Rencontre avec...

22 juin 2011
Posté par
AA Victoria

Rencontre avec … Insula

Pendus et funambules, Insula
Pendus et funambules, Insula

Insula, Pendus et funambules vous installe dans le cercle très fermé des auteurs. Pouvez-vous nous présenter l’objet de votre livre ?

Bonjour ! En fait, je ne crois pas que les auteurs constituent un cercle très fermé, parce qu’au-delà de l’appellation que la société donne à ce qu’on fait, il y a ce que l’on est réellement ; et pour l’être, il n’est pas nécessaire d’être qualifié de telle ou telle façon par des groupes reconnus. Il y a une phrase qui dit « Ce qui compte, ce n’est pas d’être fort mais de se sentir fort. » Et je pense vraiment que des tas de gens en ce monde sont des auteurs, et pourtant, personne ne connaît leurs œuvres. Mais elles ne valent pas, pour autant, moins que celles des grands.

Pour en revenir à la question, mon livre parle de la vie. C’est bête, mais je crois que c’est vrai. Il parle de cette ligne sur laquelle nous oscillons tous, à mi-chemin entre terre et ciel, qui nous fait parfois tomber, parfois prendre notre envol, et toutes ces évolutions qui se dessinent dans la vie sont représentées à travers trois personnages, Carl, Anton et Zelig, qui pourraient n’en être qu’un. Carl et Zelig symbolisent les extrêmes et la folie, Anton le juste milieu et la raison. Et tout au long du livre, ils sont en interaction pour mettre la main sur le noyau dur de la vie.

De quoi vous inspirez-vous pour écrire ?

Il y a deux sources d’inspiration intarissables en ce monde qui se trouvent dans les racines profondes de la vie et dans la banalité du quotidien.
Dans ce qu’il y a de plus éternel, de plus fatal, et dans l’éphémère-frivole. Il y a cette cerise rouge, très vive et très brillante, qui vient de tomber à terre…  et elle est aussi importante que la pensée philosophique la plus influente.

Mais hormis cela, je ne me sens pas comme quelqu’un qui, à l’image d’une abeille, irait puiser un peu partout le nectar de floraisons particulières. Je conçois plutôt mes écrits comme le fruit d’une histoire d’amour. Je ne sais pas trop comment expliquer ça… Je suis en osmose avec les mots et eux et moi, on ne se demande jamais ce qu’on va raconter. On sait qu’il y a des choses fortes dont on doit parler, mais on ne les nomme pas, on les éprouve.

Quel est le message que vous voulez transmettre à travers votre livre ?

Je crois que transmettre un message n’est pas ma vocation, parce que je ne peux pas avoir la prétention de pouvoir enseigner quelque chose à autrui et, d’ailleurs, personne ne doit avoir cette prétention. Je veux dire… Il suffit d’une vague immense pour qu’on soit tous décimés et personne ne sait mieux réagir à cela que quelqu’un d’autre. Nous sommes tous très différents, certains ont l’air plus forts, plus savants, plus grands, plus tout, mais non ! Dans le fond, nous sommes tous conçus du même noyau et je pense que tout ce que je pourrais transmettre, tout le monde l’a au fond de lui. Donc, je perçois plutôt mes écrits comme un cheminement, qui aboutit quelque part. Et ce quelque part, le lecteur a envie d’y rester et de faire ce lieu sien, de l’intégrer à lui-même, ou de fuir, de le retirer de lui ou encore d’y être indifférent. C’est ce qui fait qu’un livre nous parle ou non.

Ce que je propose, c’est de la croisière pour âme, quelque chose de cet ordre-là. Quand on ouvre mon livre, c’est dans un navire qu’on monte. Et après, on peut devenir un pirate qui recueille tous les trésors qui éclosent au gré des lignes. Il y a toujours quelque chose à prendre, mais pour le prendre, il faut être en quête de ce quelque chose-là.

Selon vous, quelle est la fonction première d’un livre ?
Bonne question. En ce qui me concerne, je crois que j’ai besoin de lectures substantielles. Mais sans pour autant aller dans la masturbation intellectuelle propre à tant d’écrivains ! Peter Pan de James Barrie, par exemple, au-delà de sa fantaisie, est un livre riche d’un petit bouquet de vérités, qu’il faut cueillir fleur par fleur. Ce n’est pas nécessairement en lisant Voltaire que l’on trouvera des réponses aux questions existentielles de la vie.

En fait, je crois qu’il suffit que l’auteur ait écrit avec sa tête, ses tripes et son cœur pour que le livre réponde à sa fonction première. Il y a tous ces livres qui répondent à l’appel commercial et qui n’ont pas d’âme. On les sent creux, vides. Et puis il y a parfois ces livres tous simples, sortis de nulle part, qui peuvent parler de sujet pour lesquels on n’a jamais éprouvé d’intérêt mais qui pourtant, nous nourrissent de la façon la plus merveilleuse qui soit.

Alors qu’ils nourrissent notre plaisir, notre réflexion ou nos connaissances, il me semble que la fonction des livres, ce serait bien de nous nourrir.

17 ans et déjà un livre à votre compte. Avez-vous toujours été en avance sur votre âge ?

Un livre à mon compte …c’était quand j’avais 16 ans ! Bon, je n’ai pris qu’un an et demi depuis, mais à présent, c’est trois livres que j’ai à mon actif ! Et qui n’ont plus rien à voir avec le premier.Ce qui est à la fois fantastique et déconcertant ; un être humain change perpétuellement, ça donne un peu le tournis parfois.

Je ne sais pas vraiment s’il s’agit d’avance – même si effectivement, au-delà de l’écriture je n’ai jamais été sur la même longueur d’onde que les gens de mon âge – mais plutôt d’une histoire d’amour, comme je l’ai dit précédemment. Écrire, c’est vraiment une jouissance et je n’allais pas attendre d’avoir un âge correct pour faire ce que je voulais faire ! Les mots étaient mes amoureux depuis toujours. Il y a quelques années, je ne les maîtrisais pas encore mais dès l’âge de 14 ans, j’ai commencé à écrire de plus en plus et je m’arrangeais toujours pour me retrouver confiné dans ces moments extatiques où j’étais face à l’infini.

Quels sont vos auteurs de référence ?

Il y a toujours un nom, unique, qui me vient en tête : Thoreau. À côté de ça, il y a des tas d’auteurs que j’estime profondément, mais qui ne sont pas des monstres de la littérature et dont la plume est simple, parmi lesquels se trouvent aussi bien de grands voyageurs que des botanistes, des scientifiques ou des poètes. Donc Thoreau reste ma référence.

Vous avez récemment participé aux Festival des Etonnants Voyageurs à Saint-Malo. Pouvez-vous nous raconter comment votre premier salon en tant qu’auteur s’est déroulé ?

Étonnants Voyageurs, il faut préciser que c’est l’un des plus grands salons littéraires français et qu’en plus de ça, il est international ! Donc il fallait s’attendre à ce qu’il ne se passe pas grand chose, car au milieu de l’infinité de livres présents, rares sont les personnes qui prennent vraiment le temps de rencontrer des auteurs inconnus.

D’une part parce qu’ils ne voient pas tous les stands au prime abord, tellement il y en a ! D’autre part, parce que pour une raison méconnue, la plupart des gens ont peur d’aborder les auteurs, par timidité peut-être, mais aussi par crainte de ne pas pouvoir s’en aller sans acheter quelque chose. Or, ce n’est pas du tout le but de l’auteur, sachez-le si vous lisez ces lignes. Enfin, en ce qui me concerne !

Il y a encore beaucoup d’autres raisons comme le fait que les gens venaient pour voir des personnalités précises et que les livres, c’est cher !
Mais malgré cela, ce fut une bonne expérience et je n’ai reçu aucune mauvaise critique et pas mal d’encouragements et de compliments, ce qui est plutôt pas mal, avouons-le !