Interview écrite

Rencontre avec Boniface Pascal Mbeng Enama, auteur de « Jeux et enjeux du processus de décentralisation en Afrique »
30 juillet 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Boniface Pascal Mbeng Enama, auteur de « Jeux et enjeux du processus de décentralisation en Afrique »

Boniface_Pascal_Mbeng_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
« Jeux et enjeux du processus de décentralisation en Afrique » est un guide à la disposition des responsables en charge du processus de décentralisation dans les pays africains. A l’observation, après avoir réussi, presque tous, la phase d’élaboration des textes et de mise en place des organes structurels : circonscriptions administratives décentralisées, communes, départements, régions dont les noms varient selon les pays ; les organes fonctionnels : les conseils municipaux, les conseils régionaux et les sénats, ces pays sont butés à la mise en musique de tout ce dispositif pour que la décentralisation soit ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un moyen d’amélioration des performances économiques, d’amélioration des conditions de vie des populations et de justice sociale. Cet ouvrage établit que l’apport fondamental de la décentralisation est le fait de transférer la compétence de planification, de l’Etat central vers les structures décentralisées de base sans que celui-ci ne perde le contrôle sur l’ensemble du territoire. Il montre comment se déroule le processus de planification dans un contexte décentralisé, pour mettre à contribution tous les atouts dans la réalisation des performances économiques et sociales.

Pourquoi avoir écrit cet essai?
Le processus de décentralisation est comme en panne en Afrique pour deux raisons : la plupart des pays considère la mise en place du cadre institutionnel comme l’aboutissement de ce processus, alors qu’il ne s’agit là que d’une étape, non négligeable certes, pourtant, la décentralisation n’est qu’un outil de développement et non un indicateur ; dans la mise en œuvre de la décentralisation, l’accent est mis sur le transfert des ressources, surtout financières, au détriment du transfert des compétences, principalement la compétence de planification qui en est le nœud gordien.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Toute l’infrastructure administrative est concernée par le contenu de cet ouvrage. Il s’agit de tous les fonctionnaires territoriaux, c’est à dire ceux relevant des structures territoriales décentralisées, de tous les fonctionnaires déconcentrées c’est-à-dire ceux qui relèvent de l’Etat central mais affectés dans les collectivités territoriales, de tous les élus locaux, des responsables au niveau central chargés de l’élaboration des plans de développement nationaux, des lois des finances et des politiques publiques.

Quelles sont les principales qualités de votre ouvrage ?
Le principal avantage de cet ouvrage est qu’il est écrit par quelqu’un qui a une expérience professionnelle d’une quinzaine d’années, qui a dispensé des enseignements de planification au niveau supérieur. C’est pourquoi, dans une forme didactique, il apporte des solutions opérationnelles et éprouvées aux problèmes clairement identifiés liés à l’opérationnalisation de la décentralisation.

Quels sont les thèmes qui vous inspirent le plus ?
Le fonctionnement de l’administration publique en Afrique est le thème qui m’inspire le plus. Je crois que si la transition entre l’administration coloniale et l’administration auxiliaire de la colonisation a réussi, celle de l’administration post coloniale à celle de développement a des problèmes à s’effectuer. Plutôt que de dénoncer j’essaye de mettre à la disposition des acteurs les clés de la réussite d’une administration de développement.

Avez-vous des auteurs de référence ?
Quelques auteurs m’ont fortement marqué, il ‘s’agit de René Descartes, Emmanuel Kant, Jean Paul Sartre, Marcien Towa, Fabien Eboussi Boulaga, Hubert Mono Ndjana, Pascal Messanga Nyamdzing.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
il y a un ouvrage dont le processus de publication est presqu’achevé et qui sera disponible si tout marche bien avant la fin du mois de juillet 2014. Il s’agit de l’ouvrage dont le titre est : Gestion des Ressources Humaines de l’Etat, ventre mou de l’émergence des pays africains : le cas du Cameroun. Il y a aussi un ouvrage pour lequel la rédaction est suffisamment avancée. Il s’agit de l’ouvrage qui a pour titre : Affaires Sociales, la curiosité camerounaise.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
J’invite les lecteurs à lire cet ouvrage et surtout à faire l’effort d’appliquer les recettes qui y sont proposées. Ils contribueront ainsi à sortir les pays africains de la précarité et surtout à éviter la tendance actuelle qui veut qu’on recherche des boucs émissaires aux problèmes endogènes.