Tous les 2e mercredi du mois

Passé ou présent ? Quel temps employer ?

Il est souvent compliqué de composer avec le temps pour relater une histoire… Alors, essayons de répondre à ce genre de questionnement.
Tout d’abord, il faut se demander si l’on veut faire une narration telle que vécue à l’instant présent ou si l’on veut relater une action passée.
Le présent donne au lecteur, transporté par le rythme de l’action, l’impression de vivre les mêmes émotions que le personnage, le suspense y est renforcé. Mais le récit peut vite être figé dans un contexte de l’instant présent sans pouvoir prendre du recul, faire une pause, voyager dans le temps.
Le passé, quant à lui, permet de dissocier les différents plans d’action à l’aide des différents temps que la langue française met à la disposition de l’auteur (passé simple, imparfait, passé composé, plus-que-parfait, conditionnel…), ce qui donne du relief, du dynamisme au récit.
Mais une chose est essentielle : la CONCORDANCE des temps qui contribue, à n’en pas douter, à une cohérence du texte. Il est donc important de prêter une attention particulière au choix originellement pris et conjuguer les verbes de façon concordante.
De ce fait, étayons un peu ces temps :

Choisir le temps
 
Temps présent
Temps présent :

Alors que la scène se passe au moment de la narration, on parlera du présent d’énonciation :
– Il est 8 heures, je me lève après que je me suis étiré et me rends dans la salle de bains.
* Ne jamais utiliser le subjonctif à la suite d’après, ce qui serait fautif, l’action étant déjà établie, devenant donc un fait et non une supposition.

Un fait coutumier s’exprimera avec le présent d’habitude ou de répétition, par exemple :
– Tous les jours de la semaine, je me lève à 8 heures.
Toutefois, il est aussi possible de faire usage de ce temps pour relater un fait que l’on veut mettre en valeur, c’est le présent de narration ou historique :
– Je marchais dans la rue, dans ma rêverie, et là, badaboum ! je percute le poteau !
– Le 22 mars 1312, le pape dissout l’ordre du Temple. Les templiers seront alors arrêtés puis jugés.

* Pourquoi avoir utilisé le futur simple dans ce dernier exemple ? Tout simplement parce que les arrestations n’ont pas encore lieu lors du fait relaté…
Enfin, il y a le présent de vérité générale qui, lui, exprime un fait avéré :
– L’homme était assoiffé, perdu au fin fond du Sahara, ce désert où la pluie ne tombe presque jamais.
Il peut aussi exprimer une action passée ou future très proche :
– J’arrive dans cinq minutes.
– Tu as de la chance, je finis à l’instant mon rapport.

Bien que la narration soit écrite au présent, on emploiera l’imparfait pour relater un fait passé :
– Il se revoit sur cette terrasse, il l’avait vue venir vers lui alors qu’il prenait un café.

Temps passé :

Si le choix est porté sur une narration d’événements passés, il faudra alors utiliser l’imparfait, le passé simple ou le passé composé.
À savoir tout de même qu’il est fait plus souvent usage de ce dernier dans la langue parlée, contrairement au passé simple que l’on retrouvera uniquement dans le langage écrit.

Le passé simple

Il est utile pour décrire une action achevée ou accomplie (on parle d’ailleurs de passé défini) et permet de donner du relief au récit.
Ce peut être une action unique :
– Le 15 avril 1912, le Titanic sombra.
Il peut aussi s’agir d’une succession d’actions :
– Il prit son manteau, ouvrit la porte et s’engagea dans la rue sombre.
Ou d’une action dans une situation donnée :
– Le téléphone sonna alors que j’ouvrais la porte.

L’imparfait

C’est pour ainsi dire l’arrière-plan du récit…
Il peut avoir un rôle descriptif :
– Le temps était beau, des badauds flânaient le long du fleuve sur lequel des cygnes sinuaient.
Il est aussi utilisé pour donner un aspect de simultanéité :
– Alors qu’il paressait dans le hamac, sa femme lisait sur le transat.
Ou alors, il permet de noter une habitude :
– Tous les samedis matin, il allait au marché.
Et pour finir, il donne un aspect inachevé à une action :
– Il faisait son jardin lorsqu’il se mit à pleuvoir (il n’est pas certain qu’il a arrêté de jardiner malgré la pluie…).

Le passé
Le plus-que-parfait

Il indique un fait antérieur à un autre fait passé.
– Le gâteau qu’il avait apporté fit l’unanimité.
Il est impératif d’en faire usage après le conditionnel passé :
– Il aurait réussi son examen s’il avait révisé ses cours.

Le passé antérieur

Il marque une action accomplie antérieure à celle exprimée au passé simple. Il suit toujours une conjonction (lorsque, dès que, aussitôt que, après que…) :
– Quand il eut fini d’écrire, il reposa son stylo sur le bureau.
– Après qu’il fut sorti de la pièce, l’homme se mit à hurler de détresse.

Le conditionnel

Il permet d’exprimer le futur dans le passé.
– Il était sûr qu’il serait reçu à cet examen, il l’avait préparé de longue date.
* Au présent, cela donnerait :
– Il est sûr qu’il sera reçu à cet examen, il l’a préparé de longue date.

Pour conclure

Il est vraiment important de faire un choix ferme et définitif afin d’avoir un texte clair où la confusion des temps n’a pas sa place. La compréhension du lecteur n’en sera que plus assurée. Que vous choisissiez le présent ou le passé, gardez votre ligne de conduite jusqu’au point final.