Interview écrite

Rencontre avec Amaelle Loubière, auteur de «Le journal à l’envers»
22 septembre 2015
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Amaelle Loubière, auteur de «Le journal à l’envers»

Amaelle_Loubière_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage ?
Le Journal à l’envers est le portrait d’une adolescente révoltée, dressé à travers son journal intime. Au début de l’histoire, elle est installée sur une falaise, au crépuscule, et se demande si elle doit sauter dans le vide ou non. Elle est très en colère et très triste aussi, mais avant de faire son choix, elle décide de relire son journal. De l’instant présent jusqu’à ses premiers écrits, deux ans plus tôt. Peu à peu, au gré de ses propres mots, la jeune fille découvre son cheminement, sa difficile situation familiale et un événement terrible de son enfance qui a exacerbé son mal-être. Mais aussi ses passions, son enthousiasme à grandir et à forger sa vie. En somme, elle essaie d’équilibrer la balance et de faire le grand choix de son existence : trouver des solutions et vivre ou renoncer, tenir à tout jamais la douleur loin d’elle mais perdre son avenir.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Je voulais faire naître une jeune fille avec qui la vie n’avait pas été tendre et montrer combien les petites choses simples et heureuses de l’existence l’avaient conduite à affronter les obstacles. Mon héroïne est aussi une jeune fille qui aime écrire, lire et apprendre ; ce rôle de la culture me parait primordial dans une vie déchirée. Je crois au pouvoir de la connaissance. Je pense que la jeunesse a cette capacité à s’en emparer. Je voulais cette adolescente rêveuse, franche, pleine de ressources et combative. Elle se débat dans un monde où on lui demande tour à tour, de grandir et d’acquérir des valeurs d’adultes tout en la maintenant dans l’état de dépendance affective propre à l’enfance et de rester la petite fille sage et polie qui correspond aux attentes de ses parents. Et elle est trop entière pour pouvoir accepter cette conception ambivalente de sa vie. Elle est à l’heure de prendre des décisions. Du moins, elle essaie. La deuxième raison pour laquelle ce livre est né, est que je tenais à écrire sur un sujet délicat et peu abordé en littérature pour les adolescents : la pédophilie. Et évidemment, je voulais traiter de toutes les conséquences que peut avoir un drame aussi inconcevable au sein d’une famille mal armée contre le tsunami que cela constitue. J’ai lu beaucoup de documentation et ai passé pas mal de temps à me mettre dans la peau d’une gamine à qui cela serait arrivé. Et qui devrait grandir avec cette souffrance. Enfin, je voulais montrer aussi à quel point l’entourage est important quand on est confronté à une chose aussi horrible dans sa vie. Et malheureusement, les parents de mon héroïne ne sont pas exemplaires. Ils ont eu aussi des casseroles dont le poids étouffe l’adolescente. Je voulais parler de cette violence ordinaire que sont des parents qui ne remplissent pas leur rôle de donneurs d’amour et d’accompagnateurs pour leurs enfants.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Je destine cet ouvrage à tous les adolescents à partir de 15 ans, les jeunes adultes mais aussi à leurs parents ou tout adulte n’ayant pas « peur » de lire de la littérature pour « Young adult ». Les plus jeunes pourront s’y identifier dans la découverte de l’amour, dans les mises en danger inhérents à cet âge et à une certaine dérision, voire un humour tendre. Les adultes pourront y re-découvrir ces mêmes évènements, quelques passages de cet « état » adolescent qui, pour beaucoup, est universel.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Que quoiqu’il arrive dans la vie, il faut se battre pour ce qu’on aime et pour ce qu’on croit. Et qu’il faut considérer les choses qui nous arrivent comme étant partie de nous-même. Les bonnes et les mauvaises. En somme, il faut se fixer un but et arpenter le chemin en sachant au fond de soi que ce n’est pas le but qui est important mais la route qu’il nous fait faire.

Où puisez-vous votre inspiration ?
L’écriture a toujours été une nécessité pour moi. Aussi, j’ai des tiroirs et des cartons bourrés de notes, de poésies et d’observations. C’est en relisant ces écrits passés, que l’idée du Journal m’est apparue voici 5 ans. Puis les sujets que j’y aborde. Ensuite, j’ai dû réfléchir à une forme particulière car je voulais un roman à la forme originale. Enfin, il a fallu sérieusement me pencher sur l’écriture en elle-même : retrouver les arcanes d’une plume juvénile n’a pas été de tout repos. Mais en posant un regard bienveillant sur les adolescentes de mon entourage, je me suis rendue compte qu’il y avait beaucoup à dire sur cet âge et sa condition. J’ai tenté d’écrire quelque chose que j’aurais aimé lire à cette époque-là.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
En ce moment sur mon bureau traînent plusieurs projets : des nouvelles qui demandent à être retravaillées pour l’essentiel et aussi quelques brouillons d’un roman de fantasy. Mais rien n’est décidé : je me laisse porter là où ma plume m’emporte.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Chers lectrices et lecteurs, j’espère que ces quelques mots vous donneront envie de lire « Le Journal à l’envers » et surtout de le partager. Je vous remercie par avance pour le temps que vous prendrez à découvrir mon héroïne et son parcours de vie. Une fois écrit, un ouvrage vit par la rencontre avec ses lecteurs. Aussi, c’est avec beaucoup de joie et d’humilité que je vous le confie.