La presse en parle

7 juin 2012
Posté par
Marie

Reine Mbea dans Cameroonvoice.com

 

Les aventures de Sissi. Chroniques d’une serial loveuse

La gorge nouée, le cœur serré, on prend congé d’une confidente attachante, quand on retourne la dernière page, du  premier roman de Reine Mbea.

Une confidente. Tantôt  exubérante, tantôt anxieuse, tantôt sincère tantôt vicieuse, Sissi l’héroïne  parle comme on joue au balafon. Dans un souffle, elle vous parle de sa naissance, de  sa vie, de ses rêves,  ses  idylles  ou de ses coups, même les plus tordus.

La particularité de ce roman pour le moins vivant, ce n’est pas dans les thèmes qu’il faut la rechercher . L’amitié, l’amour la pauvreté, le mariage, le maraboutage  et bien d’autres encore, sont fréquemment abordés par plusieurs auteurs africains.

La singularité, ce qui en fait une œuvre originale, se greffe d’abord dans une écriture plaisante et fluide, puis et surtout, dans la couleur des mots et le débit vertigineux de la principale protagoniste.

Les mots ici ont une résonnance particulière, fortement imbibés du bourgeonnement  linguistique du continent noir, où les concepts se superposent aux images et où les néologismes défient allègrement   les standards consacrés.

Cette volonté de l’auteur  de s’approprier la langue, transparait dans l’utilisation d’une large gamme d’expressions et de mimiques typiquement africaines, dans un souci visiblement, de vivre son temps et d’affirmer une identité camerounaise et africaine, dans un espace global.

La boulimie des mots, la cadence frénétique de l’élocution chez Sissi, éloigne le lecteur le plus exigeant de « l’ennuinite aigüe  »  des romans linéaires et plats.

On pourrait à ce niveau s’interroger sur  la portée et l’impact de cet ouvrage, dans un contexte africain et mondial en pleine mutation. « Les aventures de Sissi Chroniques d’une serial loveuse », relaie à la fois le quotidien des « petites gens »  et leurs aspirations à une vie moins rugueuse.

Dans ce sens, Sissi peut aussi être n’importe quelle femme du monde face à son destin,  face à l’impérieux devoir de se réaliser.

Elle  pourrait aussi être n’importe quel africain en situation, résilient pour les besoins de la cause et  poussé à la lisière du moralement incorrect, par la nécessité d’apporter des solutions concrètes, aux exigences de la survie. Ce qui compte ici, c’est le pourquoi de certain travers et non le comment.

Pourquoi une  jeune peut-elle se retrouver derrière un comptoir   de tomates dans un marché, plutôt que sur les bancs d’une école ou d’une faculté ? Pourquoi le célibat d’une fille est-il perçu ou vécu comme un échec social en Afrique ?  Ces questions parmi d’autres autant lancinantes que pertinentes, posent des problèmes de fond auxquels font face nos sociétés aujourd’hui.

La multiplicité des réponses à apporter, la complexité des relations entre les différents acteurs sociaux, rendent ce roman intéressant pour tous.

Les hommes  gagneraient spécialement à le lire, pour mieux décrypter le processus de prise de décision ou les stratégies de séduction d’une femme courtisée.

Ne vous y méprenez pas, les liens de parenté entre Reine  Mbea la jeune  auteur et Sissi,  n’existent pas, même si  on peut suspecter à quelques endroits du récit, quelques airs d’autobiographie, sur le lieu de naissance par exemple ou sur ce relent  quasi chauvin qu’ont la plupart des camerounais, d’être reconnus et identifiés comme des « camers ».

Les aventures de Sissi ; Chronique d’une serial loveuse
Reine Mbea
Edition Edilivre Aparis
280 pages