Interview écrite

9 janvier 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Joël Meyniel, auteur de  » Avec Joaven, sur les chemins de Compostelle « 

Joël_Meyniel_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots
L’histoire se déroule dans la deuxième moitié du XIVe siècle. La guerre, dite de « Cent Ans » comme on l’appellera plus tard, entre les Français et les Anglais n’est pas terminée mais, provisoirement, les deux pays sont en paix après le traité de Brétigny, signé en 1360.
Joaven, jeune marchand vinaigrier de Tours, appartient à ce qui se rapproche le plus du modèle idéal du notable pour les citadins. Son activité professionnelle est de celles que l’on considère comme honorables. Il bénéficie d’une aisance supérieure à la moyenne et ne vit pas du travail de ses mains comme la majorité des gens à cette époque. Élevé et éduqué dans cet environnement favorable, il parvient à un âge où, avant de s’engager pour fonder une famille, il ressent le besoin de faire le point sur sa vie.
La ville de Tours, ville de pèlerinage local avec les reliques de saint Martin, se trouve aussi être le point de départ de la « Via Turonensis », la voie de Tours, et d’un autre grand pèlerinage, celui de Compostelle.
C’est donc tout naturellement qu’il décide de partir afin de prendre le recul nécessaire qui l’aidera à mieux préparer son avenir. Ce qu’il ignore, c’est que son passé va le rattraper.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Après avoir écrit plusieurs articles et ouvrages techniques sur l’armement médiéval et sur la vie des archers français et anglais pendant la guerre de « Cent Ans », je voulais aller plus loin et faire vivre mes propres personnages dans le contexte médiéval. J’ai choisi le pèlerinage comme thème de fond car il s’agit de la plus grande migration humaine de l’histoire et cela depuis le IXe siècle ! Je voulais surtout l’aborder sous des angles nouveaux, à savoir :
L’époque : pendant la période trouble de la guerre de « Cent Ans » et encore plus trouble pendant les trêves, car souvent plus dangereuses ;
Le milieu social du personnage principal : la bourgeoisie, peu souvent évoquée dans les romans sur cette époque. Le plus souvent, les héros sont des chevaliers, des religieux ou des paysans ;
L’esprit : le but du pèlerinage n’est pas exclusivement religieux, d’autres motivations peuvent intervenir ;
Le réalisme historique : faire évoluer les personnages dans un cadre historique authentique pour plus de crédibilité et de réalisme.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Aux lecteurs de tous les âges, qu’ils soient croyants ou non. À ceux qui veulent découvrir un univers médiéval qui n’est pas tel qu’on le décrit trop souvent et qui les surprendra par sa richesse spirituelle, humaine, poétique, et même culinaire.

Quelles sont les principales qualités de votre livre ?
Il est difficile de répondre à cette question. Un roman peut-être considéré un peu comme son « enfant ». Quelque part et à ce titre, on lui trouve toutes les qualités. Mais je ne joue pas mon joker. Je vous répondrais en m’appuyant, si vous le voulez bien, sur les observations faites par les meilleurs juges qui soient : les lecteurs.
« C’est un roman qui plonge le lecteur dans l’ambiance médiévale dès les premières lignes. Sa facture apporte, grâce à une méthodique reconstitution bien documentée, appuyée par un vocabulaire pittoresque de l’époque, une bouffé d’air frais qui fait du bien et un réel dépaysement. Un fort ressenti émotionnel vous envahit en accompagnant Joaven et ses compagnons dans leur tumultueux pèlerinage. »

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?
En entreprenant le pèlerinage, le pérégrinant quitte un monde qu’il connaît pour découvrir un monde inconnu et, paradoxalement, il est à la fois seul et accompagné.
Seul, dans sa démarche volontaire pour un motif qui lui tient à cœur et qui ne regarde que lui.
Accompagné, car il tisse de nouveaux liens. Il découvre les autres en même temps qu’il se découvre lui-même, à travers les aléas et les dangers de l’aventure.
La démarche et ses enjeux sont les mêmes de nos jours qu’au Moyen Âge.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Je me sens en « résonance » avec cette époque qui me semble familière. L’être humain, qu’il vive au Moyen Âge ou aujourd’hui, réagit toujours de la même manière.
Donc de grands événements, comme Compostelle ou la guerre de « Cent Ans », ou encore des manifestations de la vie quotidienne, me servent de toile de fond. Je respecte la rigueur historique en évitant les anachronismes et j’y ajoute ma touche romanesque. Mes personnages imaginaires évoluent ainsi dans un contexte historique authentique.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Actuellement, j’ai terminé l’écriture d’un roman historique sur la guerre de 1914-1918 qui est en cours de relecture finale. Dans ce roman, j’aborde un aspect très peu évoqué de cette guerre, voire même souvent occulté par les autorités officielles.
D’autre part, je travaille à l’écriture d’un second volet de la vie de Joaven, toujours dans la ville de Tours.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
En ce qui concerne le pèlerinage, s’il n’est plus aussi dangereux qu’autrefois, il reste toujours une aventure qui marque la vie à tout jamais. Joaven vous incitera peut-être à entreprendre ce que le Conseil de l’Europe a déclaré en 1987 être le « Premier itinéraire culturel ». Pour ceux qui ont déjà fait le pèlerinage, c’est avec émotion, je pense, que vous le referez en compagnie de Joaven avec sept siècles d’écart.
Suivez les pas de Joaven, le dépaysement est total et garanti et sachez qu’il y a toujours un avant et un après Compostelle.