La presse en parle

19 décembre 2011
Posté par
AA Victoria

Rencontre avec… Fabienne Anglaret

 

Fabienne Anglaret, vous êtes l’auteur d’un superbe livre d’aventure Louis, l’enfant de la lande paru chez Edilivre. Pouvez-vous donner quelques pistes à nos lecteurs afin de les plonger dans votre histoire ? Louis, l’enfant de la lande aurait pu s’intituler Louis le conquérant ou Louis le croquant, mais il y avait déjà Pelle le conquérant et Jacquou le croquant. C’est à ces grands romans de formation que je dois mes premières émotions de lectrices. C’est un genre « qui réunit en de multiples rebondissements, les orphelins de Dickens, ceux d’Hector Malo ou encore le bâtard de Luigi Natoli, qui nécessite du souffle et une solide architecture » a noté le journaliste de Ouest-France après la lecture de mon roman. Louis a en effet 5 ans début du récit et 17 à la fin. Orphelin et sans ressources, il forge son avenir grâce à sa force de caractère, son intelligence mais aussi en s’appuyant sur le réseau d’amitiés et de solidarités qu’il se construit lui-même. Ainsi, l’enfant de la lande met en scène le courage, l’importance des rencontres humaines, le goût de la liberté, la révolte contre l’obscurantisme et les injustices qui constitueront le terreau des convictions républicaines de mon héros. Je voudrais enfin dire un mot du fonds historique de ce roman : le XIXe siècle est un siècle de mutations politiques, économiques et sociales extraordinaires. L’absence de protection sociale rend possible un destin tel que celui de mon héros qui se prend en charge seul en même temps que l’évolution de la société autorise, comme pour Julien Sorel dans le Rouge et le Noir une relative promotion sociale par le mérite. Né en 1815, Louis vit le retour à une société quasi féodale et en même temps la résurgence des idéaux révolutionnaires à travers les soubresauts de 1830, 32,34 et 48. Devenu médecin, il va connaître les dernières épidémies de choléra et les progrès de l’asepsie.

 

 

La lande est au cœur de votre intrigue. Pourquoi avoir choisi ce décor ? La lande est en effet un lieu fondateur et un lieu de ressourcement pour Louis. Il y découvre l’amitié et la solidarité et y trouve refuge aux heures sombres. Son ouverture sur le large , ses lumières changeantes, ses vents, son caractère vierge, sont la vie même, toujours mouvante, imprévisible, chargé de promesses. Cette lande de bord de mer est semblable à celle qui fut le décor de mon adolescence à Boulogne-sur-Mer. J’aimais m’y retrouver seule mais aussi y retrouver mes amies. Je n’aurais pas voulu situer mon roman dans un cadre trop étroitement personnel, mais lorsque j’ai découvert les abords de la pointe des Minimes à la Rochelle, j’ai trouvé des résonances telles que ce lieu m’a immédiatement inspiré.

Comment vous est venue l’idée d’écrire Louis, l’enfant de la lande ? C’était un été et je rêvassais en laissant courir en moi des images un peu décousues au début. Et puis, elles se sont précisées, structurées au point de s’imposer à moi comme un film dont je serais spectatrice. Louis est apparu, rieur, perché sur une branche face à l’horizon. La suite est venue d’elle-même avec l’urgence de noter tout cela, d’en témoigner. Je me suis levé pour écrire à 15:00 et j’ai écrit jusqu’au lendemain matin. Bien sûr, ce premier jet a été repris, retravaillé, développé ou élagué.

Avez-vous des habitudes particulières avant ou pendant que vous écrivez ? Pour écrire il me faut reconstituer ces conditions premières qui ont permis l’émergence du premier jet, être  au calme, avoir tout mon temps. J’aime particulièrement écrire la nuit car alors le monde s’est arrêté autour de moi. Je peux m’en abstraire, disparaître dans mon histoire. J’écris toujours au stylo, car la fluidité de l’écriture manuscrite se plie mieux au rythme de ma pensée. L’écran reste pour moi un écran au sens figuré du terme qui m’empêche d’être tout à ce qui se passe dans ma tête. Et puis sous une rature, on garde trace d’une première version à laquelle on revient parfois, du cheminement du texte.

Quels sont les livres d’aventures qui vous ont le plus transporté ? J’ai parlé déjà des romans qui ont nourri mes premières émotions littéraires. Peu après, j’ai découvert aussi Jack London, Hemingway, Mérimée, Defoe. Plus tard, j’ai exploré les mondes de Tolkien. Je lis encore volontiers des récits d’explorateurs et de voyageurs des siècles derniers.

Etes-vous également attirée par d’autres genres littéraires ? Je suis très éclectique. Adolescente, j’étais assez classique : Voltaire, Hugo, George Sand, Camus, Baudelaire. Puis sont venus la science-fiction et la Fantasy ainsi que la bande dessinée, principalement les séries historiques dont je suis grande amatrice. Passionnée d’histoire, je lis aussi beaucoup d’essais historiques et de romans historiques.

Aurons-nous bientôt le plaisir de vous lire à nouveau ? « Louis l’enfant de la lande » est un tome un. Il peut constituer un récit en soi mais c’est aussi le point d’ancrage d’une saga qui verra Louis, devenu un homme, s’insérer dans la société de son époque, y oeuvrer comme médecin (tome deux), partir au bout du monde (tome trois). Le dernier tome mettra davantage en scène son fils, journaliste à Paris, qui y vivra les événements de 1848. Chacun de ces volumes peut se lire séparément  comme dans les séries  où on retrouve les mêmes personnages dans diverses aventures.