me sens souvent impuissante face aux horreurs du monde, face à cette terre merveilleuse qui part à la dérive, face aux gens malheureux. En écrivant, je garde l’espoir d’apporter un sourire sur des visages, du rêve dans des âmes tristes, du bleu dans des cœurs meurtris. Je ne suis pas Dieu, ni ministre, ni reine, je ne peux rien changer de capital mais si mes livres peuvent soulager un peu ce monde tatoué de gris, je ne serai pas venue sur terre pour rien. Je veux donner de l’espoir, montrer aux gens que la vie est belle malgré les orages du quotidien. Je suis une éternelle optimiste qui croit encore que l’on peut revenir à des valeurs simples, celles qui permettent de trouver le bonheur à portée de la main sans le chercher bien loin.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je suis quelqu’un qui observe beaucoup, qui écoute. Les enfants (dans mon cas, puisque je suis institutrice), constituent un monde miniature dans lequel toutes les souffrances des adultes futurs qu’ils seront bientôt sont déjà présentes. La différence, surtout enfant, est une source de bien des douleurs (différence physique, intellectuelle, de milieu de vie, de goûts, de valeurs, de croyances…). C’est elle qui m’a donné l’idée de ce livre. J’ai voulu montrer que même différent d’un autre, on a tout autant de valeur que lui, qu’il ne faut pas avoir peur  d’être différent, qu’il faut en être fier. Un autre élément qui m’a inspirée pour ce livre, toujours observé dans mon monde miniature (mais aussi dans beaucoup d’autres endroits), c’est l’indifférence. Une autre arme silencieuse terrible qui laisse des séquelles parfois irréversibles. Martin Gray a dit : « Il n’est pire solitude que celle qui naît de l’indifférence des autres. Et chacun peut être victime un jour de l’indifférence et en souffrir. Alors, pourquoi ne pas tendre la main à celui qui est seul ? » Je suis tout à fait d’accord avec lui et j’espère qu’après la lecture de mon livre, des mains se tendront plus facilement vers l’autre, celui qui est différent, qui fait peur parfois.

Votre ouvrage n’est-il pas finalement allégorique ?
J’ai voulu ce livre à deux lectures. La première pour les plus jeunes étant l’histoire telle que je la raconte avec ses moments de joie, de tristesse, de tendresse, d’humour. La seconde montrant qu’il n’y a pas de hasard, que les choses arrivent parce qu’elles le doivent. Crocus, l’ange, débarque dans la vie de Brice avec un objectif bien précis, de ses soi-disant erreurs ou maladresses vont découler toute une série d’événements qui vont aider Brice et son amie Aqueline à remettre de l’ordre dans leur vie, dans leur tête et dans leur cœur. Les choses difficiles que l’on est amené à vivre au cours de sa vie ne se présentent à nous, j’en suis persuadée, que lorsque nous sommes capables de les affronter, elles sont un mal nécessaire posé sur notre chemin pour nous  obliger à nous dépasser, à nous enrichir. Si nous acceptons cet état de fait, que nous y faisons face avec les armes dont nous disposons, les choses se mettent en place et les nœuds se dénouent d’eux-mêmes. Nous sortons grandis de l’épreuve. J’ai voulu que l’une comme l’autre apportent de l’espoir à mes lecteurs.

Que représente la figure de l’ange gardien ?
Elle représente les forces et faiblesses que chacun d’entre nous possède, qui nous poussent à nous dépasser comme à commettre des erreurs. Elle est là pour nous montrer que même la pire situation trouve sa solution si l’on continue d’y croire. Dans mon livre, Crocus est un personnage à part entière qui, bien qu’ayant un objectif précis, va se laisser dévier de sa trajectoire par ses sentiments, désirs profonds et intérêts. Qui n’a jamais, malgré sa résolution ferme de maigrir, craqué pour un bout de chocolat ?

Pourriez-vous nous dire quelques mots des personnages ?
Il y a beaucoup de personnages, les décrire tous serait un peu long mais je peux parler du trio infernal à savoir : Brice, Aqueline et Crocus. Brice est un adolescent sensible, des rêves plein la tête, à l’imaginaire riche. Il souffre de sa différence physique et de l’absence de sa mère. Il se croit responsable du départ de celle-ci et est persuadé que son père le déteste pour cela. Aqueline est une adolescente peu sûre d’elle, solitaire de par sa passion et son handicap. Elle fait tout pour obtenir la reconnaissance de son père trop souvent absent et son amour. Quant à Crocus, mis à part son côté symbolique, c’est un personnage haut en couleurs qui apporte la touche tendre et humoristique à l’histoire.

Avez-vous un dernier mot pour vos lecteurs ?
Ange Gardien, un boulot d’enfer est un livre qui ne peut, j’en suis certaine, laisser les lecteurs indifférents. C’est un cri d’espoir, une bouffée d’air frais, un bouquet de saveurs multiples laissant sur la langue un goût de trop peu.