Interview écrite

Rencontre avec Elysée Allandiguim M., auteur de « Contribution à la renaissance du Tchad »
21 novembre 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Elysée Allandiguim M., auteur de « Contribution à la renaissance du Tchad »

Elysée_Allandiguim_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
Dans mon ouvrage, je décris quelques maux qui rongent mon pays en produisant deux conséquences majeures : l’incapacité notoire du Tchad à être parmi les jokers de la scène internationale, un espace essentiellement caractérisé par l’anarchie entendue non comme le désordre mais comme l’absence d’autorité supranationale ; l’incapacité des Tchadiens à émerger comme d’autres peuples. Une question y est en filigrane : pourquoi le Tchad ne peut pas un jour faire face à la France comme les Etats-Unis d’Amérique du Nord sont aujourd’hui en mesure de rayer la Grande Bretagne de la carte du monde avec ou sans l’accord des autres nations?

Que ressentez-vous pour votre pays ?
De l’amertume surtout lorsque je foule certains territoires étrangers qui étaient pourtant au même rang que le nôtre sinon même derrière nous en matière d’infrastructures de développement durable ; des vives douleurs lorsque je pense à la traite des enfants tchadiens ; de la peine lorsque les travailleurs ou les étudiants doivent parfois faire la grève avant d’avoir leur salaire ou leur bourse ; de la honte lorsque les résultats des examens et concours reflètent soit la déliquescence de notre système éducatif, soit le népotisme, la discrimination, l’exclusion, le régionalisme dont certains membres de notre administration en font leur cheval de bataille pour notre renaissance .

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Il s’adresse à tous les lecteurs mais prioritairement à mon président de la République et aux personnes souhaitant ardemment voir se produire un jour un changement positif au Tchad.

Avez-vous l’impression de réaliser votre devoir de citoyen en écrivant ce livre ? Est-ce une mission que vous vous êtes confiée ?
L’accomplissement de son devoir de citoyen est une mission qui, de mon modeste point de vue, ne finit jamais tant que l’on dispose de l’énergie pour contribuer à la quête du meilleur ordre politique dans et/ou hors la Cité. Par conséquent, oser réduire son devoir de citoyen, en l’occurrence, à la rédaction d’un livre quelles que soient ses qualités ou failles relève purement et simplement de la paresse. Cela dit, le président Déby, s’il est honnête et sérieux avec lui-même dans ses sorties médiatiques, doit certainement être bien fatigué de ces thuriféraires, de ces bootlikers, de ces intellectuels pantouflards, de ces hypocrites, de ces « béni oui » et vautours qui l’ont pris en otage de manière très subtile. L’actuel Raïs, que dis-je, l’actuel président rêve des personnes capables de l’aider honnêtement à faire renaître le Tchad. D’où son vibrant et retentissant S.O.S du 13 août 2011 lancé à l’endroit de tous les jeunes en général et de la jeunesse tchadienne en particulier : « Je rêve d’une jeunesse qui ose et qui a de l’audace ».

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?
J’ai d’abord voulu dire au président Déby ainsi qu’à toutes les personnes de bonne volonté qui l’ont aidé à concevoir son plan quinquennal, ce qui nous empêche de vite parvenir à la renaissance tchadienne tant souhaitée ; ce que l’un des jeunes citoyens dignes dont Déby rêve peut et doit lui dire au grand dam de ces caciques, ces dinosaures du régime, ces détourneurs des bourses des étudiants qui, très préoccupés par leurs intérêts égoïstes, n’osent pas et n’auront jamais l’audace de lui dire. J’ai ensuite voulu lui dire que la renaissance renvoie, dans notre contexte, à une politique de puissance, signifie l’émergence d’un nouveau Tchad, un pays fait de démocratie, de paix, de stabilité, de liberté, de sécurité, de réconciliation et d’unité nationale, de vie meilleure pour le peuple, d’égalité et d’un système politique juste. Elle est la revalorisation de notre passé, la reprise en main de notre destinée, notre repositionnement sur la scène internationale, la création d’un environnement et d’un climat des affaires désirables et fréquentables, le rejet de la corruption, de la dictature féroce, l’instauration de la bonne gouvernance dans son intégralité. J’ai enfin voulu m’adresser aux autres jeunes. Faisons notre révolution non pas par la barbarie mais par la raison. Apprenons à comprendre les enjeux du jeu pour mieux comprendre le jeu des acteurs. Au lieu de craindre pour notre vie, transformons le rêve de Déby en réalité en osant et en ayant de l’audace.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Mon inspiration a trois principales sources. D’abord, je mentionne la lecture des ouvrages écrits par et sur des êtres humains qui ont marqué leur temps, révolutionné le monde, contribué efficacement à l’amélioration des conditions de vie dans le monde. Ensuite, il y a l’observation des réalités de la vie, dans mon pays ou à travers les voyages, les expériences et épreuves vécues. Enfin, je dois avouer que parfois, j’ai l’impression d’écrire sous la pression et la dictée d’un être étrange…

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
En plus de cet essai, j’ai également d’autres manuscrits. Il s’agit d’un roman, d’un livre de contes et de poèmes, de quelques réflexions à vocation universitaire comme mon texte qui infirme les conclusions de Marcel Mauss sur le don… Ces documents pourraient être publiés un jour si les conditions sont réunies. Actuellement, je me donne encore le temps qu’il faut pour les approfondir afin de répondre aux exigences de qualité que mes lecteurs attendent de moi.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
J’attends très humblement les critiques objectives et constructives de mes lecteurs. Laissons les personnes qui, dans leur ignorance légendaire, prétendent tracer notre avenir s’embourber.