Interview écrite

27 septembre 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Abdillah Abdallah, auteur de  » La Vindicte populaire « 

Abdillah_Abdallah_EdilivrePouvez-vous introduire, en quelques mots, votre ouvrage ?
Il s’agit d’une nouvelle qui aborde un thème séculaire : le conflit de génération. Cette œuvre nous retrace la vie de Mkolo, un jeune Comorien qui a eu la chance d’aller aux pays arabes pour poursuivre des études de théologie. A son retour, il se trouve confronté à la population de son village, une population très attachée à sa tradition et qui ne fait pas, selon lui, la différence entre la religion et la tradition. C’est une guerre sans merci qui s’est déclenchée entre Mkolo, qui est de la nouvelle génération, et les anciens prédicateurs.

Pourquoi avoir choisi ce titre ?
La Vindicte populaire, c’est le troisième titre que j’avais choisi pour mon œuvre. Je n’ai pas de parti pris comme certain le font croire. Je ne suis ni pour les jeunes fundis qui prétendent suivre à la lettre le Coran et les hadiths du prophète Muhammad (que la bénédiction et le salut d’Allah lui soit accordés), ni pour les traditionalistes qui ne voient aucun inconvénient quant à leur attachement à la tradition. Ce titre pour moi conjecture le verdict et le châtiment que le peuple comorien surpris du conflit des prédicateurs, pourra faire subir à celui qui ne sera pas compris.

Votre livre s’inspire-t-il de faits réels de votre vie ?
La Vindicte populaire n’est pas une véritable autobiographie mais, pour l’écrire, je ne me suis éloigné de la réalité en rien. Je n’ai fait que raconter ce que les Comoriens vivent chaque jour dans leurs villes et villages respectifs.

A quel type de lecteur est adressé votre ouvrage ?
Mon œuvre s’adresse à tous les religieux en général, et surtout aux guides religieux comoriens. Je tiens à leur rappeler qu’il n’est pire guerre qu’une guerre religieuse.

Y a-t-il eu un événement particulier qui vous a donné l’envie d’écrire ?
Certainement, j’étais choqué d’une discussion entre un jeune prédicateur et un prédicateur de la vieille école à propos d’un sujet banal. Cette petite algarade m’a poussé à prendre la feuille pour tirer la sonnette d’alarme, pour prévenir l’opinion en espérant que ces quelques lignes peuvent contribuer à éviter un déclenchement d’une guerre de foi qui me semble imminente. Je crois même que le compte à rebours est déjà lancé. Il est grand temps de se ressaisir pour voir ce qu’on peut faire pour limiter les dégâts au cas où…

Êtes-vous également attiré par d’autres genres littéraires ?
Bien sûr que oui. J’ai commencé à écrire depuis le lycée, des poèmes et des nouvelles, mais je n’ai jamais donné une grande importance à ce que j’écris. Pour dire que La Vindicte populaire n’est pas mon unique œuvre, je suis sur le point de sortir un recueil de poèmes intitulé La Chanson dans les coulisses. C’est mon ami, Missier Attou, l’auteur de Ylang-ylang en fumé qui m’a poussé à publier en me rappelant la parole d’un grand qui a dit que : « Tout le monde ne peut pas être écrivain, mais un grand écrivain peut naître de chacun de vous… »

Quels sont vos projets d’écriture ?
Je ne pense pas m’arrêter là. Je continuerai à écrire puisque c’est ma passion et la seule voie que je juge pouvoir me permettre à donner un sens à mon existence. C’est-à-dire, pour moi, écrire restera la seule voie qui me permettra d’affirmer ma comorienneté. Moi, je ne pense pas faire carrière d’écrivain, le métier d’écrivain demande un grand talent et beaucoup de travail.

Un dernier mot pour vos lecteurs ?
Je leur dirai tout simplement que nul n’est assez intelligent pour ne pas avoir besoin de la lecture des œuvres littéraires. Il faut lire La Vindicte populaire et non seulement une seule fois, mais plusieurs fois, sûrement elle « vous réveillera d’un coup de poing sur le crâne » comme le disait Franz Kafka.