
Posté par
Guillaume
Rencontre avec Ghislain Kamdem Koungang, auteur de «L’Implosion d’une République : Entre fatalité, impuissance et désillusion»
Présentez-nous votre ouvrage ?
Il s’agit d’un ouvrage de 200 pages qui passe en revue différents moments et aspects importants de la vie politique du Cameroun. J’analyse le passage du flambeau du premier président Ahidjo à Paul Biya pour montrer qu’en gros, il s’agit d’une rupture dans la continuité à travers les modèles de configuration politico- économique et de gouvernance. La question du cumul des fonctions est également soulevée, l’ »opération épervier » est évoquée pour aboutir au fait que son application est à géométrie variable et par conséquent échappe à toute logique rationnelle pour épouser des contours obscurs dont seule la politique « tourbillon » en connait et maîtrise les rouages. La course à la présidentielle de 2018 m’intéresse également pour voir comment Aminatou Ahidjo, après s’être opportunément rangée dans l’équipe du RDPC (parti au pouvoir) va peut être essayer de suivre sa propre trajectoire ou encore comment Marafa Ahmidou Yaya, prisonnier de « luxe » pour certains, va participer dans un sens comme dans un autre à ce rendez-vous. Tout ceci nous réserve beaucoup de suspense et d’agitations.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
L’idée est de participer à ma façon à la construction d’une nation prospère. Et il me semble que cela passe par l’adoption des comportements sains. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui au Cameroun où les détournements de fonds publics, la corruption, la compromission, le chômage des jeunes, l’embrigadement des hauts postes de responsabilité constituent les sports favoris d’une « caste » au pouvoir. Il est donc question, comme le disait Jean Paul Sartre, de dévoiler pour projeter le changement et ce faisant en dénonçant ces tares qui plombent le développement politique économique social culturel et en proposant quelques pistes de solutions.
À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Ce livre s’adresse aussi bien aux cercles politiques qu’aux milieux universitaires et même dirais-je à toutes les couches de la société puisque les sujets traités sont actuels et par conséquent animent le quotidien des camerounais et au-delà ; certains pays africains se reconnaissant dans quelques phénomènes exposés et explorés.
Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Celui selon lequel contrairement à ce qui se fait, il faut associer intimement le dire politique au faire politique, passer des paroles aux actes. On ne peut par exemple pas dire combattre le chômage alors qu’on attribue 2 postes à certains dont la compétence est soupçonnable au détriment d’autres, qui sont bien compétents à au moins un poste. Et aussi, les jeunes ne doivent pas baisser les bras face au verrouillage actif de la société, verrouillage par le haut j’entends, ils doivent se battre et tourner le dos à l’alcool aux drogues et autres corolaires de la paresse.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Je suis universitaire, Doctorant en communication, j’ai fait de la science politique (Relations internationales) et en plus je suis journaliste et consultant et donc vous comprenez que mon champ d’exploration est pluridisciplinaire ou vaste tout simplement. J’observe la société, j’écoute et je suis les hommes politiques qui se meuvent dans la jungle qui est la leur et très souvent au-delà, les universitaires qui produisent des connaissances, se contredisant parfois dans un foisonnement d’idées plutôt denses et dynamiques aussi, bref je suis attentif à tout ce qui se passe dans la vie des camerounais et qui est susceptible d’intérêt pour la communauté nationale et voire internationale puisque nous sommes dans un monde globalisé. C’est donc fort d’avoir identifié des malaises qu’il m’est venu le besoin d’exprimer quelques uns à travers cet ouvrage.
Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Continuer dans la même lancée. Je suis pour l’instant en train de réfléchir s’il faut continuer avec un nouvel essai sur le phénomène des migrations et les enjeux géopolitiques dans la sous région Afrique centrale sous le prisme de Boko Haram ou alors me lancer dans l’exploration d’un nouvel horizon à savoir celui du roman mais toujours avec en toile de fond l’idée d’éveiller ou de réveiller les consciences assoupies ou endormies. Je peux donc vous assurer que d’ici la fin de cette année 2015 voire début 2016, j’aurai achevé d’écrire un 2e livre. Sauf si je suis pris par ma thèse de Doctorat dont le projet a été validé mais donc certaines pesanteurs subsistent du fait des déplacements que cela impose et notamment leur coût. Ce qui va se régler j’espère.
Un dernier mot pour les lecteurs ?
Je remercie tous les lecteurs et je leur donne rendez- vous sous peu avec soit un 2e essai, soit un roman. De toutes les façons ce sera quelque chose de très profond pour une Afrique qui bouge, qui reste debout au profit d’un monde globalisé, d’un monde meilleur. À propos les lecteurs peuvent se manifester sur ma page facebook « Les mots des Maux du Monde » et exprimer leur choix en faveur soit d’un 2e essai soit d’un roman. Je vous admire tous, au revoir et à très bientôt !