Interview écrite

5 août 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Christophe Maris, auteur de  » Des jardins de l’intime à l’universel « 

Christophe_Maris_EdilivrePouvez-vous introduire, en quelques mots, votre ouvrage ?
Comme j’en ai pris l’habitude depuis plus de dix ans, j’essaie à travers cet exercice particulier que demeure le journal – un des genres littéraires des plus périlleux –, de revisiter les grands moments de l’actualité générale comme mes rencontres avec des personnes connues ou inconnues du public qui me marquent au fil des saisons. Si je choisissais comme titre pour mon tout premier journal Des jours pas comme les autres, chaque instant tant comme observateur qu’acteur participe (si l’on veut bien faire preuve d’humanité) de l’extraordinaire dans ce qui pourrait paraître ordinaire. Si le journaliste au sens littéral du terme est en mode éponge, la réflexion et la construction des contenus demandent du temps et permettent d’extraire la substantifique moelle. Et chaque lecteur peut se retrouver dans les situations souvent décrites. Des coups de cœur colorés par des coups de gueule avec un regard décalé sur une tragi-comédie humaine permanente.

Le sous-titre de votre ouvrage mentionne  » Journal VIII « . Cela signifie-t-il qu’il y a eu sept journaux avant ?
Effectivement, sept tomes ont précédé ce huitième  » opus « . Les journaux sont construits          comme une partition, où loin de toute cacophonie, j’essaie avec méthode et rigueur mais         toujours sur un fil dérisoire de sucrer les phrases. Et si l’humour n’empêche pas le sérieux, il permet de prendre la distance nécessaire à l’écriture. Les situations les plus  » graves  » sont teintées de légèreté et vice-versa, ce qui me permet de dénoncer toutes les formes d’injustice. Les journaux offrent également une souplesse, c’est de jongler avec les dates et les emplois du temps puisque je pratique aussi d’autres activités… Le journal IX est en pleine écriture et il ne manque pas de saveur car les thèmes récurrents, la vie, l’amour, la mort nous fournissent une matière permanente entre sucré et salé… Un nouveau roman est actuellement en cours d’achèvement.

Votre récit prend-il véritablement la forme d’un journal intime ?
Le titre parle de lui-même, Des jardins de l’intime à l’universel. On débute tout paragraphe         de son petit nombril pour s’en éloigner très rapidement et adopter une posture d’observateur puis de narrateur… Là réside aussi le piège du journal, savoir ou pas prendre la distance nécessaire pour écrire sur les autres plutôt que soi, c’est tellement plus pétillant. Cependant c’est dans les yeux et le cœur des autres que l’on se comprend mieux et que l’on peut prétendre à l’acceptation. Si l’intime porte, c’est l’universel qui importe. Et c’est déjà un apprentissage simple et modeste de la philosophie.

A-t-il un caractère autobiographique ?
Un journal est par essence autobiographique; avec le temps il le devient de moins en moins si l’auteur fait ce choix éditorial. Ma volonté depuis longtemps est de choisir parfois des moments personnels de vie pour aller vers l’universel. Ce qui m’intéresse avant tout c’est toujours à travers des situations vécues mettre les autres en exergue et leur permettre de s’identifier librement au fond du texte. L’écriture c’est l’impudeur pudique et la pudeur impudique.

Grâce à des confidences personnelles, cherchez-vous à mettre en évidence des sentiments, des sensations qui ont une portée plus universelle ?
Effectivement tout y passe… Sourires, larmes, indignation, passion, fous rires, coups de cœur, prises de position, humour… La vie quoi ! Avant tout et toujours la patience et la bienveillance mais jamais la complaisance. Et toujours l’auto-dérision, cela sauve de tout.

Livrez-vous vos réflexions sur la société actuelle ?
Et comment ! Des coups de gueule sur les injustices, les massacres, les faux-semblants, une société trop pressée, des comportements de dérive… parsèment le livre. En même temps – sinon cela n’aurait pas de sens -, ces pages sont d’un grand optimisme. Jamais nous n’avons pu dire autant ce que l’on pense. Ces écrits sont pensés et rédigés dans l’agilité, le maître mot de ce XIXème siècle; nous sommes des mutants et devons apprendre ce monde globalisé, plus de partage de connaissances, plus d’attention portée à notre voisin, notre conjoint; plus d’attention portée à celles et ceux qui vivent ou crèvent ailleurs sur la planète. Nous devons réapprendre à prendre le temps plutôt que courir après (je suis un bien mauvais élève).

Un dernier mot pour vos lecteurs ?
Dès lors qu’un livre paraît il n’appartient plus à son auteur. Ce huitième tome est vôtre     donc au moment où il vous est proposé. Prenez le temps de la lecture, si vous y trouvez du plaisir dites-le, si vous vous y reconnaissez au détour d’une page, ce sera gagné car toute situation est presque ou entièrement universelle. Bonne lecture et bon voyage littéraire.