Interview écrite

Rencontre avec Hélène Charrier, auteur de « Nous ne sommes pas là pour endurcir notre cœur » et « À tous les jeunes qui aiment penser »
19 novembre 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Hélène Charrier, auteur de « Nous ne sommes pas là pour endurcir notre cœur » et « À tous les jeunes qui aiment penser »

Hélène_Charrier_EdilivreVous publiez deux nouveaux ouvrages chez Edilivre, pouvez-vous dire quel est le lien entre ces deux essais ?
Oui, je crois que ces deux essais ont un point commun : le respect des êtres vivants.
Celui pour les jeunes a pour but de les faire réfléchir et de leur faire réaliser que la lecture des grands auteurs leur donne une liberté de penser, et de leur dire qu’ils ont le pouvoir d’améliorer le monde actuel en élevant leur niveau de conscience, donc en étant respectueux.
Celui pour les adultes est plus ciblé. Il parle de notre rapport aux animaux : repensons notre façon de les considérer, cessons de les maltraiter pour notre consommation, notre plaisir gustatif… Surtout, réalisons le massacre que nous faisons sur eux pour les raisons les plus égoïstes. Nous savons maintenant que nous n’avons pas besoin de tuer pour manger, les nombreux végétariens en sont la preuve.  Arrêtons de fermer les yeux pour ne pas nous déshumaniser !

Le premier traite du rapport qu’ont les hommes avec les animaux. Pourquoi ce thème est-il important pour vous ?
Oui, il a toujours été important pour moi, depuis ma petite enfance. Je ne comprends pas comment les humains peuvent traiter ainsi leur concitoyens animaux. Je pense que nous devons lutter contre toutes les souffrances, sans distinction, qu’elles soient dirigées contre l’homme ou contre l’animal. J’ai ressenti cela avant de lire les grands penseurs comme Pythagore, qui, il y a 2500 ans, disait déjà : « aussi longtemps que les hommes massacreront les animaux, ils se massacreront entre eux » ou bien plus tard Tolstoï : « tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille ». Le lien est évident entre notre attitude envers les animaux et le climat général de la planète. Il faut enlever du coeur de l’homme la pulsion de mort. Lui enlever aussi cette affreuse habitude d’être dans le déni ou de feindre d’ignorer les choses. Soyons courageux : regardons les souffrances que nous infligeons aux animaux, et soyons bons : cessons de les considérer comme des choses.

Avez-vous confiance en la jeunesse pour faire évoluer les mentalités ?
Oui, j’ai une grande confiance dans la jeune génération, heureusement. Cette confiance repose sur une réalité : le nombre de végétariens augmente beaucoup chez les jeunes, et aussi le nombre de ceux qui s’engagent fortement pour la cause animale. Cette génération a visiblement un niveau de conscience que beaucoup n’avaient pas à leur âge. Je trouve cela très réconfortant.

Étant jeune, vous aimiez vous aussi réfléchir sur le sens de la vie et penser par vous-même ?
Oui, c’est je crois ce qui m’a caractérisée. J’ai appris à lire très vite et j’ai beaucoup réfléchi à ce que l’on me disait (j’ai été élevée en école catholique) et à ce que je voyais. Souvent je ressentais que quelque chose n’allait pas. On m’apprenait : « l’homme règne sur les animaux… » et je pensais qu’un roi doit être bon et prendre soin de ses sujets, et non se comporter en tyran sanguinaire. A l’époque je ne savais pas que l’on pouvait très bien vivre sans manger de chair animale, et je ne comprenais pas comment un dieu d’amour pouvait « autoriser » de massacrer les animaux pour nous.

A quel lecteur s’adresse vos ouvrages ?
A toute personne normalement sensible, à tous ceux qui ont l’esprit ouvert, qui ont le courage de remettre en question leur conditionnement, leurs habitudes. A tous ceux qui acceptent de regarder les conséquences morales, éthiques, écologiques de nos comportements.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers vos ouvrages ?
Celui de s’informer, de ne pas vivre sans réfléchir, de ne pas avoir peur d’être dans la minorité. Très peu de gens (une très petite poignée) sont à l’origine de l’abolition de l’esclavage. A l’époque, la majorité leur disait qu’ils étaient de doux rêveurs ! Heureusement qu’ils ont été là pour que l’humanité évolue.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Pour le moment, je fais une pause, et je réfléchis moi aussi. Je crois avoir enfin trouvé ma voie : celle d’être une voix (avec heureusement d’autres personnes, dont certaines très connues) pour ceux qui n’en ont pas, qui sont à notre merci. L’important est que les mentalités changent. J’essaierai d’être utile pour cela, avec ou sans l’écriture.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Bravo à tous ceux qui ont le coeur ouvert, et qui sont prêts à sortir de leurs habitudes de vie pour que les animaux ne vivent plus l’enfer sur la Terre à cause des hommes. Courage à tous pour changer, nous sommes récompensés par la certitude d’avoir fait le bon choix : celui de la bonté. J’aime citer Lamartine « nous n’avons pas deux coeurs, un pour l’homme et l’autre pour l’animal, on a du coeur ou on n’en a pas ».