Autour du livre

20 décembre 2012
Posté par
Flora

Que peut-on retenir du premier bilan de la mission Lescure ?

Le jeudi 6 décembre 2012, un premier bilan de la mission Lescure fut présenté. Son objectif principal était de mieux cerner les enjeux du numérique. Mais cette réflexion permettra-t-elle d’aboutir à des résultats concrets ? 

Une mission gouvernementale qui ne fait pas l’unanimité
En août dernier, Pierre Lescure, ancien PDG de Canal +, fut chargé par le ministère de la Culture et de la Communication de mener une étude, la mission Lescure. Les objectifs de cette réflexion étaient de mesurer l’utilité de la loi Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet) ainsi que de cerner les pratiques numériques de la population française. La nomination de cet ancien patron de chaîne fut l’objet d’un vif débat. Selon certains, la proximité de l’homme avec le milieu du cinéma et de l’audiovisuel pourrait porter préjudice à ce rapport. Le jeudi 6 décembre dernier, Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, et Pierre Lescure effectuèrent un premier compte-rendu de cette observation.

Au cours de cette enquête, 3 grands chantiers furent sondés : le développement de l’offre culturelle légale, la rémunération des créateurs et enfin, la protection des droits d’auteur. Ce projet fut un véritable challenge pour la jeune ministre, elle déclara « le numérique est un espace de conquête pour la culture. Les industries créatives sont des éléments essentiels de la compétitivité française ». Afin de conduire à bien cette étude, 60 auditions furent réalisées auprès des internautes et des professionnels du secteur culturel. Deux organisations de défense des droits et des libertés des internautes, à savoir UFC-Que choisir et la Quadrature du Net, refusèrent d’y participer. Selon eux, ce chantier se focalisa uniquement sur « la survie d’un modèle d’industrie de distribution culturelle dont les auteurs, artistes et techniciens sont le dernier soucis ». Pour Pierre Lescure, malgré certaines difficultés, cette prise de contact fut un véritable succès.

Le livre numérique au cœur de cette réflexion
Un bilan sur la situation des industries culturelles et sur les usages des consommateurs dans ce domaine fut établi. Concernant le secteur de l’édition, les résultats s’avèrent globalement négatifs. En effet, la numérisation des livres tarde à se généraliser à l’ensemble des ouvrages du marché. Seulement 90 000 titres sont accessibles aujourd’hui au format numérique contre 620 000 au format papier. Toutefois, cette insuffisance est à nuancer car lors de la rentrée littéraire 2012, plus de 70 % des ouvrages furent disponibles au format numérique. De plus, un oligopole s’impose sur le marché de la vente des e-books. 50 % des parts sont détenus par deux sociétés américaines : Amazon et Apple. La vente de ces formats représente donc globalement une partie infime du revenu des éditeurs.

Cette situation dévoile une position de faiblesse des acteurs du secteur et elle peut s’expliquer par leur attitude trop frileuse et leur manque de réactivité. Selon Pierre Lescure, ces protagonistes « semblent attendre que l’équipement des foyers en liseuses croisse et que les pratiques de lecture numérique se développent ». Toutefois, cette étude salue le dynamisme du marché de l’auto-édition qui bouscule les habitudes des éditeurs traditionnels. Le secteur du livre fut particulièrement bouleversé par la révolution numérique. La mission Lescure tentera donc d’énoncer des solutions pour que les acteurs de ce marché s’adaptent positivement face à ces nouveaux mécanismes. Dans cette optique, à partir de janvier 2013, des propositions devraient voir le jour. Ces mesures seront-elles à la hauteur des attentes ? Et vous, que pensez-vous de cette mission gouvernementale ?

Article écrit avec la participation de Camille