Interview écrite

Rencontre avec ABDELALI LAHLOU, auteur de « L’Identité aigre-douce »
29 mars 2018
Posté par
Éditions Edilivre

Rencontre avec ABDELALI LAHLOU, auteur de « L’Identité aigre-douce »

Présentez-nous votre ouvrage

L’Identité aigre-douce est un recueil de 14 nouvelles dont le thème dominant est l’IDENTITE. Abdelali Lahlou y met en scène des situations paradoxales dans lesquelles personnages et lecteurs sont contraints de se remettre en question, l’auteur ayant déjà éclairé leurs propres identités, toutes constituées d’incontournables binômes. Aigre-douce, par exemple, sera-t-elle dans la première nouvelle du recueil, où Ali avait certes Fatima, mais pas encore l’argent nécessaire pour célébrer leur mariage tant attendu. Aigre-douce sera-t-elle également dans « Hachoumi, le timide » où ce personnage, écrasé sous le poids de l’omniprésent paradoxe existentiel, finit par haïr sa timidité, et partant son identité. Mais, surtout dans « Là-bas » où le lecteur serait tenté de se demander : « Si la peine que H.L. a endurée là-bas, et le déchirement identitaire qu’il a dû y subir sont le prix à payer pour l’uniformité, cette uniformité qui a été engendrée par la mondialisation qui, elle-même, vient de…là-bas, n’aurait-il pas mieux valu renoncer à l’une et à l’autre ?… » Encore que.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

J’ai écrit « L’identité aigre-douce » car j’avais constaté, non sans regret, que l’identité était souvent mal exploitée. En effet, verticalement dans le vecteur temps, n’est-elle pas la Sainte-nitouche sacralisée, à ne pas critiquer négativement, ni même positivement ? Horizontalement, n’est-elle pas diabolisée, accusée de meurtres, de haine, voire de schizophrénie ? Il ne m’a pas été facile de l’examiner, d’inspecter certains de ses porteurs ; j’ai même osé enquêter sur ce thème tabou, comme sur le sexe et Dieu. N’en déplaise aux sceptiques, et contrairement aux oracles de mauvais alois, je tenais mordicus à écrire ce livre. Et, autant qu’il est permis à l’homme de vouloir, je voulais persuader mes chers lecteurs –autant que mes personnages du recueil– de la nécessité de garder un lien spirituel, une fois le corps disparu, entre passé, présent et futur, le long de cet infini présent éternel que force m’était de créer à l’intention des légataires, bientôt testateurs, soucieux de l’identité.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?

Mon œuvre peut être lue à tous les âges de la vie. Mais elle s’adresse notamment… aux schizophrènes de l’ « entre les deux ». Je m’explique. J’aurais préféré ne pas avoir à remuer le fond de la coupe de la vie de peur d’atteindre la lie amère qui y repose. Déjà, aux yeux de plus d’un, l’identité semble un faux problème dont les racines seraient inextricables. Déjà, tandis que plus d’un examinateur d’identité a longtemps cru en un mélange harmonieux de tradition et de modernité, voilà que certains autres vont jusqu’à se plaindre que, restés coincés entre ces deux époques, ils aient fini par devenir… schizophrènes.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?

J’ai constaté que, après examen identitaire, les points de vue ne convergent peut-être pas toujours, de moins pas franchement, mais ni ne divergent-ils inutilement, dangereusement. Même en cas de désaccord, si elle est bien fondée, cette divergence ne serait être que profonde. Alors le message ? Au lieu que cette divergence nous encourage à rester les passifs moutons suivistes de Panurge, ou à être fiers de stagner, elle sonne l’alarme du réveil pour nous aider à être nous-mêmes, libres même différents l’un de l’autre, les uns des autres. Cette heureuse divergence égalera alors le don, l’existence, la subsistance, le lien spirituel porté par le présent éternel. Osons examiner notre identité !

Où puisez-vous votre inspiration ?

Je puise mon inspiration d’un dessin, un schéma plus précisément. C’est le schéma d’une fleur composée qui symbolise notre identité. Je l’ai d’abord dessinée, puis m’en suis inspiré. C’est ainsi que les polioles deviennent appartenances identitaires, et que le pétiole commun auquel sont reliées ces polioles devient la personne concernée à laquelle viennent se greffer les appartenances, alimentant ainsi l’identité qu’elles finissent par caractériser et, par là-même, définir.
Après une certaine étude, l’imagination faisant le reste, le tout s’est finalement converti en idées, puis en phrases. L’essentiel est qu’on soit parvenu à répondre à la question de savoir comment deux identités peuvent être à la fois semblables et différentes.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

Je pense à d’autres nouvelles. Beaucoup de lecteurs en sont avides. Mais, voulant élargir mon éventail de genres littéraires choisis, je pense surtout à l’essai. Oui, l’essai, mais sous une autre forme que le ressassé. Ce sera une étude scientifique peut-être, mais agréable à lire, surtout riche et enrichissante.

Un dernier mot pour les lecteurs ?

Lisez ! J’ai toujours encouragé à lire ! Parce qu’elle permet de devenir soi, la lecture est essentielle…Non, je ne vous demanderai pas d’éviter de lire n’importe quoi, encore moins de privilégier Abdelali Lahlou ! Mais j’oserais vous conseiller : « Attention à l’anorexie ! ». Bonnes lectures !