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17 février 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec André-Marie EGUE auteur de «Le droit spirituel traditionnel africain»

Dans quel pays habitez-vous?
Je vis à Abidjan en Côte d’Ivoire

Présentez-nous votre ouvrage ?
L’ouvrage est un essai  qui décrit  les relations spirituelles des africains avec leurs divinités et autres entités spirituelles
Quel est la nature de la convention qui lie l’individu africain  au  monde spirituel ? Quand vous effectuez un rituel africain de réalisation d’un sacrifice quels en sont les conséquences ? La convention est elle identifiable ?
Voilà le contenu de l’ouvrage. C’est une approche empirique de réponse à ces questions

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Trop de spiritualisme en Afrique, on perd souvent les approches rationalistes pour nous cantonner aux données du sacrifice comme solutions aux problèmes. Mais tous les sacrifices ont-ils le même impact sur la société et sur l’individu ? D’une manière général et il faudra le prouver par des exemples, selon Amadou KOUROUMA dans son œuvre « Le soleil des indépendances », les causes internes du retard de l’Afrique ne serait pas les crises conjoncturelles qui sont mondiales, mais l’immobilisme africain. KOUROUMA accuse la « mentalité animiste » des africains qui serait anti progressiste. Les géomanciens africains fondent leur science, à la différence des géomanciens européens et asiatiques sur la pratique du sacrifice, alors que les autres le fondent sur la notion d’effort qu’ils conseillent à leurs patients. La culture animiste développe l’esprit de passivité en nous, le succès ne vient pas de nos efforts, mais d’une force extérieure à nous. Faire des sacrifices et attendre les résultats par enchantement.

Pour Jean-Marie ADIAFFI, l’esprit scientifique ne s’est pas encore « autonomisé »c’est-à-dire détaché du système religieux qui régit encore la vie de l’Africain sur tous les plans. En Afrique, selon lui, nous serions en retard d’une révolution de la pensée. Il faut donc introduire une véritable révolution de la pensée, introduire dans nos mœurs, une véritable culture de l’effort qui s’appuie sur le travail bien fait.

Il s’agit donc  ici de bien poser la problématique à partir de l’acte spirituel contractuel.
Amadou KOUROUMA  et Jean-Marie ADIAFFI deux grands auteurs ivoiriens ont  donc noté le comportement anti-développementaliste de l’africain qui ne croit qu’en ses sacrifices et qui oublie que c’est le travail bien fait qui donne des résultats probants. Adiaffi conclu que nous sommes en retard d’une évolution de la pensée et qu’une révolution s’impose en Afrique. A nous de jouer !!

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Cet ouvrage est destiné essentiellement aux  théologiens en Afrique et à leurs étudiants, aux grands adeptes des religions traditionnelles africaines et aux chercheurs en sociologie et à leurs étudiants spécifiquement, mais en général toute la population peut y trouver un cadre de réflexion

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Quand on signe un contrat, l’on en connait les tenants et les aboutissants, le message est simple, lorsque nous faisons des sacrifices connaissons nous tous les tenants et les aboutissants ou sommes nous simplement tournés vers les aspects positifs ?

Où puisez-vous votre inspiration ?
Dans les faits de tous les jours, la réaction la plus spontanée chez les populations africaines, c’est de se rendre chez le marabout face à un défi à relever.

C’est le quotidien de nos cités et de nos campagnes qui nous inspire. Il s’agit d’observer pour voir  cette situation, mais heureusement, je pense qu’elle diminue un peu en ville avec l’apparition de temples protestants dans toutes les ruelles de la cité, les pasteurs sont devenus les nouveaux marabouts. L’inadéquation du développement et le mal être des populations transparaît toujours.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Un autre essai est en cours d’édition et qui développe lui, en profondeur la théorie du « Socialisme démocratique naturel » que j’ai écrit pour parvenir à un développement autocentré, adéquation entre la culture et le développement.
Voyez vous, tant que c’est possible et que le temps me le permet, je  consigne mon inspiration et mes idées en vue de les partager

 Un dernier mot pour les lecteurs ?
Faut-il réfléchir avant d’agir ou agir avant de réfléchir ? La réponse peut paraître simple, mais elle n’est pas évidente si l’on fait une analyse des faits. Réfléchissons-nous suffisamment avant de poser des actes spirituels traditionnels ? Cernons-nous tous les tenants et aboutissants ? On se rend compte que les ascendants laissent des paquets d’obstacles spirituels à leurs descendants inconsciemment ou non, qui se retrouvent dans des situations incongrues parce que les ascendants n’ont pas envisagés tous les aspects de leurs actes spirituels.

Le bénéfice de l’inventaire qui est  reconnu aux successibles du droit civil, n’est pas reconnu aux successibles du droit spirituel traditionnel africain, il y a là un problème. Il faut donc régler cette situation et c’est  en ayant une bonne lecture des actes que l’on pose en spiritualité traditionnelle.

Notre ouvrage vous y aide