Rencontre avec...

27 juin 2011
Posté par
AA Victoria

Rencontre avec… Barbara Saly

 

Jugurtha, l'ennemi de Rome, Barbara Saly
Jugurtha, l'ennemi de Rome, Barbara Saly

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Barbara Saly, c’est à travers une fresque historique et le destin d’un homme hors du commun que votre plume s’est exprimée. Pourquoi avoir choisi le personnage de Jugurtha ?
Parce que ce roi est très important dans l’Histoire Africaine tout autant qu’Hannibal avant lui. Il avait la notion d’état comme son grand-père Massinissa. Son désir était d’unifier les territoires : de la Maurétanie à l’oasis de Siwa en Egypte, car à l’époque les Numides parlaient la même langue.Sans doute serait-il parvenu à bouter hors d’Afrique les Romains si le roi Bocchus l’avait suivi dans ses projets. Le destin de ce continent aurait sans aucune doute prit une autre forme…

 

Avec Jugurtha, l’ennemi de Rome, voulez-vous toucher un public plus large que celui des férus d’histoire romaine ?
Oui j’aimerai beaucoup toucher le public de la jeunesse, car c’est un morceau d’histoire très important dans la connaissance des civilisations anciennes. Lorsque l’on s’intéresse à l’histoire d’un peuple, on le perçoit différemment et par conséquent on le respecte davantage. L’Afrique du nord a été dirigée par des rois hellénisés, éduqués selon les préceptes des Grecs, qui détenaient le monde du savoir, des lois et des constitutions de la « polis » conjugué à un héritage provenant du monde carthaginois dont la croyance en la déesse Tanit est demeurée très vivace, principe de la déesse mère qui fera que les Numides devenus des Berbères se convertiront plus facilement au christianisme: il s’opérera un glissement de Tanit, déesse de la fécondité à l’image de la Vierge à l’enfant.
Dédier un ouvrage entier au destin d’un homme inclue de votre part une certaine admiration, quels sont les personnalités historiques ou autres qui vous procurent ce même sentiment ?
Vercingétorix a pour moi tout autant d’importance, il avait lui aussi compris que les tribus gauloises devaient s’unifier pour chasser les Romains.Il possédait cette notion d’état. De plus, les druides l’avaient initié à leur philosophie de la permanence de l’âme dans l’au-delà, de la réincarnation. Et ce côté mystique qui va jusqu’au sacrifice prouve ce côté religieux de la société gauloise qui les mènera, eux aussi au christianisme. On a retrouvé des vierges noires sous les cathédrales, qui n’étaient en fait que la déesse des sources miraculeuses : Belissama.
Pour écrire ce livre, êtes-vous allée sur les traces de Jugurtha ?
Je suis allée dans l’ouest de la Tunisie, à la limite de l’Algérie, se trouve la table de Jugurtha que je décris dans mon roman, où il cachait ses trésors et une partie de son armée. L’endroit est mystérieux et d’une beauté étrange : il est comme hors du temps…Je suis passée auparavant par Thala ( que je cite dans mon livre) et certaines villes qui se sont insurgées en décembre 2010 et qui se trouvent non loin du rocher. Etait- ce prémonitoire ? J’ai pensé par la suite que le vieux roi que j’avais invoqué sur son rocher, était revenu et avait réveillé son peuple…………
Si vous deviez vivre à l’époque de votre choix, opteriez-vous pour celle décrite dans votre livre ?
Oui j’aurais aimé vivre à Rome: l’omphalos du monde à l’époque, le centre où tout converge. L’empire, l’hydre fabuleuse dont les tentacules allaient jusqu’en Orient. La cité avec ses lois, ses constitutions, son armée redoutable qui assimilait les peuples conquis et les transformait, munis de glaives et vêtus d’armures étincelantes pour agrandir ses effectifs.Quel en était le but? Étendre toujours plus loin ses territoires, soumettre les peuples à son hégémonie, à ses croyances, à ses rêves…comme un titan soulève vers les cieux la terre. Rome, la cité des bâtisseurs, des ingénieurs, des architectes, des artistes, des penseurs, toutes ces forces conjuguées pour célébrer sa puissance, son goût de l’ordre, de la magnificence dans une débauche de bâtiments, de routes, d’aqueducs, de cirques, d’amphithéâtres où les hommes affrontaient leurs peurs et défiaient leur mort.
Pouvez-vous nous donner quelques indices sur vos prochains sujets d’inspiration ?
Je travaille en ce moment sur Vercingétorix . Hannibal ? Attila ? Sans doute Clovis car il ferme le cycle de Rome en Europe.