Interview écrite

11 janvier 2017
Posté par
Flora

Rencontre avec Jérôme Debroé, auteur de « J’ai pas vomi sur mes pompes »

Jérôme_Debroe_EdilivreOù habitez-vous ?
Je vis actuellement à Paris et ce depuis peu mais je suis originaire du Nord de la France. Je suis, plus précisément, né à Roubaix.. J’ai ensuite vécu dans l’agglomération lilloise et enfin à Lille même, dans le quartier de Wazemmes qui est très vivant, cosmopolite et populaire. Ça c’est pour le Nord. Je suis ensuite allé vivre à Nantes, pour y trouver l’amour et y enseigner (accessoirement). Je m’y plaisais beaucoup mais j’ai eu l’opportunité de venir à Paris pour y travailler et aussi pour être plus proche des maisons d’édition, de l’actualité littéraire, des bouquinistes, petits libraires etc. Je n’ai donc pas eu à réfléchir très longtemps. J’habite dans le 19ème arrondissement et la vie y coule de beaux jours.

Présentez-nous votre ouvrage
J’ai pas vomi sur mes pompes est un ouvrage qui mêle le récit autobiographique, l’écriture de soi, à la poésie. J’ai essayé d’équilibrer les deux pour que la lecture en soit plus plaisante. C’est un roman-cercueil à deux voix : celle de l’auteur enfant, tout d’abord, qui vient de perdre sa mère qu’il a toujours connue malade. Cet enfant ne comprend pas la mort, n’arrive pas à la rationaliser alors il joue avec, se pose des questions sur les rites, les cérémonies, Dieu, la vie etc. Ensuite intervient la voix de l’auteur adulte qui répond aux questions de l’enfant qu’il était, tente l’expérience du deuil par l’écriture et enfin, avoue l’amour qu’il éprouve pour cette mère certes malade mais mère avant tout. C’est un ouvrage assumé, très personnel et que j’espère agréable à lire.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Je n’ai pas vraiment de réponse à cette question. Je me la pose pourtant sans cesse depuis la publication du livre. J’aimerais me dire que j’avais un but originel, un projet à atteindre et à réaliser à tout prix mais ce serait mentir. J’ai ensuite pensé l’avoir écrit dans une perspective de deuil mais, là encore, il m’a fallu me rendre à l’évidence que ce fut une déconvenue. En fait, je ne sais pas le « pourquoi », j’écris comme ça, tout simplement. Je n’ai, en fait à mon propos, aucune théorie à présenter ou à défendre. Je pense ne pas avoir le recul nécessaire. Preuve en est : les ouvrages d’autres auteurs, je ne cesse de les décortiquer, les analyser, les théoriser.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Je ne cible aucun lecteur en particulier. Je trouve déjà assez honorable que l’on puisse s’intéresser à mon travail. Ensuite, le lecteur qu’il aime ou n’aime pas, ça le regarde, c’est son problème. Moi, je me contente d’écrire et j’essaye de le faire le mieux possible. C’est déjà beaucoup, croyez-moi, pour que je puisse m’intéresser, en plus, au choix d’un lectorat particulier.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Même réponse que précédemment. Je ne prétends pas avoir un message à transmettre. D’autres le font sans aucun doute mieux que moi. Je laisse chaque lecteur voir, dans les textes, le message qu’il a envie ou besoin d’y lire. Néanmoins, si je parviens à susciter l’émotion par l’écriture, cela me convient amplement. Je pense que les émotions comptent parfois plus que les « messages ».

Où puisez-vous votre inspiration ?
Principalement dans l’encre de mon stylo. Mais aussi dans le comportement des personnes qui m’entourent et plus largement la vie, le monde dans lequel je vis et encore la mort. « La vraie inspiratrice, c’est la mort » disait Louis-Ferdinand Céline. Je suis assez d’accord avec lui. Je ne suis pas un partisan de la mythification de l’inspiration. En d’autres termes, je n’attends pas qu’elle me tombe dessus et je ne la poursuis pas non plus jusqu’à perdre haleine. Je pense qu’un auteur, s’il veut vraiment écrire, peut écrire. Pour cela, il n’a besoin de rien d’autre que d’une feuille et d’un stylo. Bien entendu, c’est du travail. Chaque jour il faut remettre « sa peau sur l’établi » pour emprunter une nouvelle formulation de Louis-Ferdinand Céline. Je pourrais, toujours à ce sujet, paraphraser également Boileau : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.» Jack London écrivait également qu’il ne faut pas attendre l’inspiration mais la poursuivre avec un marteau. Je trouve l’idée amusante et suis d’accord avec lui. Qui veut écrire, écrira !

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
J’écris dans des carnets que j’entasse depuis maintenant plusieurs années. Ainsi j’ai de la poésie, des aphorismes, des haïkus, des nouvelles courtes et plus longues et, enfin, des débuts de romans. En terme de roman, comme Roland Barthes, je n’aime que les débuts. Ils concentrent l’essence de l’oeuvre, l’idée originelle qui apparaît comme fulgurante, ensuite cet intensité s’essouffle. Je n’ai donc que des carnets griffonnés et des débuts de romans. Le prochain projet devrait donc être un ouvrage qui mêlerait (oui, ce sera encore un mélange !) quelques poèmes, des aphorismes et des nouvelles courtes. J’ai déjà commencé à trier tout cela et commencé à rédiger au propre. Mais là encore c’est du boulot. Je déteste les finitions, seule me plaît l’idée de premier « jet ». Un jour, peut-être, cela changera mais pour l’instant je fais très bien avec. J’ai également un second projet de roman autobiographique, qui sera cependant moins morbide que celui que je viens de publier. Je souhaite varier, toucher un peu à tout comme un sale gosse dans un magasin de jouets.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
J’espère que l’ouvrage que j’ai écrit leur plaira, évidemment, qu’il saura les toucher, les émouvoir et, bien sûr, leur donner envie de lire d’autres ouvrages de ma composition. Je ne peux, déjà, que les remercier de s’intéresser à mon travail et leur souhaiter de lire encore et encore car lire, c’est déjà être un peu heureux.